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© Getty Images - Un sachet de médicament au moment où la poudre est versée dans le verre d'eau
Aspégic et Kardegic : le laboratoire Sanofi sur le point de s’en défaire
« C’est la suite d’Opella », estime Fabien Mallet, syndicaliste CGT chez Sanofi France, en référence à l’entité de médicaments sans ordonnance dont Sanofi avait cédé 50 % au fonds CD&R en 2024. L’usine d’Amilly, qui produit pour Opella, était déjà menacée par l’absence d’investissements depuis un an. « On demandait à Sanofi de ramener de nouvelles productions, pas de vendre le site », regrette-t-il.
Sanofi justifie cette cession par sa stratégie de recentrage sur les médicaments innovants et les vaccins. La commercialisation des marques Aspégic, Kardegic et Cardirene devrait être reprise par Substipharm, tandis que l’usine serait cédée à Astrea Pharma, sous-traitant européen qui a racheté deux usines françaises fin 2024.
Une vente sans impact sur l’emploi ?
Sanofi assure que cette transition n’aura « aucun impact sur l’emploi » et prévoit même de « nouvelles activités et volumes » pour le site. Un optimisme que ne partage pas Fabien Mallet : « Nous n’avons ni garanties d’investissement, ni visibilité sur les volumes de production ». Depuis le 5 mars, des débrayages et un piquet de grève mobilisent les 276 salariés d’Amilly.
La cession de l’activité de distribution du site au groupe DHL l’an dernier avait déjà suscité des craintes parmi les employés. La vente de l’usine elle-même n’a cependant pas provoqué la même vague d’indignation que la cession de Doliprane.
Une inquiétude politique modérée
Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a indiqué suivre le dossier de « très, très près », mais sans mesures concrètes pour encadrer la transaction. Thomas Ménagé, député Rassemblement national du Loiret, rappelle que l’usine d’Amilly est la seule en Europe à synthétiser le principe actif de Kardegic, dont 27 millions de boîtes ont été vendues en 2023. Il s’inquiète d’une cession à un acteur contrôlé par une holding luxembourgeoise.
Lors de la cession d’Opella, l’Etat avait obtenu des garanties sur l’emploi et la production via un accord tripartite avec Sanofi et CD&R. La vente d’Amilly remet en cause ces engagements.
Un modèle industriel remis en question
Les marques Aspégic et Kardegic représentent 50 % des volumes de production du site. Si leur impact commercial est moindre que celui de Doliprane, la stratégie de Sanofi soulève des questions. « Le groupe se débarrasse de tous ses médicaments matures, mais rien ne garantit que les nouveaux propriétaires auront les moyens de les maintenir sur le marché », s’inquiète Fabien Mallet.
Sanofi, de son côté, concentre ses investissements sur les domaines porteurs de l’immunologie, des maladies rares, de la neurologie et des vaccins.
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