Quétiapine en rupture de stock : comment adapter la prise en charge des patients ?

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Quétiapine en rupture de stock : comment adapter la prise en charge des patients ?

Publié le 12 février 2025
Par Audrey Chaussalet et Sana Guessous
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Pour faire face aux tensions d’approvisionnement en quétiapine, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) autorise la délivrance à l’unité des spécialités de quétiapine sous certaines conditions dès aujourd'hui et les préparations magistrales à partir de la semaine prochaine.

Suite à une lettre ouverte de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) envoyée au ministère de la Santé pour alerter sur la situation intolérable engendrée par la pénurie majeure de quétiapine en France, molécule essentielle pour les traitements des troubles schizophréniques et bipolaires, une réunion de crise au ministère de la Santé, à laquelle les syndicats et l’Ordre des pharmaciens avaient été convié, avait été organisée le 6 février dernier. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) y avait proposer des solutions complémentaires mettant à contribution les pharmaciens. Elle vient de préciser, ce mardi 11 février, les conduites à tenir à destination des prescripteurs et des pharmaciens. Des informations qui seront actualisées au fur et à mesure de l’évolution de la situation.

Dispensation à l’unité « obligatoire » pour la forme LP 50 mg

En plus de demander aux médecins de ne plus instaurer de traitements par quétiapine à libération prolongée, sauf pour les patients présentant un épisode dépressif caractérisé dans le cadre d’un trouble bipolaire, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a autorisé la délivrance à l’unité des spécialités de quétiapine depuis la semaine du 10 février. Un dispositif rendu obligatoire pour la forme LP 50 mg, en raison des fortes tensions qui touchent spécifiquement ce dosage. Dans les faits, « cette posologie concerne très peu de mises en place de traitements », précise Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui s’interroge donc sur l’utilité de cette mesure. Pour les formes LP 300 mg et 400 mg, la dispensation à l’unité est rendue possible, selon l’ANSM, « mais cela n’est pas plus utile car ces boîtes de 30 compri­més sont indiquées pour des posologies d’un comprimé par jour pendant 30 jours », rétorque-t-il. Dans ce cadre, les pharmaciens pourront effectuer un déconditionnement et dispenser une seule plaquette de 10 comprimés au patient. La facturation s’effectuera à l’unité, comme pour la délivrance à l’unité des antibiotiques

Préparations magistrales : à partir de la semaine du 17 février

Pour les cas où il ne peut être prescrit d’alternative thérapeutique, « les préparations en officine de quétiapine à libération immédiate (LI) démarreront la semaine du 17 février. Mais nous sommes dans une période transitoire. Nous attendons dans les jours à venir une nouvelle matière première issue d’Espagne », annonce Fabien Bruno, titulaire de la pharma­cie Delpech, spécialisée dans la sous-­traitance des préparations magistrales. L’ANSM met en ligne sur son site la base d’une recom­mandation de remplacement, d’une monographie et d’un tableau d’équivalence. La prise en charge sera encadrée par un arrêté fixant le tarif et la base de remboursement. Dès lors qu’un pharmacien procède à ce remplacement, il est obligatoire de prévenir le prescripteur. En cas d’effet indésirable ou de symptômes cliniques inhabituels, le patient doit voir son médecin. Lorsque la dose de quétiapine LI doit être prise en deux fois (matin et soir), le pharmacien doit attirer l’attention du patient sur le risque de somnolence après la prise matinale du traitement (la conduite de véhicules est donc à éviter), le risque d’hypotension, l’importance de respecter un intervalle de 8 à 12 heures entre les prises. La quétiapine LI peut être prise en dehors ou pendant les repas.

Est-ce suffisant ?

« Ces solutions ne pourront, hélas, pas couvrir tous les besoins des patients. De plus, ces derniers utilisent habituellement la forme à libération prolongée du médicament et devront s’habituer à une façon différente de prendre leur traitement », affirme, pour sa part, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Plus de 2,8 millions de boîtes à base de quétiapine sont vendues, en France, chaque année. La molécule est prescrite à quelque 200 000 patients. 

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