Interdire les groupements, la fausse bonne idée

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Interdire les groupements, la fausse bonne idée

Publié le 26 octobre 2024
Par Audrey Chaussalet
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1 523 amendements ont été déposés dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. Dans le tas, il y a du n’importe quoi, comme celui qui vise à supprimer les groupements de pharmacie.

 

 

Stupéfaction et totale incompréhension ! C’est avec ces mots que les acteurs de la profession ont accueilli l’amendement n° 423 déposé par le député du Rhône Cyrille Isaac-Sibille et publié dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025. Au total, 1 523 amendements ont été soumis. Celui-ci vise, purement et simplement, à supprimer les groupements de pharmacies. « Dire que “les groupements sont un maillon intermédiaire non nécessaire dans la chaîne de distribution” et qu’ils “ne remplissent plus aucune fonction véritablement utile”, c’est manifestement méconnaître le fonctionnement des groupements et leur rôle dans l’écosystème officinal », estime Alain Grollaud, président de Federgy. Dans un communiqué de presse daté du 18 octobre, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie déplore qu’« un tel amendement ait pu être déposé sans avoir échangé au préalable avec les groupements ».

Une idée incongrue

 

Balayer l’existence des groupements alors que 94 % des titulaires de pharmacies adhérent à un tel ensemble, selon une étude du Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) publiée en 2021, c’est remettre en question tout un écosystème. Leur fondement existentiel repose sur la mutualisation des ressources et l’optimisation des négociations commerciales. La promesse des groupements aux titulaires est de leur permettre de rester compétitifs face à des industriels de plus en plus mastodontes. Ils peuvent ainsi préserver leur marge, voire l’augmenter ! Seule, une pharmacie commanderait en plus petite quantité et verrait sa marge fondre comme neige au soleil… À cela, en fonction du calibre des structures, s’ajoutent d’autres services en matière de gestion, formation, d’accompagnement et de soutien. 

Un amendement chasse l’autre

 

Cyrille Isaac-Sibille a vu, lui, dans les groupements « une porte ouverte à la financiarisation du secteur, avec l’entrée de fonds de pension au capital de plusieurs groupements […] désormais orientés vers une logique purement financière [et qui] ne répondent plus aux besoins réels des officines ou du service public de santé ». Ne serait-ce pas une généralisation simpliste ? Le principe des boosters, mis en place par beaucoup d’entre eux, pour aider les pharmaciens à s’installer contribue au maintien du maillage territorial. 

 

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), est sur la même longueur d’onde qu’Alain Grollaud : « Concentrons nos efforts sur l’amendement sur les biosimilaires qui pourraient faire économiser 1 milliard d’euros à l’Assurance maladie ! »

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Mais tout laisse à penser que cet amendement du député Cyrille Isaac-Sibille, arrivé de façon inattendue, disparaîtra aussi vite.