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© Getty Images
Charges : le personnel fait monter les enchères
Selon Emmanuel Leroy, associé chez KPMG, « les charges externes progressent de 3,8 % en 2024, plus vite que le chiffre d’affaires (+ 1,7 %) et la marge (- 8,7 %) ». Si la proportion des charges augmente avec la taille de l’officine, la part dans le chiffre d’affaires (CA) diminue grâce aux économies d’échelle, note le cabinet CGP, qui impute aussi une part de la hausse des charges dans les grandes officines aux investissements réalisés après le Covid-19 et aux coûts de maintenance associés. « Profitant de l’apport en trésorerie, les pharmaciens ont investi massivement dans les évolutions technologiques (site Internet, robot, automate, PDA, matériel informatique, click and collect…), le plus souvent financées par de la location financière ou du leasing », corrobore Olivier Delétoille, expert-comptable chez AdéquA. Plus largement, « les frais généraux représentent, en 2024, 5,5 % du CA, ce qui n’est pas pour autant de nature à dégrader la rentabilité des officines », selon Emmanuel Leroy. Les autres cabinets ne partagent pas cet avis, en particulier en ce qui concerne l’énergie. « Même si l’inflation se stabilise un peu, elle pèse encore sur l’économie officinale en 2024 », observe Jérôme Capon, directeur du réseau Interfimo. « Nous arrivons à la fin de l’effet ciseau marge/inflation », concède Julien Chauvin, le président de la commission études et stratégie économique de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui invite à rester prudent du fait de l’instabilité des courbes. « En mars 2022, la fin de la période Covid-19, et surtout des tests antigéniques, a marqué la convergence des courbes marges/inflation, avant qu’elles ne prennent un écart conséquent début 2023, rappelle-t-il. Il est resté constant jusqu’à la fin 2023, puis les courbes se sont rapprochées en mai, avant de s’éloigner de nouveau en juin, pour se rapprocher une nouvelle fois à l’été 2024. » Julien Chauvin se montre toutefois confiant : « L’inflation commence à se stabiliser, les rémunérations sur la marge dégressive lissée et les honoraires progressent, la situation tend à s’améliorer. L’idée est que nous parvenions à inverser les courbes grâce à l’avenant. »
Hausse de la masse salariale et des cotisations patronales
Pour Emmanuel Leroy, les dépenses alourdissant le plus les finances sont « la baisse des marges, les problématiques de financement liées à un taux d’emprunt avoisinant 3,5 %, et la masse salariale (soit l’ensemble des salaires bruts des équipes) ». Cette tendance, déjà en marche en 2023, s’est accélérée en 2024. Chez KPMG, « la masse salariale a augmenté de 5 % cette année, alors que les syndicats ont acté une nouvelle revalorisation de la valeur du point de 1,8 %, pointe Emmanuel Leroy. Cette augmentation traduit donc une inflation des salaires plutôt que de nouvelles embauches, le marché du recrutement étant très tendu ». Dans un contexte de tension salariale et de recrutement difficile, « nous assistons à une surenchère du salaire négocié à l’embauche, avec un alignement de rémunérations des salariés présents », explique le cabinet CGP. Ainsi, les frais de personnel – incluant masse salariale et charges sociales patronales – progressent de 7,5 % à 9 % en 2024 (selon les cabinets d’expertise comptable). Et la tendance devrait se poursuivre. Difficultés persistantes de recrutement, renforcement des qualifications et compétences nécessaires aux nouvelles missions, réforme de la formation des préparateurs…, tout converge en faveur d’une prochaine nouvelle hausse.
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Participation des préparateurs aux nouvelles missions : l’hôpital peut-il montrer la voie à l’officine ?
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