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© Getty Images
Violences en pharmacie : l’officine de la présidente de l’Ordre des pharmaciens victime d’un braquage
« Ce matin, je suis toujours un peu groggy. Et mon équipe est toujours sous le choc aussi », confie Carine Wolf-Thal, trois jours après le braquage de son officine par deux individus cagoulés et armés d’un pistolet automatique. Durant cette agression éclair, qui n’a duré que 28 secondes, les braqueurs ont empoché 500 euros. L’un d’eux a pointé son pistolet sur la tête d’une salariée. « L’équipe est prise en charge par une cellule psychologique du CHU de Rouen », explique la présidente de l’ordre des pharmaciens.
Cette agression n’est pas un fait isolé. « Les braquages à main armée d’officines sont très rares. Mais les agressions verbales et physiques contre les pharmaciens augmentent et deviennent même plus violentes », s’alarme Carine Wolf-Thal. 475 agressions ont été recensées en 2023, en augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. D’après l’Ordre des pharmaciens, ce chiffre est « très en deçà de la réalité », car de nombreux pharmaciens choisissent de ne pas porter plainte par manque de temps, peur de représailles ou crainte de voir leur plainte classée sans suite.
L’Ordre renforce son rôle contre les agressions
« Ce sujet nous tient particulièrement à cœur au sein de l’Ordre. Avec notre référent sécurité Gildas Bernier, nous mettons en place des formations à destination des officinaux, en collaboration avec la police, pour mieux s’équiper et se doter de réflexes en cas de violences », explique Carine Wolf-Thal. La présidente de l’Ordre des pharmaciens affirme également que son instance « se porte de plus en plus partie civile quand une procédure pénale est enclenchée. »
Les pouvoirs publics pressés d’agir
Après l’agression de l’officine de la Grand’Mare, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a appelé à renforcer les effectifs de police nationale dans la métropole rouennaise. « Le problème, c’est qu’il ne peut pas y avoir de présence permanente de la police sur des amplitudes horaires importantes. Nous avons également affaire à une poignée d’individus difficiles à appréhender car les habitants du quartier ne témoignent pas par crainte de représailles », explique Carine Wolf-Thal.
La présidente de l’Ordre attend néanmoins « beaucoup des pouvoirs publics. Je sais que les ministres Yannick Neuder et Catherine Vautrin sont très attachés à faire évoluer les textes pour mieux protéger les professionnels de santé. Je suis assez confiante. » Les parlementaires se saisissent également du problème : en mars 2024, une proposition de loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé a été adoptée par les députés. Ce texte, qui alourdit les peines contre les agresseurs – 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende pour des violences ayant entraîné une incapacité totale de travail pendant plus de 8 jours -, doit encore être examiné par le Sénat.
Se faire accompagner
Pour Carine Wolf-Thal, il est important que les officinaux victimes de violence se rapprochent de l’Ordre des pharmaciens pour briser le sentiment de solitude et d’impuissance. « Nous conseillons aussi vivement de contacter l’association Adop, qui écoute et oriente les officinaux de façon totalement anonyme. Enfin, je ne peux que conseiller à mes confrères de faire appel à un psychologue en cas de traumatisme psychique. »
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