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Grossistes-répartiteurs : comment préserver un équilibre fragile ?
Avis de temps maussade. Malgré un marché du médicament dynamique et une hausse significative du chiffre d’affaires du secteur – plus de 6 % pour les médicaments remboursables –, les entreprises de la répartition voient leurs comptes se dégrader. « La faute à une marge de distribution réglementairement plafonnée qui augmente deux fois moins vite, tandis que les charges d’exploitation, elles, continuent d’augmenter à un rythme soutenu (+ 5,60 % en 2023) », explique Emmanuel Déchin, délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). Même si elle a ralenti ces derniers mois, l’inflation des coûts de transports, de l’énergie et de la masse salariale pèse encore lourdement. Un seul exemple : la hausse de 14 % des salaires sur les trois dernières années. Conséquence : « Après avoir vu la situation s’améliorer grâce au plan de soutien économique de 90 millions d’euros élaboré par le gouvernement pour 2020-2022, l’ensemble du secteur affiche de nouveaux des pertes à hauteur de 8 millions d’euros. » Une tendance qui inquiète d’autant plus à l’heure où la profession va devoir faire face aux lourds investissements induits par la transition énergétique.
Optimisation des coûts
En quête de rationalisation et d’optimisation, les entreprises ont donc poursuivi leur réorganisation. En 2023, Alliance Healthcare avait réduit son nombre de sites d’implantation dans l’Hexagone, fermant cinq de ses 45 plateformes. Après la fusion entre OCP et le groupe Phoenix, celle des Cerp Rouen et Cerp Rhin Rhône Méditerranée est en cours. Elle aboutira à l’émergence du deuxième acteur du marché. « Le secteur se concentre, les entreprises développent des synergies, rationalisent un réseau qui coûte cher en coûts fixes », constate le délégué-général de la CSRP. Aujourd’hui, la France métropolitaine compte 172 agences, employant près de 11 000 personnes, des chiffres restés stables cette année.
Poids de la contribution sur les ventes en gros
Dans cette situation délicate, les grossistes-répartiteurs doivent en outre subir le poids de la contribution sur les ventes en gros – plus de 200 millions d’euros en 2023. Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, la CSRP a donc porté une première revendication : « La suppression progressive de cette contribution, compensée par une baisse de la marge réglementée. Cela aura le mérite de simplifier et clarifier la rémunération et le cadre de régulation du secteur », défend Emmanuel Déchin. De même, réclame-t-elle la suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) sur les médicaments chers, au-delà de 2 500 € de prix hors taxe. « Cette taxe de production indexée sur le chiffre d’affaires est très pénalisante pour des entreprises comme les nôtres, d’autant plus sur un marché dont la croissance est portée par les médicaments chers. Quand celui-ci coûte plus de 18 000 €, notre marge est même réduite à néant. »
Rehausser le forfait pour la distribution des produits froids
Constatant que le secteur est déficitaire sur son cœur de métier, à savoir la distribution de médicaments dans le cadre des obligations de service public, les grossistes-répartiteurs soutiennent enfin une meilleure valorisation des services rendus quasiment exclusivement par leurs soins. Ainsi invitent-ils à rehausser le forfait pour la distribution des produits froids mis en place en 2022 – un circuit dont ils assurent 90 % de la demande, seul le vaccin antigrippe échappant à leur aire d’influence. Avec l’ambition de le fixer, a minima, à 1 € – contre 0,63 centime d’euros actuellement. « Nous souhaitons également la création d’un forfait similaire pour les produits stupéfiants, dont nous assurons à 100 % la distribution. Dans les deux cas, ces produits réclament des coûts qui n’existent pas pour les produits standards (chambre froide ou forte, caisse à reconditionner après chaque livraison, contraintes administratives, etc.), rappelle Emmanuel Déchin. Si demain, nous arrêtons de fournir ce service, qui le fera ? Et surtout à quel prix ? »
Une lueur d’espoir
Et le délégué général de poursuivre : « Il serait décevant de ne pas être écoutés après avoir démontré depuis quatre ans notre capacité à répondre successivement aux tensions créées par la crise Covid-19 puis par les ruptures d’approvisionnement. » Si l’instabilité politique et gouvernementale, notamment au ministère de la Santé, a entravé le dialogue ces derniers mois, le secteur aspire ainsi à une forme de reconnaissance pour services rendus. Du moins se félicite-t-il de la mise en place depuis l’an dernier du plan hivernal de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Face à l’explosion des ventes directes de médicaments référents et génériques sur les premiers mois de 2023, amoxicilline et prednisolone en tête, et les tensions constatées dans l’approvisionnement de certaines officines, l’ANSM n’hésite plus à demander la suspension, en cas d’alerte, du canal de ces ventes directes. « Or, leur augmentation a une incidence certaine sur notre propre distribution. Ce dont a pris acte l’ANSM, grâce à un suivi étroit de près de 250 références, impliquant des réunions bimensuelles avec tous les acteurs de la chaîne. De notre côté, la création d’un « observatoire de la disponibilité des médicaments » a aussi permis de leur fournir des données supplémentaires », souligne Emmanuel Déchin. Et de se réjouir que l’équilibre (« 80 % de ventes via les grossistes-répartiteurs, 20 % en vente directe ») ait pu être respecté cette année. De quoi contribuer à l’équité entre l’ensemble des officines de l’Hexagone. Un coin de ciel bleu bienvenu en ces temps d’instabilité.
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