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Cancer et alimentation : bien conseiller les patients
Le patient cancéreux a-t-il des besoins nutritionnels spécifiques ?
Les besoins nutritionnels sont modifiés chez le patient cancéreux en raison de plusieurs paramètres liés à la tumeur (nature, localisation…) et aux traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie…). Par ailleurs, la tumeur, quelle que soit sa localisation, augmente le métabolisme et donc les besoins caloriques. La maladie mais aussi les effets indésirables des traitements peuvent entraîner des difficultés à s’alimenter, un dégoût des aliments ou encore des nausées et des vomissements. Enfin, la perte d’appétit, fréquente, peut être accentuée par le stress psychologique et les troubles dépressifs associés.
Parallèlement, la couverture des besoins nutritionnels chez les patients atteints de cancer est déterminante pour permettre la cicatrisation (en cas de chirurgie), pour lutter contre les infections et pour limiter les effets indésirables des traitements (survenue, intensité et conséquences). Certains cancers peuvent particulièrement majorer le risque de carence en vitamines ou en minéraux.
Chez le patient atteint de cancer, la qualité des apports alimentaires et le statut nutritionnel (dépistage de carences alimentaires ou d’une dénutrition) doivent ainsi faire l’objet d’une vigilance particulière de la part de l’équipe médicale. Le suivi diététique (équilibre alimentaire) et nutritionnel (composition et assimilation des aliments) fait partie des soins de support intégrés dans tous les parcours de soins. Il est indispensable dès l’annonce du diagnostic, pendant toute la prise en charge et même dans les mois voire les années qui suivent le traitement1.
Quels critères doivent interpeller les professionnels de santé ?
La perte d’appétit peut être un signe évocateur, mais le critère principal qui doit alerter reste la perte de poids. Quel que soit l’indice de masse corporelle (IMC) initial du patient, l’évolution de son poids doit être surveillée. Une perte de poids rapide, même chez un patient initialement en surpoids, doit amener à une prise en charge spécifique, car cela peut être le signe d’une dénutrition.
Quelles sont les recommandations nutritionnelles spécifiques ?
Chez le patient atteint de cancer, à tous les stades de la prise en charge, les recommandations nutritionnelles sont celles qui s’appliquent à la population générale, c’est-à-dire une alimentation saine, diversifiée et équilibrée telle qu’elle est décrite dans le Programme national nutrition santé (PNNS). Les apports quotidiens, notamment en calories et en protéines, peuvent être adaptés au cas de chaque patient pour éviter la perte de poids et de masse musculaire.
En théorie, il n’existe pas d’aliment interdit chez le patient atteint de cancer. En revanche, la tumeur ou les traitements peuvent modifier l’appétit, et il est alors essentiel d’adapter son alimentation. Certains aliments peuvent provoquer du dégoût, d’autres peuvent aggraver certains effets indésirables des traitements, à l’exemple des aliments acides en cas de mucite.
L’annonce du cancer doit amener à changer ses habitudes de vie et à adopter des comportements plus sains, fondés sur une alimentation plus équilibrée, un arrêt du tabac, une réduction de la consommation d’alcool et la pratique d’une activité physique régulière. Mais il n’est pas toujours aisé pour les patients de rééquilibrer leur régime alimentaire durant cette période difficile à la fois sur le plan de la santé physique et mentale. Dans la mesure du possible, il faut inciter le patient à consommer moins d’aliments gras, salés, sucrés ou ultratransformés, mais sans le culpabiliser. L’accompagnement par un diététicien et/ou un nutritionniste est alors déterminant.
Une supplémentation est-elle recommandée ?
Elle n’est pas systématique chez le patient atteint de cancer mais une supplémentation nutritionnelle ou un complément peuvent être nécessaires au cas par cas, en fonction de la nature de la tumeur, de l’état de santé du patient, des traitements anticancéreux ou de leurs effets indésirables. Si besoin, le recours à des compléments nutritionnels, à une alimentation par sonde gastrique ou à une alimentation parentérale doit être envisagé, afin d’assurer autant que possible la couverture des besoins nutritionnels. L’objectif reste dans tous les cas de maintenir le poids du patient, d’éviter la dénutrition, de limiter la sarcopénie (perte de la masse musculaire) et, ainsi, d’éviter que les perturbations alimentaires altèrent le pronostic.
