49 % des femmes médecins victimes de violences sexuelles et sexistes

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49 % des femmes médecins victimes de violences sexuelles et sexistes

Publié le 21 novembre 2024 | modifié le 22 novembre 2024
Par Christelle Pangrazzi
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L’Ordre des médecins a publié mercredi une enquête alarmante sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu médical. Réalisée auprès de 21 140 médecins, elle révèle que 54 % d’entre eux ont été témoins de tels actes commis par un autre médecin, que ce soit envers un patient, un professionnel de santé ou toute autre personne.

Parmi les femmes médecins interrogées, 49 % rapportent avoir été victimes de violences sexuelles ou sexistes de la part de collègues. Les chiffres sont édifiants : 44 % ont subi un outrage sexiste ou sexuel, 16 % un harcèlement sexuel, 6 % une agression sexuelle, et 1 % un viol. Ces faits se produisent principalement durant le parcours universitaire, mais aussi dans le milieu professionnel.

Des mesures urgentes pour une « tolérance zéro »

Face à ces révélations, le président de l’Ordre des médecins, le docteur François Arnault, a exprimé sa profonde inquiétude : « Cette situation ne peut pas durer. » L’Ordre des médecins a déjà mis en place des dispositifs pour expulser les médecins fautifs et demande des mesures législatives pour aller plus loin. L’objectif affiché est clair : « Tolérance zéro. » À partir du moment où l’Ordre est informé d’un acte délictueux, il doit y répondre. L’enquête met aussi en lumière une culture du silence. Environ 15 % des médecins ont observé des discriminations à l’encontre de ceux ayant dénoncé des violences sexuelles ou sexistes. Les victimes ou témoins font face à des représailles : non-obtention de postes, mutations forcées, stigmatisation, voire mise à l’écart.

La violence pendant les études : un problème majeur

Les faits se produisent dès le début des études. En effet, 69 % des médecins victimes d’outrages sexistes ou sexuels pendant leurs études pointent un enseignant ou un maître de stage comme auteur. Le harcèlement sexuel touche également 63 % des victimes, et parmi les 139 cas de viol rapportés pendant la formation, 47 % des victimes accusent un autre étudiant. Pour mieux lutter contre ces dérives, l’Ordre des médecins réclame des modifications législatives. Cela inclurait la possibilité de consulter le casier judiciaire des praticiens lorsqu’ils sont mis en cause et l’accès systématique au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) lors des demandes d’inscription à l’Ordre.

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