Délivrance Réservé aux abonnés

Donnez-moi un anti-moustique… efficace !

Publié le 30 juin 2018
Par Nathalie Belin
Mettre en favori

1 Je questionne

Préciser la demande

« Où partez-vous en vacances ? » évalue le risque de contracter une maladie à transmission vectorielle, donc oriente vers les solutions à proposer. « Dans quelles conditions s’effectue le séjour ? Hôtel, tente… ? » adapte ou complète les moyens de protection.

Rechercher certains critères

« C’est pour un adulte ? Un enfant ? » Et selon « Quel âge a-t-il ? », « Êtes-vous enceinte/asthmatique ? » déterminent le produit adéquat. « Combien de temps restez-vous ? » ajuste la quantité à prévoir.

2 J’évalue

Les nuisances des moustiques sont nombreuses. Outre le désagrément de la piqûre avec démangeaisons, œdème et lésions de grattage, ces insectes sont vecteurs d’agents pathogènes (voir Contexte). Il est recommandé d’éviter leurs piqûres avec une protection adaptée au risque de maladie. Certains anti-moustiques sont déconseillés si un risque de transmission d’une maladie vectorielle existe. Chimioprophylaxie, vaccinations, consultation spécialisée* sont à conseiller en plus selon le pays visité.

3 Je passe en revue

Les répulsifs

• Les répulsifs ou « repellents » repoussent certains insectes sans les tuer : moustiques, plus ou moins mouches, taons, aoûtats et tiques. Ils sont peu ou pas efficaces contre les hyménoptères tels abeilles, guêpes, frelons, fourmis.

• Ils sont classés parmi les biocides, « des substances ou des préparations destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre, par une action chimique ou biologique » (www.anses.fr). Ils sont soumis au règlement européen n° 528/2012. Pour revendiquer des propriétés répulsives, les substances doivent avoir prouvé leur efficacité et leur innocuité. Elles figurent alors sur une liste autorisée par l’Agence européenne des produits chimiques.

• Parmi les molécules répulsives, seules 4 sont recommandées dans la prévention contre les maladies à transmission vectorielle : DEET, icaridine, IR3535 et PMD. La règlementation prévoit que les produits qui en contiennent fassent l’objet d’une demande d’AMM biocide mais toutes les substances n’ont pas été évaluées. Elles le seront d’ici 2024.

• DEET ou diéthyltoluamide : molécule de référence la plus ancienne et la première évaluée au niveau européen. Effets indésirables : irritations cutanées et oculaires. Rares effets neurologiques graves (confusions, convulsions…), surtout lors d’applications prolongées et/ou sur une grande surface. Hyperexcitabilité possible chez les personnes sensibles telles celles épileptiques. Inconvénient : odeur peu agréable, détériore certaines fibres synthétiques, le cuir et le plastique des branches des lunettes notamment… En pratique : non recommandé avant 2 ans sauf sur une courte période si risque élevé de maladie vectorielle. Chez la femme enceinte, uniquement si r isque de maladie vectorielle. En cas d’exposition aux anophèles, la concentration minimale efficace est de 30 %.

Publicité

• Icaridine ou pipéridine-1 ou KBR3023 : molécule de référence en particulier vis-à-vis des anophèles. En cours d’évaluation au niveau européen. Effets indésirables : irritations cutanées et oculaires possibles. Inconvénient : à faible dose, attirerait les moustiques. En pratique : contre-indiquée avant 2 ans.

• IR3535 : bien toléré. Évalué et autorisé au niveau européen depuis 2015. Inconvénient : durée de protection moindre que les molécules précédentes, notamment envers les anophèles. En pratique : à partir de 6 mois. À privilégier chez les jeunes enfants et les femmes enceintes, notamment hors du risque de transmission de maladie vectorielle.

