Palforzia, en cas d’allergie à l’arachide
Fiches médicaments Réservé aux abonnés

Palforzia, en cas d’allergie à l’arachide

Publié le 6 décembre 2024
Par Yolande Gauthier
Mettre en favori
À base de poudre de graines d’arachide, Palforzia est la seule spécialité d’immunothérapie allergénique prenant en charge l’allergie déclenchée par l’arachide d’origine alimentaire. Les sachets de 300 mg pour l’entretien sont disponibles en officine, tandis que les gélules pour l’instauration et l’augmentation des doses sont délivrées à l’hôpital.

Indications

Traitement de l’allergie à l’arachide confirmée chez les patients âgés de 4 à 17 ans, en association avec un régime d’éviction de l’arachide. Le traitement par Palforzia peut être poursuivi chez les patients âgés de 18 ans et plus.
La phase initiale à doses croissantes et la première dose de chaque nouveau palier d’augmentation de dose doivent être administrées dans un établissement de santé qui peut prendre en charge d’éventuelles réactions allergiques sévères.

Mode d’action

Le mécanisme précis de la désensibilisation induite par la poudre de graine d’arachide allégée en graisses n’est pas totalement élucidé.

Posologie

Le traitement comporte 3 phases : initiale, d’augmentation de la dose et d’entretien.
La phase initiale du traitement à doses croissantes est administrée sur une seule journée dans un établissement de santé. Celle d’augmentation de la dose comporte 11 paliers à intervalle de 2 semaines et débute avec 3 mg par jour pour finir avec 300 mg par jour. Si la première dose de chaque palier prise à l’hôpital est bien tolérée, le patient peut poursuivre le traitement à domicile.
La dose d’entretien de Palforzia est de 1 sachet de 300 mg par jour. Le contenu est versé sur quelques cuillérées d’aliment semi-solide (compote de fruits, yaourt, riz au lait, etc.) réfrigéré ou à température ambiante, et bien mélangé. Ne pas utiliser de liquide.
Palforzia ne doit pas être pris l’estomac vide. Ingérer chaque dose au cours d’un repas, à peu près à la même heure chaque jour et de préférence le soir, 2 heures au moins avant le coucher.

Dites-le au patient

  • Il est nécessaire d’avoir en permanence de l’adrénaline auto-injectable à disposition.  
  • Ne pas consommer d’alcool pendant les 2 heures qui précèdent ou qui suivent la prise d’une dose.
  • Éviter de prendre des douches ou des bains chauds ou de pratiquer une activité physique immédiatement avant la prise d’une dose ou dans les 3 heures qui suivent.
  • En cas d’oubli d’une dose pendant 1 à 2 jours, le traitement peut être poursuivi à domicile au même palier. Contacter le médecin si l’oubli est de 3 jours ou plus.
  • Interrompre temporairement le traitement en cas d’inflammation aiguë sévère de la bouche ou de l’œsophage, ou en cas de plaies buccales.
  • Prudence pendant les 2 heures qui suivent la prise si des symptômes de réaction allergique susceptibles d’avoir un effet sur la conduite ou l’utilisation de machines surviennent.

Contre-indications

Asthme sévère ou non contrôlé.
Antécédents ou existence d’une œsophagite à éosinophiles, autre pathologie gastro-intestinale à éosinophiles, reflux gastro-œsophagien récurrent ou sévère, dysphagie.
Antécédents ou existence d’une mastocytose sévère.
Réaction anaphylactique sévère ou engageant le pronostic vital au cours des 60 jours précédant le début du traitement.
Hypersensibilité à l’un des excipients.

Grossesse et allaitement

L’instauration du traitement n’est pas recommandée pendant la grossesse. Si une grossesse survient pendant le traitement, les bénéfices de la poursuite de Palforzia doivent prendre en compte le risque de réaction anaphylactique en cas de maintien de la désensibilisation.
Il n’y a pas de données sur les effets de Palforzia chez le nourrisson allaité ou sur la lactation.

