Produits de contraste : les pharmaciens l’avaient prédit…

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Produits de contraste : les pharmaciens l’avaient prédit…

Publié le 5 novembre 2024
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La réforme des produits de contraste, entrée en vigueur le 1er mars dernier, a transféré aux radiologues le soin de les fournir directement à leurs patients. Pourtant, nombreux sont ceux qui continuent à leur demander de se les procurer en pharmacie. Les syndicats en appellent à la Caisse nationale de l'Assurance maladie pour mettre la situation au clair.

La réforme des produits de contraste entrée en vigueur le 1er mars dernier a modifié le circuit d’approvisionnement et les modalités de financement des produits utilisés en radiologie pour les scanners et les IRM. Comme l’indique l’assurance maladie sur son site internet, « les produits de contraste de 50 ml et plus ne sont plus remboursables dans le cadre d’une dispensation en pharmacie de ville. Ils ne seront plus délivrés par le circuit officinal et doivent être achetés directement par les radiologues libéraux auprès des fournisseurs ou des officines, et administrés aux patients au moment de leur examen. » Pourtant les patients continuent de présenter au comptoir des ordonnances de radiologues : « Ils font du chantage auprès de leurs patients et leur indiquent qu’ils ne feront pas leur examen s’ils n’achètent pas eux-mêmes les produits. C’est tout à fait anormal, d’autant plus que ces produits ne sont plus remboursés. Nous continuons donc à les délivrer, mais chaque flacon coûte en moyenne 70 €. Nos clients sont très mécontents, mais la situation n’est pas de notre fait », souligne Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Des conséquences en cascade

La réforme prévoyait une revalorisation des forfaits techniques en imagerie médicale afin de compenser l’achat des produits de contraste par les radiologues, mais une partie de la profession avait souligné la sous-évaluation de ce forfait : « Ils ne compensent pas l’inflation et fragilisent notre secteur », indiquait Henri Guerini, président du syndicat UFMLS. Est-ce à dire que certains radiologues profitent de cette revalorisation sans acheter eux-mêmes les produits de contraste ? « L’Assurance maladie doit intervenir sur le sujet car c’est abusif de la part des radiologues de ne pas fournir ces produits à leurs patients. Je n’étais pas partisan de cette réforme et je constate qu’effectivement, aujourd’hui, elle n’est pas respectée. Il va falloir que la Cnam s’exprime clairement sur le sujet pour que l’on sache précisément ce qui doit être dispensé et par qui. En tant que pharmacien, nous n’allons pas nous plaindre de vendre un produit, mais pour nos clients il est certain que cela revient très cher », souligne Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

L’ANSM alertée

Les flacons de produits iodés de moins de 50 ml restent quant à eux pris en charge par l’Assurance Maladie lorsqu’ils sont dispensés par les pharmacies d’officine. Pour autant, de ce côté, la situation est également complexe puisque les stocks sont en voie de rupture. « Nous avons alerté à plusieurs reprises l’ANSM, depuis quelques mois, sans retour », souligne Pierre-Olivier Variot.

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