• PMDRBO ou cis- et trans-p-menthane- 3,8-diol ou PMD (marque déposée : Citriodiol, Citrepel 75) : analogue synthétique d’un compos ant extrait de l’eucalyptus citronné (Corymbia citriodora) ou de la citronnelle de Java. Effets indésirables : irritations cutanées. En pratique : dès 6 mois mais pas chez la femme enceinte. À savoir : beaucoup de références associent PMD et huiles essentielles : Roller Aromapic Pranarôm, Puressentiel Anti-Pique, Para’Kito Tropiques…

Produits d’imprégnation

À base de perméthrine, répulsive et insecticide, ils sont préconisés en zone à risque pour imprégner moustiquaires, toiles de tente et vêtements car les moustiques piquent au travers des tissus. Exemples : Biovectrol Tissu, Insect Ecran Vêtements, Cinq sur Cinq Spray Vêtements et Aérosol Tissus… Précautions : pas avant 2 ou 3 ans selon les fabricants mais utilisables chez les femmes enceintes. Manipuler avec des gants dans une zone aérée. Très toxique pour les organismes aquatiques. En pratique : selon les formules, protègent 2 mois et/ou résistent à 2 à 6 lavages.

Moustiquaires

Imprégnée d’insecticide, une moustiquaire est la meilleure protection contre les piqûres nocturnes. Elle est fortement recommandée en zone impaludée. Exemples : Pharmavoyage, Insect Ecran… Les moustiquaires « longue durée » sont efficaces jusqu’à 4 à 5 ans et/ou environ 20 lavages, dans des conditions optimales de conservation c’est-à-dire dans leur emballage d’origine, à l’abri du soleil et de l’humidité. En pratique : vérifier son bon état avant usage. La border sous le matelas ou de manière à toucher le sol.

Diffuseurs électriques d’insecticides

Utiles dans la maison à condition de garder les fenêtres fermées et de les employer dans un espace restreint variable selon les produits, de 10 à 30 m2. Précautions : à éviter avant 2 ans, chez les femmes enceintes et les asthmatiques.

4 Je choisis

Selon le contexte

• Si risque de maladie vectorielle. DEET, icaridine, IR3535 ou PMD à concentration efficace. De nombreux experts préconisent DEET à 30 % minimum ou icaridine en zone impaludée. Compléter avec sprays vêtements et, si besoin, moustiquaire.

Selon l’utilisateur

• Femme enceinte : mesures physiques à privilégier. Employer les répulsifs cutanés aux doses minimales efficaces. IR3535 car bien toléré. Pas de PMD, ni d’huiles essentielles ; le DEET est à éviter sauf en zone à risque.

• Avant 12 ans : fortes concentrations de DEET à éviter hors zone à risque.

• Bébés de moins de 6-12 mois : mesures physiques à privilégier. Employer les répulsifs cutanés aux doses minimales efficaces.

• Adeptes de produit « naturel » : PMD.

La galénique

• Forme spray : pratique mais ne pas pul vériser près du visage car irritation oculaire possible. Prudence en cas de pathologie pulmonaire tel l’asthme…

• Crème ou lait : bien faire pénétrer le produit.

• Sticks, rollers : pratiques car pas de contact avec les mains, ni de projections de produit.

• Lingettes : attention à leur usage car il est difficile d’évaluer la quantité de produit appliquée, qui peut être insuffisante.

5 J’explique

Les répulsifs cutanés sont efficaces et sûrs à condition de respecter les limites d’âge et les consignes d’utilisation. En zone à risque de maladie vectorielle, les associer aux autres moyens de protection : chimioprophylaxie antipaludéenne si besoin, moustiquaire imprégnée, sprays vêtements…

6 Je conseille

Application du répulsif

• Sur les zones découvertes sur peau saine. Éviter contour des yeux et muqueuses.

• Le matin et le soir et si besoin en plus au coucher pour anophèles et Culex.

• Une à trois fois par jour selon l’âge ou les produits. Renouveler après une baignade, en cas de transpiration, d’humidité ambiante importante. Pour les sprays, appliquer d’abord le produit sur les mains avant de le répartir sur la peau à protéger pour éviter les projections près du visage ou sur les matières plastiques. Pour le DEET, enlever montres et bijoux. Se laver les mains après. Compter 100 ml de produit pour une personne (visage, bras, jambes) durant 15 à 20 jours avec 2 à 3 applications par jour.

