Economie officinale : et s’il n’y avait ni PLFSS, ni « loi spéciale »

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Economie officinale : et s’il n’y avait ni PLFSS, ni « loi spéciale »

Publié le 6 décembre 2024
Par Christelle Pangrazzi
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Le système de santé français traverse une période critique. Si la promulgation d’une loi spéciale avant la fin de l’année semble probable, sa mise en œuvre rapide est essentielle pour éviter un arrêt total des activités (shutdown). Les pharmaciens attendent cette loi, mais aussi la révision du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), notamment pour obtenir des remises sur les biosimilaires.

Après la chute du gouvernement de Michel Barnier suite au vote d’une motion de censure, le président de la République a promis hier, jeudi 5 décembre, la nomination rapide d’un nouveau Premier ministre. Ce dernier devra, d’ici au 19 décembre, faire adopter une loi spéciale pour couvrir provisoirement les dépenses de l’État et maintenir le fonctionnement des services publics.

« Sans cela, les hôpitaux risquent la fermeture et l’ensemble des services publics pourrait se paralyser. Ce serait le shutdown », alerte Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Le PLFSS, un enjeu crucial pour les pharmaciens

Cette loi spéciale ne sera cependant qu’un prélude. Viendra ensuite, début 2025, l’examen du projet de loi de finances (PLF) et du PLFSS. Ces textes sont essentiels pour répondre aux enjeux financiers des pharmacies, notamment sur des sujets majeurs comme les remises sur les biosimilaires.

Des revalorisations insuffisantes 

Malgré l’entrée en vigueur des revalorisations liées à l’avenant économique dès le 8 janvier prochain (honoraires, gardes, etc.), l’absence de PLFSS pourrait entraîner des conséquences délétères. « Sans ce texte, l’Assurance maladie sera confrontée à une crise de trésorerie en cours d’année et ne pourra lever les fonds nécessaires. Le risque est immense », poursuit Philippe Besset.

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Une année difficile pour les officines

« Les pharmaciens, déjà éprouvés par une année 2024 marquée par une hausse du chiffre d’affaires mais une érosion des marges, ne peuvent se satisfaire des seules revalorisations prévues. Elles restent largement insuffisantes pour sauver les officines les plus fragiles », souligne Jérôme Koenig, directeur général de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Des réformes attendues mais incertaines

Si l’étude d’un nouveau PLFSS semble d’ores et déjà envisagée en début d’année, rien ne garantit que les remises sur les biosimilaires figureront dans le nouveau texte. « Dans le cas où la couleur politique du nouveau gouvernement changerait, cet amendement pourrait disparaître », poursuit Jérôme Koenig. Autre problème : celui du délai. Même si les remises sur les biosimilaires devaient figurer dans le nouveau PLFSS, leur entrée en vigueur n’interviendrait certainement qu’au second semestre 2025 : les discussions entre les parties prenantes – industriels, pharmaciens, Etat – s’annonçant déjà longues et complexes.

Le compte à rebours est donc lancé.