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Quétiapine : pas de retour à la normale avant l’automne
« L’ANSM nous informe qu’il y a entre 0,9 et 1,3 mois de stocks de quétiapine chez les industriels. L’agence du médicament doit prendre des mesures pour faire en sorte que ces laboratoires libèrent leurs lots le plus vite possible », affirme Pierre-Olivier Variot. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) prévient : « La situation devrait être très tendue jusqu’à la fin du printemps pour ne se résorber qu’à l’automne. » Et de dénoncer « la défaillance des industriels dans leur mission de mise à disposition des médicaments, qui nous oblige à réfléchir à une juste prise en charge des préparations magistrales que nous aurons à faire. »
Les laboratoires pointés du doigt
Sur les douze laboratoires pharmaceutiques qui fournissent le marché français en quétiapine, sept sont tributaires de l’usine grecque qui a suspendu durant l’été 2024 sa production en raison de problèmes de qualité. Une surconcentration qui fragilise la chaîne d’approvisionnement. « Les laboratoires privilégient le sous-traitant qui garantit de gros volumes et donc des prix plus bas », explique Yorick Berger, responsable des relations avec la chaîne du médicament à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
L’ANSM ne peut pas contraindre les laboratoires à diversifier leurs sources d’approvisionnement. En revanche, elle peut les obliger à constituer des stocks de médicaments essentiels faisant l’objet de ruptures ou de tensions d’approvisionnement. Malgré l’importance de ce traitement pour quelque 200 000 patients, la quétiapine ne fait pas partie de ces médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) pour lesquels un stock de quatre mois minimum est requis. « Ce n’est pas un médicament qui revêt un caractère d’urgence vitale comme peut l’être un antibiotique ou un médicament de la douleur. Néanmoins, les pathologies qu’il traite sont très importantes et malgré les alternatives existantes, la bascule vers un autre traitement est difficile et peut représenter une perte de chance pour les patients. Instaurer un stock de quatre mois pour la quétiapine est une idée à envisager », estime Yorick Berger.
Les préparatoires s’organisent
En attendant, la profession s’organise pour lancer la production de préparations magistrales de quétiapine à libération immédiate. « Les préparatoires disposent de stocks de matière première pour fabriquer le médicament et pourront à leur échelle répondre aux besoins des patients », assure Yorick Berger. Mais les conditions dans lesquelles se font ces préparatifs sont loin d’être optimales : « 2 euros en guise de frais de dispensation alors que nous allons commander le produit, expliquer la modification de la prise de traitement aux patients, prévenir le médecin lors d’un premier remplacement… C’est dérisoire », déplore Pierre-Olivier Variot.
« L’ANSM doit prendre les responsabilités qui s’imposent et mieux anticiper ce genre de pénuries. Cela implique qu’elle se concerte avec nous autres pharmaciens et prescripteurs en amont de ses décisions. L’ANSM a autorisé les préparations magistrales et édicté les conduites à tenir de façon unilatérale, sauf que ça prend énormément de temps à mettre en place. Questionner les acteurs de la chaîne du médicament donnerait des décisions plus adaptées à la réalité du terrain », suggère Yorick Berger.
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