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© Des tiroirs de pharmacie - Rubex
Ruptures d’approvisionnement en médicaments : les pharmaciens auditionnés au Sénat
Face aux problèmes de pénuries d’approvisionnement en médicaments et vaccins, le groupe Les Indépendants – République et Territoire du Sénat a décidé de créer une mission d’information sur ce sujet « afin d’identifier les raisons de ces pénuries et formuler des propositions pour lutter à l’avenir contre ce phénomène ». La mission, constituée de 21 membres désignés le 27 juin, a entamé son cycle d’auditions le 5 juillet. Le vendredi 6 juillet, elle a entendu des représentants des pharmaciens (Ordre, syndicats, Académie de pharmacie) ainsi que des grossistes-répartiteurs.
« Nous avons deux niveaux de ruptures : le premier est lié à des problèmes industriels avec la concentration des sites et une production hors de l’Union européenne ; le second concerne les tensions au sein de la chaîne de distribution, a déclaré Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Mais nous avons un problème d’informations. La transmission d’informations dans le DP rupture devrait être obligatoire pour tous les acteurs. Encore faut-il que ces informations recueillies servent à trouver une solution. En fait, il faut de la transparence et de la responsabilité. La transparence permettrait de réduire de 30 à 50 % les ruptures. » Sophie Sergent, présidente de la commission URPS de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a fait part aux sénateurs de son expérience sur le terrain : « Au 2 juillet, j’avais 59 produits manquants sur 300 lignes de produits ! Cela concerne des médicaments pour le diabète, l’asthme, les allergies, etc. Ils ne sont pas forcément très chers. Nous perdons du temps pharmaceutique à gérer ces manques. L’économie officinale ne permet plus de passer la moitié de son temps à trouver des solutions pour les patients ». Ses propositions ? « Nous demandons un " pilote " national pour une stratégie de la gestion des pénuries. Cela pourrait être le Premier ministre. Il faut aussi plus de transparence sur les raisons des pénuries et leur durée, sinon nous sommes décrédibilisés auprès des patients. La transparence génère la confiance, détaille-t-elle. Dernier point : il serait bien que le pharmacien ait la possibilité, en cas de rupture, de changer de médicament avec l’accord du médecin, ou si celui-ci n’est pas disponible de pouvoir délivrer au patient un équivalent thérapeutique. »
Emmanuel Déchin, délégué général de la CSRP (Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique), a rappelé devant les sénateurs « la difficulté d’appréhender la situation de manière globale ». « Nous avons deux sources d’information, l’ANSM et le DP rupture, mais elles décrivent deux situations différentes et à un instant t. Il faut donc prendre avec précaution ces données, explique-t-il. De plus, les perceptions de chaque partie – le patient, le pharmacien, le grossiste, le laboratoire, les autorités – diffèrent et il s’agit de perceptions. Il ne s’agit pas de nier ou de minorer le phénomène mais de souligner la difficulté de l’objectiver. » Pour autant, la CSRP a émis des propositions d’amélioration de la gestion des pénuries. « L’information est un élément important. Il faudrait améliorer l’information sur les raisons des pénuries, leur durée probable et la date probable de remise à disposition, souligne Emmanuel Déchin. Il serait utile que toutes les pharmacies alimentent le DP rupture, qui est un outil nécessaire, et que les grossistes-répartiteurs y soient intégrés. Enfin, notre troisième proposition porte sur la remise à disposition des produits de santé en quantités limitées. Il nous semble plus pertinent que ces produits soient livrés aux établissements pivots, c’est-à-dire les centres régionaux, qui pourraient répartir de manière pertinente les faibles quantités disponibles en fonction des besoins. »
La mission doit poursuivre ses auditions courant juillet. « Nous attendons des propositions pour améliorer la situation. Les sénateurs ont été très à l’écoute », conclut Sophie Sergent. Un constat partagé par Gilles Bonnefond et Emmanuel Déchin.
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