Que penser des régimes spécifiques et jeûnes thérapeutiques ?
Il est fortement déconseillé aux patients atteints de cancer d’adopter un régime restrictif, un régime d’exclusion ou un jeûne intermittent (parfois appelé à tort le jeûne thérapeutique). Aucune donnée scientifique n’a mis en évidence un effet positif de ces changements d’habitudes alimentaires sur l’évolution et le traitement du cancer. Au contraire, le patient s’expose à de multiples risques : une perte de poids, une perte de masse musculaire, une dénutrition. De tels effets peuvent accentuer l’iatrogénie des traitements et compromettre l’efficacité de la prise en charge. De la même manière, il n’existe pas d’aliments ou de régime anticancéreux ! Pourtant, certains médias, ouvrages ou sites Internet relayent de fausses informations laissant croire que la consommation de certains aliments pourrait empêcher le développement d’un cancer ou même le guérir. À ce jour, aucune donnée scientifique n’a montré l’effet positif d’un aliment sur le développement ou le pronostic d’un cancer.
Doit-on conseiller des compléments alimentaires au comptoir ?
Au comptoir, les compléments alimentaires agissant sur le système immunitaire (échinacée, curcuma, gingembre, ginkgo biloba…) sont par précaution contre-indiqués chez le patient cancéreux. En effet, ils pourraient modifier l’efficacité et accentuer la toxicité des traitements. De même, les produits à base de pamplemousse, d’orange amère ou de millepertuis présentent un risque élevé d’interactions médicamenteuses par inhibition ou induction enzymatique. Plus largement, les autoprescriptions de compléments alimentaires, quelles que soient leur nature, leur composition et leurs allégations, ne sont pas recommandées chez le patient atteint de cancer. Les seuls autorisés sont ceux prescrits par l’équipe médicale dans le cadre du parcours de soins. L’automédication doit être proscrite. Par ailleurs, le surdosage en vitamines ou en minéraux peut avoir des effets délétères sur l’évolution de la tumeur. Par exemple, des études ont montré qu’un surdosage en sélénium pouvait entraîner une augmentation de la mortalité liée au cancer de la prostate. Des apports importants en phyto-œstrogènes – comme ceux que l’on trouve dans le soja – sont également déconseillés en cas de cancers hormonodépendants, comme le cancer du sein. Par ailleurs, en l’absence de démonstration de leur efficacité, il est également déconseillé aux patients de consommer des extraits de certains champignons (le shiitaké, par exemple) ou de décoctions de plantes médicinales chinoises qui peuvent être présentées comme utiles en cas de cancer. Pour lutter contre les fausses informations qui circulent, la rubrique « Les Éclairages » du site de l’Institut national du cancer (e-cancer.fr) démêle le vrai du faux sur les compléments alimentaires.
Réalisé en collaboration avec le Pr Claude Linassier, oncologue médical et directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins de l’Institut national du cancer (INCa).
1. « Alimentation : pendant et après le cancer », Institut national du cancer (INCa), 26 août 2022.
Le rôle des soignants
Les professionnels de santé prenant en charge des patients atteints de cancer, pendant et après la maladie, doivent :
- Contrôler régulièrement le poids du patient ;
- Inviter à limiter les aliments riches en matières grasses et à privilégier les aliments riches en fibres ;
- Inciter à contrôler la consommation d’alcool ;
- Promouvoir et prescrire la pratique d’une activité physique régulière et adaptée, et prévenir la sédentarité ;
- Conseiller de ne pas recourir aux compléments alimentaires, sauf indication médicale ;
- Recommander de ne pas recourir aux régimes restrictifs hors indication médicale ni aux jeûnes « thérapeutiques »
- Promouvoir l’arrêt du tabac.
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