« Les pharmaciens peuvent continuer à s’automatiser sans inquiétude »
Sauf retard, la sérialisation doit entrer en vigueur le 9 février 2019. Cette perspective rend-elle l’automatisation du back office encore plus opportune ? Va-t-elle modifier les organisations et habitudes de chargement des machines ? Réponses d’Olivier Résano, de Mekapharm, société qui fabrique robots et automates.
Quel est l’objectif recherché au travers de la sérialisation ?
Olivier Résano.L’objectif de la sérialisation est de lutter contre la contrefaçon, la fraude et les marchés parallèles en obligeant les fabricants à apposer un numéro de série unique par boîte sortant de leurs lignes de production. Ces numéros de série devront être désactivés lors de la délivrance, et toute anomalie (numéro inexistant ou déjà désactivé) déclenchera une alerte.
Pour les pharmaciens équipés d’un automate ou d’un robot, la sérialisation va-t-elle modifier le processus de réception des commandes ?
O.R.Non, en aucune manière puisque le logiciel des machines pourrait enregistrer les numéros de série des boîtes reçues de deux manières : d’abord en scannant chaque boîte pour les systèmes qui autorisent ou exigent déjà ce scan (certaines conceptions de robot, les chargeurs automatiques ou certains utilisateurs d’automates). C’est également possible via le logiciel de gestion officinale (LGO), par validation informatique du fichier des numéros de série des produits livrés communiqué par les fournisseurs.
A ce propos, un document du site France MVS précise justement qu’il n’est pas obligatoire de scanner physiquement les boîtes réceptionnées.
En ce qui concerne les systèmes où le scan de chaque boîte n’est pas obligatoire au chargement, il y a une troisième option possible, à savoir de ne scanner chaque boîte qu’au moment de la délivrance.
Un automate ou un robot peut-il fluidifier la désactivation de l’identifiant unique ?
O.R.Oui, dans le cas où les numéros de série sont enregistrés lors de la réception. Pour chaque boîte délivrée aux comptoirs, le logiciel de la machine communiquera au LGO un numéro de série unique validé lors de la réception. Le LGO se connectera alors au système France MVS et/ou EMVS pour désactiver ce numéro de série sans avoir à scanner la boîte.
En cas de scan de chaque boîte au moment de la délivrance, le temps de travail supplémentaire ne sera pas un frein car il serait effectué en même temps que la vérification de l’intégrité physique également exigée par la directive, et aussi parce qu’il y a déjà un nombre conséquent de boîtes scannées car non automatisées pour diverses raisons : vitesse de délivrance, fortes rotations, limite de la capacité de la machine, etc.
Par rapport à la sérialisation, est-il préférable de s’équiper d’un robot plutôt que d’un automate ?
O.R.Il n’y a aucune différence entre les automates et les robots. Rappelons tout d’abord qu’aucune des deux technologies ne scanne physiquement les boîtes au moment de la délivrance.
Soit les opérateurs scannent chaque boîte physiquement à la réception ou à la délivrance, soit ils valident les numéros de série informatiquement.
Dans le second cas, le numéro de série communiqué au LGO pour qu’il le désactive lors de la délivrance pourrait correspondre à une autre boîte stockée pour la même référence. Mais lorsque la dernière boîte de cette référence pour une livraison donnée aura été délivrée, tous les numéros de série auront été contrôlés et désactivés, permettant bien de valider l’unicité ou la non-conformité.
Il est par ailleurs important de noter qu’à l’heure actuelle, des discussions sont en cours et des modifications pourraient être apportées à la directive car tous les cas n’auraient pas été prévus. Par exemple, sera-t-il possible de réactiver un numéro de série s’il a été désactivé avant que le patient déclare ne pas vouloir cette boîte ? Dans tous les cas, il y aura toujours autant sinon plus d’intérêt à automatiser ou robotiser son officine.
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