• En cas d’exposition au soleil : appliquer d’abord la crème solaire et attendre au moins 20 minutes avant d’appliquer le répulsif pour limiter la diminution d’efficacité de la crème solaire.

Autres mesures de protection

Elles sont importantes, y compris en France où vit le moustique-tigre.

• Porter des vêtements couvrants, amples pour limiter le risque de piqûre au travers.

• Installer des moustiquaires aux fenêtres et dormir sous moustiquaire imprégnée.

• Éliminer les eaux stagnantes près des maisons : soucoupes des pots de fleurs…

• Les diffuseurs électriques, d’efficacité variable, sont une mesure d’appoint à l’intérieur. Les spirales à brûler sont efficaces en extérieur à condition d’être près d’elles.

Sensibiliser en particulier

• Les femmes enceintes : reporter si possible tout voyage en zone d’épidémie de zika. Éviter tout rapport sexuel non protégé en période d’épidémie. Se protéger avec des répulsifs cutanés notamment.

• Les voyageurs se rendant à la Réunion où sévit une épidémie de dengue.

Connaître les signes d’alerte

→ Consulter rapidement en cas de fièvre d’apparition brutale au retour d’un voyage en zone à risque.

→ En cas de suspicion d’une maladie vectorielle, se protéger des piqûres de moustiques pendant 7 jours minimum après le début des symptômes pour éviter la contamination des moustiques autochtones qui, à leur tour, pourraient transmettre la maladie.

(1) Annuaire des Centres de vaccinations et de médecine des voyages sur www.medecinevoyages.fr ou www.medecinedesvoyages.net.

Le contexte

Les moustiques sont vecteurs de nombreux agents pathogènes. Ceux du genre :

→ Anopheles : piquent surtout au crépuscule et la nuit et transmettent le paludisme ;

→ Culex : piquent surtout la nuit. Responsables de la fièvre à virus West Nile (Nil occidental). Très répandus en zone tempérée, mais avec un rôle vecteur limité ;

→ Aedes : piquent plutôt le jour avec une prédilection pour le début et la fin de journée. Transmettent chikungunya, dengue et zika.

À savoir : une fièvre > 38,5 °C d’apparition brutale et des douleurs articulaires invalidantes pour le chikungunya et/ou céphalées, myalgies, lombalgies, douleurs rétro-orbitaires pour la dengue ou zika, chez un voyageur ayant séjourné en zone endémique les 15 jours précédents font suspecter un cas importé.

Personnes à risque : femme enceinte (microcéphalie du nouveau-né pour zika, prématurité, mort fœtale si dengue, transmission du chikungunya au bébé) ; enfant ; malade cardiaque, respiratoire, métabolique, rénale (décompensation possible).

Efficacité insuffisante !

→ Certaines huiles essentielles et extraits de plantes ne peuvent plus revendiquer d’action répulsive car ne figurent pas sur la liste européenne, faute d’efficacité suffisante telles les huiles essentielles de citronnelle, de géranium, de menthe poivré, etc.

D’autres peuvent revendiquer des propriétés répulsives mais leur durée d’action est insuffisante pour une protection efficace telles les huiles essentielles de menthe et de lavande, le citronellal, le géraniol, l’extrait de margousier, les extraits de Chrysanthenum cinerariaefolium et de lavadin (Lavandula hybrida).

Précautions : irritations ou réactions allergiques, photosensibilisation. Ne pas utiliser chez la femme enceinte, avant 30 mois et si antécédents de convulsion.

Les bracelets à base de citriodiol, géraniol, lavandin… chez Pharmavoyage, Phytosun arôms, Para’Kito, MoustiCare…, ou de DEET dans Moustifluid ont au mieux un effet limité à quelques dizaines de centimètres de circonférence et sans garantie de protection suffisante.

→ Les ultrasons n’ont aucune efficacité.