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Entretiens pharmaceutiques en oncologie : tous concernés !
Les entretiens en oncologie, c’est quoi ?
Lancés en septembre 2020, les entretiens pharmaceutiques en oncologie viennent compléter l’arsenal des accompagnements déjà proposés à l’officine pour certains patients souffrant de maladies chroniques : patients sous traitement par anticoagulants oraux, asthmatiques sous corticoïdes inhalés, ou encore personnes âgées polymédiquées dans le cadre de bilans partagés de médication. Les entretiens en oncologie s’adressent aux patients majeurs sous anticancéreux pris par voie orale, en distinguant deux catégories de traitements. D’une part, les traitements par anticancéreux au long cours (catégorie 1) : anastrozole (Arimidex), bicalutamide (Casodex), exémestane (Aromasine), hydroxycarbamide (Hydrea), létrozole (Femara), méthotrexate (Novatrex), tamoxifène (Nolvadex). D’autre part, les autres anticancéreux oraux (catégorie 2), dont la liste est plus longue et ne cesse de s’allonger avec l’arrivée de nouvelles molécules innovantes, en particulier celles issues des thérapies ciblées. Pour ne citer que quelques exemples : abiratérone (Zytiga), capécitabine (Xeloda), ibrutinib (Imbruvica), imatinib (Glivec), ruxolitinib (Jakavi).
Idéalement, les patients concernés par ce suivi personnalisé sont en initiation de traitement, mais les entretiens s’adressent aussi aux malades en cours de traitement, notamment si des problématiques apparaissent : mauvaise observance, effets indésirables, demande de produits de conseils, etc.
L’accompagnement des patients sous anticancéreux pris par voie orale a pour principaux objectifs de favoriser le bon usage du médicament, de rendre le patient autonome et acteur de son traitement, d’améliorer son adhésion au traitement, mais aussi de prévenir les effets indésirables et d’améliorer leur gestion.
Quelles sont les différentes étapes de l’accompagnement ?
L’Assurance maladie a défini un parcours d’accompagnement progressif et thématique. Lors de la première année, un entretien initial d’évaluation a lieu, complété par une analyse des interactions médicamenteuses de l’ensemble des traitements du patient, prescrits ou non, allopathiques ou non. Suivent ensuite deux entretiens thématiques : le premier aborde la vie quotidienne et la gestion des effets indésirables ; le second se concentre sur l’observance des traitements. Cette première année se conclut par une synthèse, à partager avec le médecin traitant et/ou l’oncologue.
Si le suivi s’avère nécessaire les années suivantes, un entretien thématique consacré à l’observance est proposé pour les anticancéreux au long cours (catégorie 1). Pour les autres anticancéreux oraux, deux entretiens thématiques sont proposés : un sur la vie quotidienne et les effets indésirables, un autre sur l’observance.
Point important : tous ces échanges doivent se dérouler dans un espace de confidentialité au sein de l’officine.
Quelle facturation ?
L’entretien d’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux est associé à un tarif d’un montant de 60 euros (catégorie 1) ou 80 euros (catégorie 2) à l’aide des codes acte AC1 et AC2. Les années suivantes, les tarifs sont de 20 euros pour la catégorie 1 (code AC3) et de 30 euros pour la catégorie 2 (code AC4). Dans tous les cas, la prestation est facturée en tiers payant et prise en charge à 100 %.
Quels sont les rôles du préparateur ?
Recruter les patients au comptoir
Les entretiens en oncologie sont réalisés par les pharmaciens, mais, au comptoir, c’est l’équipe dans son ensemble qui peut s’impliquer et proposer cet accompagnement. Être capable de proposer sans imposer, de mettre en avant les avantages d’un tel suivi, d’expliquer brièvement en quoi cela consiste, de rassurer le patient et de répondre à toutes ses interrogations au sujet des entretiens : tout cela s’apprend et se discute en équipe.
