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Les médecins étrangers veulent un contrat pérenne
Le 6 février 2025, une lettre adressée à Emmanuel Macron et au gouvernement a fait entendre la voix des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), environ 5 000 médecins exerçant en France. Ce courrier, révélé par France Inter, dénonce une série de dysfonctionnements et de promesses non tenues concernant leur statut. Une situation qui a perduré pendant des années et qui semble aujourd’hui atteindre un point de rupture, alors que les médecins étrangers réclament une plus grande reconnaissance et des conditions de travail dignes de ce nom.
Des conditions de travail précaires : des salaires insuffisants et une instabilité contractuelle
Un des points majeurs soulevés par les médecins Padhue concerne leurs salaires. En dépit d’un travail équivalent à celui de leurs homologues européens, leurs rémunérations sont de trois à quatre fois inférieures à celles des médecins français. Les contrats de travail, souvent renouvelés tous les six mois, créent une situation de précarité qui empêche ces professionnels de se projeter dans l’avenir. Une instabilité permanente qui pèse sur leur moral et leur bien-être au travail.
Mais ce n’est pas tout : les Padhue doivent également se soumettre à des épreuves de vérification des connaissances (EVC), souvent vécues comme une source de tension et d’injustice. Selon les médecins signataires de la lettre, ces examens, bien qu’initialement conçus pour assurer la qualité des soins, se sont transformés en un véritable obstacle à leur intégration dans le système médical français.
La promesse de régularisation : un vœu pieux ?
Un autre aspect fondamental du mécontentement des Padhue concerne la promesse de régularisation formulée par le gouvernement. En janvier 2024, Gabriel Attal, alors Premier ministre, avait annoncé qu’une régularisation des médecins étrangers serait entreprise. Cependant, cette promesse semble se heurter à une réalité décevante. Le diabétologue Abdelhalim Bensaïdi, exemple parmi tant d’autres, déplore que des médecins, après plusieurs années de service, aient échoué aux EVC pour des raisons techniques – dans son cas, un écart de 0,1 point. Ce type de situation renforce le sentiment de déception parmi les praticiens, qui se demandent si le gouvernement est réellement déterminé à intégrer durablement ces professionnels dans le système de santé français.
Abdelhalim Bensaïdi exprime ainsi ce désir de stabilité : « Ce qu’on veut, c’est avoir un contrat pérenne qui nous permette de continuer à exercer, d’avoir une visibilité sur le futur, de pouvoir entamer des projets. » Nombre de ses collègues, qui sont installés en France depuis des années, aspirent à cette « sérénité » que leurs contrats à durée déterminée et la précarité générale leur refusent.
Les chiffres du gouvernement : un progrès visible ?
De son côté, le gouvernement se défend en présentant des chiffres en apparence positifs. Selon le ministère de la Santé, les dernières épreuves de vérification des connaissances (EVC) organisées à l’automne 2024 ont permis d’ouvrir 4 000 postes, soit 1 300 de plus que l’année précédente. Le ministère annonce également que 3 235 candidats ont été admis au concours, contre 2 205 en 2023, et précise que 638 lauréats sont désormais inscrits sur liste complémentaire. Le ministère se félicite de cette progression et annonce des concertations pour réformer ces épreuves afin d’augmenter le nombre de praticiens étrangers accueillis.
Cependant, ces chiffres masquent en grande partie les frustrations des Padhue, qui estiment que ces avancées ne suffisent pas à garantir des conditions de travail et une stabilité professionnelle à la hauteur de leurs attentes. Les médecins étrangers réclament des réformes structurelles et une véritable prise en compte de leur contribution au système de santé français.
La nécessaire réforme du statut des Padhue : la clé d’une intégration réussie
Les médecins réclament une régularisation rapide et des contrats stables qui leur permettent de se projeter sereinement dans l’avenir. L’instabilité contractuelle, les salaires insuffisants et la gestion opaque des épreuves de vérification des connaissances sont autant de facteurs qui alimentent leur colère. Le gouvernement devra agir avec sérieux et urgence pour répondre à leurs attentes, sous peine de voir cette colère se transformer en une fracture irréversible avec les professionnels concernés, qui sont pourtant essentiels au bon fonctionnement de l’hôpital public français.
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