Rétro 2024 : vente des laboratoires, le prix des médicaments au centre du débat

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Rétro 2024 : vente des laboratoires, le prix des médicaments au centre du débat

Publié le 23 décembre 2024 | modifié le 15 janvier 2025
Par Christelle Pangrazzi
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L’année 2024 a été marquée par deux annonces tonitruantes de ventes de filiales de laboratoires. Si la cession de Biogaran n’a pas abouti, celle d’Opella (Sanofi) est désormais actée. Les pharmaciens vont sans doute devoir à l’avenir faire face à davantage de pénuries.

Que s’est-il passé ? 

En 2024, deux grands laboratoires pharmaceutiques ont annoncé leur intention de vendre des filiales. Servier a ouvert le bal en avril en mettant en vente Biogaran, le leader français des médicaments génériques. Depuis plusieurs années, le laboratoire signalait l’absence de rentabilité de ses génériques, invoquant la difficulté pour la France d’acheter ces médicaments à leur juste prix. Quelques mois plus tard, Sanofi a également exprimé son souhait de céder sa filiale Opella, spécialisée dans les médicaments grand public, dont Doliprane et 16 autres produits. Cette branche emploie plus de 11 000 personnes et gère 13 sites de production et quatre centres de recherche.

Après avoir entamé des discussions avec les géants pharmaceutiques indiens Torrent et Aurobindo, Servier s’est tourné vers les fonds d’investissement BC Partners et Bpifrance. De son côté, Sanofi a hésité entre l’américain CD&R et le français PAI Partners.

Dates clés

  • 6 septembre : Servier annonce la fin des négociations pour la vente de Biogaran, expliquant que « la création de valeur proposée par les acheteurs potentiels ne semblait pas bénéfique pour l’entreprise, ses collaborateurs, ni pour le tissu industriel français et européen, sans oublier l’impact sur les patients et les pharmacies partenaires ».
  • 21 octobre : Sanofi informe avoir trouvé un accord avec le fonds CD&R pour céder au moins 50 % de la filiale Opella, tout en restant actionnaire significatif (avec 50 % de participation pendant cinq ans). Bpifrance deviendrait actionnaire minoritaire à hauteur de 2 %, ce qui permettrait au gouvernement de conserver un droit de regard stratégique.

Ça change quoi pour les pharmaciens ?

La simultanéité de ces annonces interroge les experts. Pour Frédéric Bizard, économiste de la santé, cela constitue un « scénario cauchemar ». Selon lui, « c’est à travers les génériques et les biosimilaires que nous réussissons à maîtriser les coûts liés à l’innovation pharmaceutique ». Ces ventes risquent d’affaiblir encore davantage la souveraineté pharmaceutique de la France. En effet, la production locale de génériques et de médicaments grand public joue un rôle clé dans la réduction des pénuries, un phénomène de plus en plus préoccupant pour les pharmaciens, qui doivent déjà faire face à des charges de travail accrues, avec 12 heures supplémentaires de travail hebdomadaire.

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Le chiffre

16 milliards : c’est le montant auquel a été valorisée Opella, la branche grand public de Sanofi avant sa cession au groupe américain CD.