Publicité

Effets indésirables

Les effets indésirables les plus fréquents sont des douleurs abdominales, une irritation de la gorge, un prurit, des nausées et vomissements, une urticaire, un prurit buccal, une gêne abdominale et une douleur abdominale haute.  
Une réaction anaphylactique, une sensation de gorge serrée, une toux, des éternuements ou une paresthésie orale sont également très souvent rapportés.

L’avis de la HAS

  • Service médical rendu important.
  • Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV).
  • Population cible estimée à environ 59 900 patients.

Interactions médicamenteuses

Il est possible que Palforzia ne convienne pas aux patients recevant des médicaments susceptibles d’inhiber ou de potentialiser l’effet de l’adrénaline.
La prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens pendant le traitement peut accroître le risque de survenue de réactions allergiques.
Prudence en cas d’administration avec d’autres immunothérapies allergéniques (augmentation du risque de survenue de réactions allergiques sévères).

Surveillance particulière

Avant de débuter le traitement, vérifier l’absence de sibilants actifs, de pathologie atopique sévère non contrôlée ou en poussée, ou de pathologie intercurrente.
Des modifications de doses doivent être envisagées chez les patients qui présentent des réactions allergiques modérées ou sévères.
Divers facteurs tels que maladie intercurrente, exacerbation d’asthme, activité physique, menstruation, stress, fatigue, jeûne… peuvent augmenter le risque de réactions anaphylactiques.

Conservation

À conserver à une température ne dépassant pas + 25 °C.
Le mélange de la dose quotidienne de Palforzia avec un aliment semi-solide approprié à l’âge doit être ingéré en totalité rapidement. Si nécessaire, il peut être conservé au réfrigérateur pendant au maximum 8 heures.

Délivrance

Liste I.

Médicament soumis à prescription hospitalière.

Fiche technique

Poudre orale de graine d’arachide (Arachis hypogaea L.) allégée en graisses, 300 mg en sachet, boîte de 30, 418,41 €, remb. SS à 65 %, AMM : 34009 302 296 6 8.
Stallergenes : 01 55 59 20 15
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’allergie à l’arachide

De plus en plus fréquente, l’allergie, qui correspond à un dérèglement du système immunitaire, concerne 25 à 30 % de la population. La prévalence de l’allergie à l’arachide chez les enfants est d’environ 1,6 %. Si certaines allergies alimentaires disparaissent avec l’âge, ce n’est pas le cas de celle à l’arachide qui persiste à l’âge adulte dans environ 80 % des cas. Les arachides et fruits à coque sont impliqués dans la majorité des anaphylaxies alimentaires mortelles.

Comment sont classées les allergies ?

Elles sont généralement classées en deux catégories : non immunoglobulines E (IgE)-dépendantes (exemple : maladie cœliaque) et IgE-dépendantes (réactions d’hypersensibilité de type I médiée par les IgE ou d’hypersensibilité immédiate), dont font partie la majorité des allergies, celle à l’arachide incluse. Dans ce dernier cas, la réaction chez les personnes prédisposées génétiquement se déroule en deux temps avec, tout d’abord, une phase de sensibilisation aux protéines présentes dans la graine et la coque de l’arachide, puis une autre de déclenchement où les IgE se fixent à l’allergène, ce qui entraîne la libération de médiateurs chimiques (histamine, leucotriènes, prostaglandines, etc.), eux-mêmes responsables des symptômes de l’allergie.

À quoi est due l’allergie à l’arachide ?

L’arachide est un « réservoir à allergènes » dont les principaux, parmi les 18 identifiés dans la nomenclature internationale, sont les cupines (Ara h1, Ara h3) et les albumines 2S (Ara h2, Ara h6). 90 % des personnes allergiques à l’arachide réagissent au minimum à l’un des 3 allergènes suivants : Ara h1, Ara h2, Ara h3. La présence d’IgE spécifiques de l’allergène Ara h6 est, quant à elle, prédictive de gravité et de persistance de l’allergie. Outre la dermatite atopique, un œdème de Quincke (37 %), de l’asthme (14 %), un choc anaphylactique (6 %) et des symptômes digestifs (1,4 %) peuvent également se manifester.

Par Delphine Guilloux