Ménopause : un tabou qui tombe, un marché qui s’envole

La libération de la parole des femmes, visible, notamment, via les différents mouvements #MeToo, imprègne tous les pans de la condition féminine, y compris celui de la ménopause, un sujet longtemps resté tabou. Désormais, cette période n’est plus envisagée, par une majorité d’entre elles, de façon honteuse, un comportement vertueux qui les conduit à rechercher des solutions pour gagner en bien-être : « Les femmes osent en parler au comptoir et, de leur côté, les pharmaciens sont eux aussi plus à l’aise ; ils ont moins l’impression de gêner leurs patientes en les interrogeant », assure Laurent Simon, directeur général de Vitavea (groupe Havea). Réseaux sociaux, médias, stars qui prennent la parole… la ménopause est partiellement sortie de l’ombre et devient « un enjeu de santé publique et un objet d’intérêt de nombreuses entreprises », pointe l’étude « Le marché de la ménopause », publiée par Les Échos Études (septembre 2024).

Depuis environ trois ans, l’offre s’est considérablement étoffée à la faveur de restructurations de gammes et de nombreux lancements. En toute logique, « la plus grande visibilité de l’offre, en officine, pousse la demande », ajoute Nicolas Grélaud, directeur général d’OpenHealth Company. « Il y a dix ans, on trouvait rarement des produits pour la ménopause placés en tête de gondole ; on commence à présent à en voir de plus en plus », observe, pour sa part, Laurent Simon, directeur général de Vitavea.

Bouffée de croissance

Résultat, le marché OTC de la ménopause (périmètre : médicaments à prescription familiale facultative et compléments alimentaires) affiche une croissance notable : + 7,5 % en valeur, d’après les dernières données Gers (septembre 2024). « Cette évolution s’explique aussi par le rejet des traitements hormonaux qui continuent à avoir une mauvaise réputation », relève Laurent Simon. Et la tendance n’est pas près de retomber : « Tirée par l’explosion du segment “Santé de la femme” dont le chiffre d’affaires enregistre, en 2024, une progression de + 25 %, la catégorie ménopause devrait connaître au moins cinq années de croissance organique. Nous n’en sommes qu’au début de l’histoire », annonce Nicolas Grélaud. Au rang mondial, ce marché devrait atteindre 24,4 milliards de dollars d’ici 2030 (Grand View Research, 2023). Donnée d’importance : « La pharmacie a un rôle majeur à jouer : elle est la première porte d’entrée des femmes dans le système des soins », souligne l’étude citée plus haut. Par rapport au circuit des grandes et moyennes surfaces (GMS), sa part de marché (PDM) s’élève, en officine, à 91,9 %, en valeur (source Gers).

Chiffres clés 

• + 7,5 %, en valeur. La dynamique du secteur repose sur le déploiement exponentiel de la catégorie des compléments alimentaires, en progression (+ 11,5 %, en valeur, Gers) versus celle des médicaments (- 5,7 %, en valeur, Gers). Les références sans phyto-œstrogènes donnent le la.
• + 3,1 %, en volume. L’année 2024 aura été marquée par de nombreux lancements et repositionnements de laboratoires. La segmentation du marché, s’alignant sur les différentes phases de la ménopause, lui confère une plus grande lisibilité et booste la demande.
• 14 000 000. En France, la ménopause concerne environ 14 millions de femmes.

Top 5 labos (PDM, en valeur) :

1. Sérélys Pharma : 15,2 %

2. NHCO Nutrition : 13,3 %

3. Bouchara Recordati : 11,5 %

4. Elerté : 9,6 %

5. Boiron : 7 %

Segmentation du marché (PDM, en valeur) :

Compléments alimentaires : 78,7 %

Cosmétiques : 0,2 %

Denrées alimentaires : 0,4 %

Médicaments : 20,6 %

Top 5 produits (PDM, en valeur) :

1. Climax Ménopause 56 gélules, 56 capsules : 11,5 %

2. Abufène 60 comprimés : 7,6 % 

3. Manhaé Ménopause 120 capsules : 7,5 %

4. Acthéane 120 comprimés : 6,9 %

5. Sérélys Meno 60 gélules : 6,7 %

Source Gers, en cumul annuel mobile à fin septembre 2024.