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Déserts médicaux : faut-il imposer aux médecins de quitter leur région d’origine ?

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Déserts médicaux : faut-il imposer aux médecins de quitter leur région d’origine ?

Publié le 13 novembre 2024
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Selon une étude de l’Insee publiée mardi, les médecins généralistes français s’installent majoritairement près de leur lieu de naissance ou de leur internat, contribuant ainsi à des disparités de plus en plus marquées dans l’accès aux soins à l’échelle nationale.

L’étude, qui s’appuie sur des praticiens ayant entamé leur internat entre 2004 et 2007, révèle que six généralistes sur dix choisissent de s’installer dans leur région natale. Dans des zones comme le Grand-Est, les Hauts-de-France et l’Île-de-France, cette proportion monte même à 80 %.

Les liens avec le lieu d’internat jouent également un rôle déterminant : en moyenne, la moitié des médecins généralistes libéraux exercent à moins de 43 km de l’université où ils ont été formés, renforçant le phénomène d’implantation en zones déjà bien pourvues en services de santé. À Nice, cette distance médiane se réduit même à 18 km, tandis qu’à Poitiers elle atteint 117 km.

Imposer une régulation plus stricte des installations

Ce constat alimente les débats autour de la lutte contre les déserts médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites aires urbaines, souvent caractérisées par des populations âgées et des revenus plus modestes. Si le gouvernement propose des subventions pour inciter les jeunes diplômés à s’installer dans ces régions sous-dotées, d’autres pistes sont envisagées : imposer une régulation plus stricte des installations, augmenter les stages en internat dans les déserts médicaux, voire privilégier les admissions d’étudiants issus de ces territoires.

Au fil des années 2010, le nombre de généralistes en France a diminué alors même que la population vieillit et augmente, une tendance qui aggrave les disparités géographiques. Les jeunes médecins préfèrent les grandes aires urbaines : 56,7 % des nouveaux praticiens choisissent des villes de plus de 200 000 habitants, contre 44 % chez les médecins plus âgés. À l’inverse, les zones de moins de 200 000 habitants ne séduisent que 30 % des jeunes médecins, alors qu’elles concentrent pourtant des besoins en soins croissants.

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Paris, longtemps point de convergence pour les professionnels de santé, voit désormais peu de nouvelles installations : seulement 13 % des jeunes médecins choisissent la capitale, contre 19 % de leurs aînés. La question reste ouverte : comment combler les déserts médicaux alors que la génération montante de médecins semble décidée à rester proche de ses racines ?