Fluoroquinolones : encore trop prescrites

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Fluoroquinolones : encore trop prescrites

Publié le 21 février 2025
Par Yolande Gauthier
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L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a de nouveau insisté le 20 février 2025 sur les règles de bon usage des antibiotiques de la classe des fluoroquinolones.

Ces antibiotiques particulièrement efficaces « ne doivent être prescrits que lorsque leur utilisation est indiquée » et « ils ne doivent pas être utilisés dans les situations où le recours à d’autres antibiotiques est possible », a rappelé l’ANSM. Car des situations de mésusage sont encore rencontrées, alors même que les fluoroquinolones exposent à des effets indésirables certes très rares mais qui peuvent être invalidants et persistants, comme des neuropathies périphériques, des troubles musculosquelettiques ou encore des anévrismes et dissections aortiques.

Données de pharmacovigilance

Un message d’alerte associé à un QR code est désormais apposé sur les boîtes de ces médicaments. Selon un rapport d’expertise de pharmacovigilance portant sur la période de janvier 2017 à fin août 2023, 101 cas correspondant à des neuropathies périphériques et 611 à des atteintes musculosquelettiques ont été recensés. Ce rapport n’identifie pas de nouveau signal de pharmacovigilance. Il confirme la possibilité de survenue d’effets indésirables mais met aussi en évidence des utilisations en dehors des recommandations de l’AMM ou des sociétés savantes. L’ANSM précise à cet égard qu’une actualisation des recommandations de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) devrait prochainement être publiée.

Consommation en baisse

Une étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare montre que la consommation de fluoroquinolones a été divisée par 2 en France entre 2014 et 2023, passant de 4,8 millions à 2,2 millions de délivrances. La plus grande part de cette baisse est intervenue entre 2014 et 2020 et a concerné toutes les classes d’âge.

En 2023 la ciprofloxacine et l’ofloxacine sont les fluoroquinolones les plus délivrées (39 et 36 %), tandis que la lévofloxacine et surtout la moxifloxacine sont moins prescrites (23 % et 2 %). Les deux premières molécules ont vu leur utilisation diminuer respectivement de 22 % et 40 % sur la période étudiée alors que la lévofloxacine a perdu seulement 5 points.

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Panorama des prescripteurs

Les médecins généralistes restent les principaux prescripteurs (85,7 %), suivis des urologues et néphrologues (4,6 %), des gynécologues (1,6 %), des ophtalmologues (1,4 %) et des otorhinolaryngologistes (1,3 %). « Depuis 2021, malgré les recommandations mises à jour en France, certains prescripteurs, comme les ophtalmologues, les ORL et les psychiatres, continuent de prescrire des fluoroquinolones pour des indications non recommandées pour traiter des infections courantes chez leurs patients », estiment les auteurs de l’étude, tout en reconnaissant que les prescriptions ont diminué dans leur ensemble chez ces spécialistes. Même si l’utilisation de ces antibiotiques en France est inférieure à la moyenne européenne (5 % vs 7 %), elle demeure malgré tout à un niveau élevé. « De ce fait, il est primordial de continuer à encourager un usage approprié et limité », conclut l’étude. Et ce d’autant plus que les fluoroquinolones sont également une classe particulièrement impliquée dans la survenue d’antibiorésistances.