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Chloé R., 25 ans, souffre de lucite estivale bénigne
Depuis 3 ans, Chloé R. déclare une lucite estivale dès qu’elle s’expose au soleil. L’an dernier, les caroténoïdes n’ont pas suffi à la prévenir. Le dermatologue ajoute un antipaludéen de synthèse.
Ce que je dois savoir
Législation
L’ordonnance respecte la législation.
Contexte
C’est quoi ?
La lucite estivale bénigne (LEB) est une photodermatose, c’est-à-dire une affection cutanée liée à une exposition aux rayons UV naturels ou artificiels. Mal connue, son étiologie serait liée à une réaction allergique. Les rayonnements ultra-violets, principalement les UVA longs dans la LEB, induisent la production de radicaux libres qui altèrent certaines protéines et l’ADN. L’organisme réagit aux altérations par une réaction inflammatoire et une suractivité du système immunitaire de type hypersensibilité retardée. C’est la plus fréquente des « allergies solaires », elle touche environ 15 % des adultes, en grande majorité des femmes jeunes de 15 à 35 ans.
Quels sont les signes cliniques ?
• Elle se manifeste par une éruption cutanée prurigineuse avec papules érythémateuses non confluentes, parfois vésiculeuses, en particulier sur les zones exposées tels membres, décolleté, épaules sauf le visage, en général épargné.
• Elle survient dans les heures et jusqu’à 3 jours après une exposition brutale et/ou prolongée aux UV. Elle s’atténue peu à peu en une dizaine de jours mais récidive fréquemment les années suivantes en s’aggravant avec des zones atteintes plus étendues, et une éruption plus précoce. Elle disparaît souvent après quelques années.
• Chloé a fait une lucite ces 2 dernières années lors de ses vacances à la mer. L’année dernière, son dermatologue lui a conseillé une protection solaire élevée et une cure préventive de compléments alimentaires à base de caroténoïdes. Après 3 jours au soleil, l’éruption cutanée est néanmoins apparue sur son décolleté et ses bras, l’obligeant à rester à l’ombre une dizaine de jours. Cette année, elle consulte deux mois avant le départ et demande un traitement préventif plus efficace pour profiter de la mer.
Objectifs
• Un volet préventif, pour éviter l’apparition de l’éruption, à commencer avant et à poursuivre durant l’exposition. Il associe des mesures de photoprotection externe à des photoprotecteurs internes tels les caroténoïdes, en général donnés en première intention, et un antipaludéen de synthèse, en deuxième intention.
• Un traitement curatif au cas où l’éruption surviendrait néanmoins avec l’éviction solaire, un corticoïde local et un antihistaminique oral pour diminuer son intensité et soulager.
Médicaments
Caroténoïdes (Oxelio)
Complément alimentaire photoprotecteur à base de caroténoïdes tels alphacarotène, gammacarotène, lycopène, pigments colorés qui peuvent absorber une partie du rayonnement solaire et piéger certains radicaux libres. Ils sont associés à d’autres antioxydants qui potentialisent leur action : vitamines C et E, sélénium et zinc. Oxelio est proposé pour préparer à l’exposition solaire, prévenir le vieillissement photoinduit ou, comme ici, l’apparition de la LEB.
Hydroxychloroquine (Plaquenil)
Dérivé du noyau quinoléique de la quinine mais sans action antipaludéenne, l’hydroxychloroquine est indiqué pour son action antiinflammatoire et immunom odulatrice dans la polyarthrite rhumatoïde, le lupus et la prévention des lucites.
Diflucortolone (Nérisone)
Ce dermocorticoïde d’activité forte lutte contre l’inflammation et le prurit associé. Utilisé ici en cas de poussée de la lucite estivale bénigne.
Desloratadine
Cet antihistaminique anti-H1 non sédatif, d’action prolongée, a un effet antagoniste sélectif sur les récepteurs H1 périphériques. Utilisé ici en traitement symptomatique de la poussée, notamment pour soulager le prurit.
Repérer les difficultés
• Les traitements ne doivent pas faire oublier les mesures de photoprotection externe qui restent la base du traitement préventif et curatif de la lucite estivale bénigne. Différentes en préventif ou lors de la poussée, elles sont à rappeler.
• Commencer tôt et être observant. L’efficacité préventive des photoprotecteurs est liée à une prise régulière et en amont des expositions.
• Différencier les objectifs. Le traitement préventif est débuté avant l’exposition puis poursuivi durant. Le traitement curatif débutera seulement si une éruption survient.
