Victoza, Forxiga, Vaxelis, Solian : petites baisses de prix, gros effets de bord ?

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Victoza, Forxiga, Vaxelis, Solian : petites baisses de prix, gros effets de bord ?

Publié le 7 février 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Les baisses récentes des prix de Victoza, Forxiga, Vaxelis et Solian suscitent des inquiétudes. Bien que modestes ces ajustements tarifaires risquent-ils d'impacter la disponibilité des traitements et accroître les risques de ruptures de stock pour les patients ?

Les ajustements tarifaires, publiés le 4 février 2025, révèlent des baisses qui, bien que modérées en apparence, soulèvent de sérieuses inquiétudes. Au delà d’affecter l’économie officinale, les baisses de prix à répétition peuvent venir ébranler les fondements mêmes du système de santé français.

« Ces baisses mises en place sur des médicaments relativement bon marché sont choquantes, surtout en comparaison avec les traitements à plusieurs milliers d’euros pour des pathologies parfois identiques. On a l’impression que l’on cherche à contourner la substitution », note Guillaume Racle, élu au bureau national de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO)

Des baisses symboliques, mais des conséquences bien réelles

Bien que l’impact direct de ces baisses sur l’économie des officines paraisse limité, les effets indirects peuvent vite devenir préoccupants. Confrontés aux réductions tarifaires imposées par le Comité économique des produits de santé (CEPS), de nombreux industriels rationalisent leur production, réduisant ainsi leurs capacités de stockage et concentrant parfois leurs sites de fabrication. « Ces baisses de prix, loin d’être anodines, risquent de favoriser les pénuries, en incitant les industriels à limiter leurs productions et leurs stocks, au détriment de la disponibilité des médicaments pour les patients », note Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Cette logique, aussi pernicieuse qu’invisible, touche des traitements déjà sous pression. À l’image de Victoza, dont la rupture de stock est déjà une réalité. « Un de mes grossistes limite mon approvisionnement à une boîte par mois », indique Guillaume Racle, déplorant une baisse de prix de 30 % qui, selon lui, fragilise davantage la situation : « Il est surprenant que le CEPS ait pris cette décision alors même que le médicament est déjà en tension ».

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Le cas de Forxiga suit une logique similaire : « La réduction tarifaire semble davantage dictée par un volume de ventes supérieur à celui envisagé initialement », précise-t-il. Une dynamique qui vient une nouvelle fois exacerber l’incertitude autour de la disponibilité des médicaments.

Les prix des vaccins, un risque sous-évalué pour la santé publique

Les baisses concernant le Vaxelis soulèvent, elles aussi, des inquiétudes. En l’absence de réels concurrents, et face à des processus de fabrication longs et coûteux, cette baisse tarifaire pourrait représenter un risque pour la santé publique. « Si des épidémies mondiales se déclenchaient sans stocks suffisants, la situation deviendrait rapidement problématique », pointe Guillaume Racle.

Solian, une nouvelle remise en question du système de tarification ?

Les baisses de prix prennent une dimension plus préoccupante lorsqu’il s’agit de médicaments traitant des pathologies à l’équilibre complexe comme le Solian, prescrit dans le cadre du traitement de la schizophrénie. Alors même que les pharmaciens sont confrontés à des ruptures sur la Quétiapine, les remises en question de la tarification du Solian interroge.

Le rôle des pharmaciens dans le processus de décision : un manque de consultation ?

Lorsque les baisses de prix touchent les dispositifs médicaux, les pharmaciens sont régulièrement consultés par le CEPS. En revanche, en ce qui concerne les médicaments princeps, les syndicats restent souvent en dehors du processus décisionnel.

Des économies à quel prix ?

Dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, le gouvernement affiche un objectif de réduction de 1,2 milliard d’euros sur les dépenses de médicaments et de dispositifs médicaux. Cette baisse s’ajoute à celle déjà prévue pour 2024, qui portait sur 850 millions d’euros pour les médicaments et 150 millions pour les dispositifs médicaux. Si cette stratégie économique est claire, elle suscite toutefois des interrogations sur ses conséquences à long terme. Aussi nécessaires soient-elles ces économies n’ont-elles pas à terme l’effet inverse de celui escompté sur l’ensemble du système de santé ?