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5 outils qui simplifient l’interprofessionnalité
Depuis quelques années, les échanges entre pharmaciens, médecins généralistes et infirmiers notamment s’intensifient grâce à divers outils et dispositifs. Mais d’après l’Ordre national des pharmaciens, plutôt que de multiplier les services, mieux vaut approfondir l’existant. En effet, de nombreuses ressources permettent de développer davantage cette interprofessionnalité. De quoi révolutionner, ou presque, l’exercice officinal.
1. Santélien, le nouveau carnet de liaison numérique
Comparable à un « carnet de liaison numérique », ce dossier de coordination vient d’être lancé en Île-de-France. Les professionnels des secteurs sanitaires, médico-sociaux et sociaux peuvent désormais l’utiliser pour améliorer la prise en charge des patients entre la ville et l’hôpital et pour faciliter le maintien à domicile. Sur l’application, les professionnels de santé peuvent échanger différentes informations de manière sécurisée. Un tchat est également mis à disposition gratuitement, et il est aujourd’hui la seule messagerie sécurisée en Île-de-France.
Les patients et leurs aidants, quant à eux, n’ont pas encore accès à Santélien, mais la fonctionnalité est envisagée pour 2025.
L’application s’inscrit dans le cadre du programme e-parcours, acté en 2022 pour accompagner la transformation numérique des territoires. L’agence régionale de sanyé (ARS) bénéficie ainsi d’un soutien financier pour mettre en place cette politique. D’autres régions, comme Paca, Grand Est, Aura et Occitanie, s’intéressent aussi au développement de ce type de plateforme.
Dans ce cadre, les systèmes de messageries sécurisées régionales se multiplient, à l’image de Santélien : PandaLab Pro à la Réunion, Mobil’eTY en Bretagne, Paaco en Nouvelle-Aquitaine ou eTICSS en Bourgogne-Franche-Comté. Elles sont de plus en plus utilisées dans le cadre des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). La messagerie Globule, première plateforme de coordination en France, a quant à elle dépassé les 60 000 utilisateurs cet été.
2. Le dispositif ESCoRTer pour renforcer les équipes de soins primaires
Depuis juin dernier, un nouveau dispositif a été mis en place en Vendée : le projet ESCoRTer, pour Équipe de Soins Coordonnés Référente Territoriale. L’expérimentation, soutenue par l’ARS des Pays de la Loire, la préfecture de Vendée et la CPAM, s’appuie sur d’autres dispositifs déjà existants, notamment la CPTS Loire Vendée Océan, les MSP environnantes et le dispositif ESP Clap.
Le projet vise les populations fragiles sans médecin traitant, avec pour objectif d’assurer une permanence médicale dans plusieurs communes. Un infirmier en pratique avancée, un assistant médical et une secrétaire médicale accompagnent également le dispositif. D’autres professionnels de santé, comme les masseurs-kinésithérapeutes et les pharmaciens, sont amenés à coopérer. « Le déploiement d’ESCoRTer permettra d’apporter une réponse adaptée aux besoins des populations, d’améliorer la qualité des soins, le dépistage et la prévention, de diminuer les prises en charge en urgence et d’éviter les hospitalisations, de renforcer l’attractivité du territoire et de favoriser l’installation de nouveaux médecins, et de consolider les liens entre professionnels de santé et collectivités dans une approche territoriale de l’offre de soins », précise l’ARS.
Le dispositif doit continuer à se développer dans d’autres communes vendéennes jusqu’en 2026.
3. Les bilans de médication et de prévention sous la houlette des pharmaciens
Bien que les bilans de médication existent depuis 2018, à l’initiative de la convention des pharmaciens, ils restent encore peu plébiscités et proposés. « L’objectif est de travailler ensemble, dans l’intérêt du patient. Nous venons soutenir la démarche des médecins en optimisant l’utilisation du traitement par le patient (réduire le nombre de comprimés, ajuster le traitement en cas d’effets indésirables) », résume Sébastien Faure, membre du Conseil national de l’Ordre. C’est aussi une occasion de valoriser les compétences pharmaceutiques auprès des médecins pour, à terme, renforcer la collaboration. « Aujourd’hui, ce dispositif peut être source d’attractivité car il est porté par les jeunes générations, plus orientées vers l’accompagnement des patients. »
Ce dispositif s’aligne également avec le bilan de prévention, généralisé en juin dernier, qui concerne plusieurs tranches d’âge : 18-25 ans, 45-50 ans, 60-65 ans et 70-75 ans.
4. DP-Ruptures, un service renforcé
Les pénuries de médicaments sont de plus en plus fréquentes : 3 700 ruptures ont été comptabilisées en 2022 contre moins de 200 en 2012. En début d’année, le ministère de la Santé a donc publié une feuille de route 2024-2027 pour lutter contre ces pénuries. Parmi les axes de progression : le renforcement de l’usage de DP-Ruptures par tous les acteurs de la chaîne du médicament.
Actuellement, la quasi-totalité des officines sont équipées de DP-Ruptures. Le logiciel est bien connu des pharmaciens, mais de nouvelles fonctionnalités ont été ajoutées cet été qui permettent de mieux renseigner le statut des produits (disponible, en rupture, arrêt de commercialisation), de communiquer la date de réapprovisionnement et de simplifier la saisie des informations d’un produit en rupture.
Selon l’Ordre des pharmaciens, d’autres évolutions sont prévues pour 2025, notamment pour améliorer les échanges avec les médecins. « Il y a des discussions pour que ce DP permette aux médecins de voir dans quelles pharmacies un médicament est disponible, ce qui leur permettrait d’orienter plus efficacement le patient dans sa prescription. »
5. Généralisation de l’e-prescription
A compter du 1er janvier 2025, l’ordonnance numérique devient obligatoire. Le déploiement avait débuté en 2022 avant d’être généralisé cette année à l’ensemble des prescriptions de ville.
Le médecin réalise sa prescription sur son logiciel d’aide à la prescription, un QR-code est fourni au patient, qui le présente à son pharmacien. L’ordonnance numérique reste accessible au patient dans son espace santé. La prescription dématérialisée est valable pour la délivrance de médicaments mais aussi pour des actes (soins infirmiers, kinésithérapie, etc.). Toutes les données sont conservées de manière sécurisée par l’Assurance maladie.
Pour le pharmacien, au-delà de faciliter la lecture de l’ordonnance, la e-prescription pourrait aussi à terme constituer un gain de temps pour préparer les commandes des patients, anticiper les ruptures de stock et commander plus rapidement les médicaments nécessaires. « Les actes et dispensations sont également transmis à l’Assurance maladie, en parallèle de la facturation, et stockés dans la base e-prescription. L’Assurance maladie ayant accès à ces données, le pharmacien n’a plus besoin de scanner la prescription pour l’envoyer via le dispositif Scor (SCannérisation des ORdonnances) », explique l’Ordre.
Pauline Bluteau
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