Ce que je dis à la patiente
J’ouvre le dialogue
« Vous souffrez de lucite estivale ? Vous avez raison de consulter pour la prévenir car elle récidive souvent d’une année sur l’autre… » vérifie l’indication avec la patiente. « Le médecin prescrit un traitement préventif mais aussi curatif de la lucite au cas où elle apparaîtrait néanmoins. Vous a-t-il expliqué les modalités ? » valide si Chloé a bien identifié les produits et leurs objectifs. « Le traitement préventif doit être commencé un mois avant l’exposition au soleil. Quand partez-vous ? » établit le calendrier. « Pas de grossesse en cours ou en prévision ? Ni d’allergie au poisson ou à la gélatine ? Fumez-vous ? » s’assurent de l’absence de contre-indications.
J’explique le traitement
Mécanisme d’action
Outre une exposition progressive et une crème solaire, les traitements visent à préparer la peau et à éviter l’apparition de la lucite. Les résultats, bons chez la majorité, ne sont pas garantis à 100 % et la lucite peut survenir malgré tout. Dans ce cas, la crème et l’antiallergique soulageront jusqu’à guérison de la poussée.
Mode d’administration
• Oxelio : 1 capsule le matin au petit déjeuner. Débuter 4 semaines avant et poursuivre pendant la période d’exposition, puis 2 semaines après.
• Plaquenil : 1 comprimé matin et soir, à la fin des repas, à commencer 7 jours avant l’exposition et à poursuivre 15 jours.
• Nérisone : en cas d’éruption. Appliquer le soir sur les zones concernées, en touches espacées, puis étaler jusqu’à absorption totale du produit. Se laver les mains après. Arrêter à la fin de l’éruption, soit après une semaine environ.
• Desloratadine : en cas d’éruption, 1 comprimé par jour pendant ou hors d’un repas.
Effets indésirables
• Oxelio : légère coloration possible de la peau.
• Plaquenil : nausées, vomissements, douleurs abdominales et céphalées. Les effets oculaires sont rares sur une courte période. Consulter en cas de vision floue, halo coloré ou photophobie.
• Nérisone : bien toléré en utilisation courte. Ne pas appliquer sur une plaie ou une infection.
• Desloratadine : asthénie, céphalées et sécheresse buccale. Ne pas s’exposer au soleil en raison du risque de photosensibilisation.
J’accompagne
Surveillance
• S’exposer progressivement au soleil, éviter toute exposition entre 12 et 16 heures, porter autant que possible des vêtements protecteurs.
• Utiliser systématiquement un produit de protection solaire à renouveler toutes les deux heures et après chaque baignade. Choisir un indice et un spectre anti-UVA élevés : Anthelios Ultra SPF 50+, Photoderm Max, Bariésun 50+, Avène SPF 50+ (voir Au comptoir n° 543)…
• En cas d’éruption cutanée : éviction totale du soleil, se mettre à l’ombre jusqu’à résolution de la poussée. Porter des vêtements couvrants.
Hygiène de vie
• Chez les fumeurs, les caroténoïdes, précurseurs de vitamine A, doivent être évités en raison d’un risque augmenté de cancer du poumon et digestif.
• Si projet ou grossesse en cours, les caroténoïdes doivent être arrêtés ainsi que, par prudence, le Plaquenil.
• En cas d’allergie confirmée au poisson ou à la gélatine, ne pas utiliser Oxelio dont l’enrobage de la capsule est à base de gélatine de poisson.
Vente associée
Proposer un ou des produits solaires anti-UVB/UVA d’indice élevé. En cas de crise, un soin émollient à visée antiprurigineuse tel Xeracalm A.D… à appliquer en alternance avec le dermocorticoïde, une eau thermale en spray pour soulager ponctuellement, un savon liquide à visée antiprurigineuse pour la toilette tel Derm Hydralin, Saugella Dermoliquide…
Prescription
Dr C., dermatologue
Chloé R., 25 ans, 1,73 m, 58 kg.
• Oxelio capsule 1 capsule par jour à commencer 1 mois avant l’exposition.
• Plaquenil 200 mg 2 comprimés par jour à commencer 7 jours avant l’exposition puis à poursuivre pendant 15 jours.
• Nérisone crème Une application le soir si besoin.
• Desloratadine 5 mg Un comprimé par jour si besoin
La patiente me demande
« Pourquoi ma voisine sous Plaquenil doit être sur veillée par l’ophtalmo, et pas moi ? »
Le Plaquenil peut s’accumuler au niveau de l’œil et donner des troubles de la vision. Cette toxicité dépend surtout de la dose cumulée, en général après plusieurs années de prise continue, d’où un contrôle ophtalmologique tous les 6 à 18 mois. Dans la lucite, le traitement est court et ne nécessite pas cette précaution.
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