Economie : opération coup de poing contre les indus

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Economie : opération coup de poing contre les indus

Publié le 16 décembre 2024
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Si les indus sont dénoncés depuis de nombreuses années, ils ne cessent de se multiplier ces derniers mois. L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) a décidé de réagir… fermement.

Deux semaines après avoir lancé son appel aux pharmaciens pour faire remonter les cas d’indus considérés comme illégitimes, l’USPO continue de recevoir des courriels. Lors de son point presse bimensuel, le président du syndicat a détaillé par le menu les cas pour le moins ubuesques dont il a pu prendre connaissance : « Erreur de date, absence du prénom, tampon pas tout à fait lisible, absence de médicaments génériques, dysfonctionnement informatique du côté de l’Assurance maladie, accusé de réception logique (ARL) émis par erreur… Nous avons reçu tellement d’exemples d’indus que je n’ai même pas pu les traiter tous, alors qu’ils portent objectivement sur des ordonnances non frauduleuses et pour des patients connus des pharmaciens », s’exclame Pierre-Olivier Variot, président du syndicat. De son côté, Cyril Colombani, porte-parole du syndicat, a vu sa boîte mail saturée. « Il est grand temps que l’Assurance maladie réalise les lourdeurs administratives sous lesquelles nous croulons. À chaque petit problème sur une ordonnance, elle nous demande des justifications passant par des courriers des médecins – rarement joignables – et des patients, et au final dans la plupart des cas elle émet tout de même un indu. On ne peut pas continuer comme ça, c’est du harcèlement administratif ! », s’insurge le responsable.

Des pharmaciens tenus en laisse

Forts de l’ensemble des éléments recueillis auprès des pharmaciens, le syndicat va une nouvelle fois réclamer une réunion de concertation avec l’Assurance maladie : « On se sent négligés, infantilisés. Dans tous les pays du monde, un pharmacien qui corrige une ordonnance en informant le médecin est payé pour cette action en faveur de la santé des patients. En France, nous avons des dirigeants qui veulent tenir les pharmaciens en laisse et qui nous sanctionnent en affirmant que la modification d’ordonnance est une fraude. Ces modifications sont faites pour le bien du patient. Quand est-ce que la santé reprendra le dessus sur l’administratif ? », continue Cyril Colombani.

Le mois dernier, les infirmiers avaient obtenu une clarification administrative relative aux règles d’interprétation et de facturation des ordonnances. Les pharmaciens réclament a minima les mêmes mesures.

Tel est pris…

Afin de pousser l’administration à réaliser l’ampleur de la charge administrative qu’elle fait peser sur les pharmaciens, l’USPO demandera à ces derniers de soumettre systématiquement les ordonnances concernées sur Asafo. Une demande qui interviendra d’ici fin janvier, si la Cnam ne donne pas droit à la demande de concertation du syndicat. « Cela permettra à l’Assurance maladie de réaliser l’ampleur de la situation puisqu’elle semble ne pas vouloir nous croire. Tout se dégrade depuis près d’un an. Certains indus s’élèvent à près de 40 000 euros, mais d’autres ne portentt que sur de petites sommes pour lesquelles les pharmaciens ne vont pas perdre de temps avec un recours amiable. Au final, d’euro en euro, on atteint des sommes importantes qui pèsent sur l’économie des officines en plus de nous faire perdre un temps fou. Au lieu d’être là pour nous aider à soigner les patients, la Cnam est désormais là pour gagner de l’argent même sur notre dos », continue Cyril Colombani.

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À la Cnam de jouer pleinement son rôle

La balle est désormais dans le camp de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). Une réunion spécifique aurait été annoncée pour le mois de janvier, mais « on nous l’annonce déjà depuis des mois, nous ne laisserons pas plus de temps s’écouler », affirme Pierre-Olivier Variot. Du côté de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « il est grand temps de remettre à plat la méthodologie. La recherche d’indus est un stress important pour les pharmaciens. Il faudrait que l’Assurance maladie puisse améliorer sa réactivité dans le rejet des factures. Actuellement, il arrive qu’elle remonte sur plusieurs années, ce qui rend le travail d’enquête et de réponse du pharmacien extrêmement complexe. Nous attendons beaucoup de cette première réunion », souligne Philippe Besset, le président du syndicat.