Conseil pratique : mettre au point un flyer de présentation disponible au comptoir, ainsi qu’une carte où il sera indiqué la date et l’heure des rendez-vous. Organiser la prise de rendez-vous sur un agenda partagé.
Participer au recueil de données
Le préparateur peut aider le pharmacien chargé de réaliser l’entretien en sortant l’historique des médicaments et produits de santé dispensés au patient, en questionnant ce dernier sur ses traitements en cours, prescrits ou non, ainsi que les médicaments stockés chez lui. Un appel à l’infirmière de coordination en cancérologie du service hospitalier peut également être utile.
Assurer le suivi à chaque délivrance
En dehors des entretiens, une continuité dans l’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux est utile, notamment à l’occasion des renouvellements mensuels d’ordonnance. Le préparateur peut alors vérifier que tout se passe bien et interroger sur la mise en œuvre des recommandations formulées par le pharmacien au cours des entretiens.
Conseil pratique : demander à toutes les membres de l’équipe de renseigner les dates des rendez-vous et les éléments les plus pertinents du suivi dans le dossier informatique du patient, pour que toute l’équipe puisse rapidement y avoir accès.
Répondre aux demandes spécifiques
Tout au long de sa prise en charge, le patient sous chimiothérapie orale peut être amené à se rendre à la pharmacie pour gérer les effets indésirables des traitements, acheter une perruque ou de la lingerie adaptée, arrêter de fumer, obtenir des conseils sur une crème solaire, un complément alimentaire, etc. Un préparateur formé en dermocosmétique, en diététique, en phyto- et aromathérapie ou encore en homéopathie a toute sa place dans la prise en charge du patient en oncologie, en collaboration avec le pharmacien. En complément des traitements prescrits, ses conseils peuvent apporter un réel réconfort aux patients.
Conseil pratique : préparer des listes de médicaments, de cosmétiques ou de compléments alimentaires disponibles à la pharmacie et compatibles avec l’oncologie. Si besoin, interroger les laboratoires et consulter la base de données Hédrine, qui répertorie les interactions entre les plantes et les médicaments.
« Et si on ne fait pas encore d’entretiens dans ma pharmacie ? »
A minima, remettre au patient une fiche récapitulative correspondant à son traitement, par exemple la fiche VOC (voie orale contre le cancer) des Observatoires des médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques (Omédit) Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, et prendre connaissance de la version « pro » de la fiche. Proposer les vaccinations contre la grippe et le Covid-19. Orienter vers des professionnels membres d’un autre réseau local d’oncologie (hypnothérapeute, acupuncteur, etc.), si le besoin s’en fait sentir.
« La pharmacie clinique se développe à l’officine et doit concerner toute l’équipe »
Céline Le Deroff-Poupeau, pharmacienne au sein de l’Omédit Bretagne
Que contiennent les fiches Voie orale contre le cancer (VOC) ?
Ce sont des fiches de deux pages, qui suivent toujours le même plan. Dans la version pro, les conditions de prescription et de dispensation sont clairement indiquées. Les interactions médicamenteuses sont présentées avec leurs conséquences concrètes et les alternatives à proposer aux prescripteurs. Dans la version patient, l’accent est mis sur la prévention des effets indésirables, sur les modalités de prise et la conduite à tenir en cas d’oubli. Les fiches sont mises à jour a minima tous les deux ans, et davantage si nous repérons des nouveautés grâce à notre veille mensuelle. Les fiches VOC sont également disponibles via une application mobile.
Trouvez-vous pertinent que les préparateurs s’impliquent dans les entretiens en oncologie ?
Les préparateurs sont demandeurs, et je trouve que c’est une bonne chose de les faire participer. Ils connaissent bien les patients et peuvent les sensibiliser aux entretiens. La pharmacie clinique se développe à l’officine et doit concerner toute l’équipe. Il ne devrait pas y avoir de barrière entre les deux diplômes. Après un entretien, il est essentiel de débriefer tous ensemble, car le patient reviendra sans doute évoquer son problème cutané ou son problème nutritionnel avec un membre de l’équipe.
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