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© Getty Images
Intelligence artificielle en officine : s’adapter ou disparaître
Automatisation des tâches, gestion optimisée et amélioration du suivi patient : l’intelligence artificielle (IA) s’impose dans tous les secteurs de la pharmacie. Mais les pharmaciens sont-ils prêts à franchir le cap ?
L’adoption de l’IA en pharmacie tarde. Encore perçue comme abstraite, voire menaçante, elle reste sous-exploitée dans les officines. « Aujourd’hui, l’IA est très peu utilisée en pharmacie », déplore Jérôme Escojido, pharmacien et co-fondateur de Mediprix. Pourtant, l’engouement du grand public est bien réel : en un an, ChatGPT a conquis plus de la moitié des Français, selon une enquête IPSOS de décembre 2023. « Les pharmaciens risquent d’être les derniers à s’emparer de cette technologie », met-il en garde.
Une IA pragmatique au service des officines
Loin d’être un simple gadget technologique, l’IA pourrait profondément transformer la gestion officinale :
– automatisation des stocks et commandes : réduction des ruptures et meilleure gestion des approvisionnements.
– triage documentaire : filtrage des emails, organisation des ordonnances et gestion des factures.
– optimisation des ressources humaines : planification des plannings, analyse des CV et rédaction automatique de contrats.
– stratégie commerciale plus affûtée : analyse concurrentielle et ajustement dynamique des prix.
« L’IA peut alléger la charge administrative et libérer du temps pour le conseil patient », explique Pierrick Bedouch, pharmacien hospitalier et chercheur au CNRS.
Former pour adopter : un enjeu clé
Pourquoi cette réticence ? « Par méconnaissance », estime Jérôme Escojido. « Les pharmaciens doivent d’abord expérimenter l’IA dans leur quotidien personnel avant de l’intégrer professionnellement. »
Maîtriser les bons usages est primordial. « L’IA, c’est comme un GPS : elle propose un itinéraire, mais le professionnel garde la main sur le choix final », illustre Pierrick Bedouch.
Sécurisation des données : la pierre d’achoppement
Le recours à ChatGPT pour analyser des ordonnances soulève des inquiétudes éthiques et réglementaires. « Il est impératif de développer des IA adaptées aux exigences de confidentialité des professionnels de santé », préconise Jérôme Escojido. En attendant, l’anonymisation des données reste une solution transitoire.
Une pharmacie connectée et performante
L’IA ouvre la voie à une nouvelle ère pour les officines, avec des applications concrètes :
– détection des erreurs de prescription : alertes sur les surdosages et interactions médicamenteuses.
– aide à la dispensation : identification automatique des médicaments.
– prévention et suivi personnalisé : télésurveillance et conseils adaptés aux pathologies chroniques.
« Les objets connectés sont déjà une réalité pour les diabétiques. Demain, ils seront essentiels pour de nombreuses autres pathologies », anticipe Pierrick Bedouch.
Loin d’être une menace, l’IA redéfinit le rôle du pharmacien
Les craintes d’une substitution du pharmacien par l’IA sont infondées. « L’expertise clinique et le conseil patient resteront au cœur du métier », affirme Jérôme Escojido.
Patrick Mazaud, responsable numérique au Conseil de l’Ordre des pharmaciens, souligne dans Les cahiers de l’Ordre (juillet 2023) : « L’IA est un levier puissant pour valoriser les données collectées en officine et améliorer la prise en charge des patients. »
Reste à convaincre les décideurs
Le principal frein à l’adoption de l’IA en pharmacie reste le coût et la volonté politique. « L’IA va s’imposer, mais son développement dépendra des stratégies mises en place », concluent les experts. Une chose est sûre : l’avenir des officines sera connecté, ou ne sera pas.
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