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« Je suis ballonné et j’ai un peu mal au ventre ! »

Publié le 31 août 2018
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Depuis quand ? », « Est-ce habituel ? » détermine la fréquence. « Avez-vous changé vos habitudes alimentaires ? », « Êtes-vous stressé (e) ? » recherchent une cause courante à la survenue de ballonnements.

Rechercher certains critères

« Avez-vous d’autres signes comme une constipation, des diarrhées, ou des douleurs abdominales… ? », et « Avez-vous perdu du poids ? » identifient des signes d’alerte.

2 J’évalue

Les ballonnements occasionnels relèvent d’une prise en charge à l’officine. Un avis médical est nécessaire s’ils se renouvellent fréquemment et/ou sont associés à une perte de poids ou des troubles digestifs gênants tels que constipation, diarrhées, douleurs abdominales ou nausées. Ils font alors évoquer un symptôme de l’intestin irritable ou une intolérance alimentaire au lactose, gluten… dont le diagnostic doit être posé par le médecin.

3 Je passe en revue

Action symptomatique locale

Plusieurs substances limitent la formation de gaz intestinaux, soit en les adsorbant, soit en les décomposant.

• Charbon végétal activé : le plus souvent obtenu à partir de la combustion de coques de noix de coco, il est très poreux, d’où sa capacité à adsorber (= fixer) les gaz et les toxines. Il est d’ailleurs utilisé à forte dose dans certaines intoxications médicamenteuses. Son efficacité varie selon les personnes, allant jusqu’à 500 mg par prise voire plus. En pratique : à prendre avant ou après le repas et à au moins 2 heures de distance de tout autre médicament ou substance active, plantes comprises. Donc éviter les associations plantes-charbon tels Carboline, Flatuplexin… À noter : le charbon est associé à des levures dans la prise en charge de la diarrhée dans Carbolevure, à la papavérine dans les troubles fonctionnels intestinaux dans Acticarbine ou à l’oxyde de magnésium dans Carbosymag contre les troubles gastro-œsophagiens.

• Montmorillonite (Bedelix…) : cette argile a des capacités adsorbantes des gaz et des toxines et une haute viscosité lui permettant de tapisser la muqueuse digestive, d’où une action calmante et protectrice. Elle n’a pas d’effet sur le transit intestinal. En pratique : avant ou après le repas, à au moins 2 heures de distance de tout autre traitement.

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• Siméticone : substance inerte non absorbée par l’organisme qui favorise la rupture des bulles de gaz en modifiant leur tension superficielle. En pratique : avant ou après le repas. À la différence du charbon, pas d’interactions médicamenteuses. La siméticone est associée au phloroglucinol dans Météoxane ou à l’al vérine dans Dolospasmyl… pour soulager les troubles fonctionnels intestinaux.

Action digestive globale

• Plantes carminatives : elles facilitent la digestion, s’opposent aux fermentations intestinales et à la formation de gaz dans le tractus digestif et favorisent leur résorption. Le fenouil, utilisé traditionnellement pour soulager les ballonnements et éructations, est reconnu par l’Agence européenne du médicament et l’OMS. Coriandre, cumin, carvi, anis vert, badiane (anis étoilé), menthe poivrée, basilic… facilitent la digestion en agissant plus spécifiquement sur la résorption et l’expulsion des gaz et en s’opposant aux fermentations. En pratique : à prendre un peu avant le repas. Prudence avec le fenouil qui, du fait d’une faible action estrogénique, n’est pas recommandé à forte dose en cas de cancer hormonodépendant.

• Plantes digestives : elles agissent sur la digestion en général, contre les lourdeurs d’estomac, les ballonnements… en augmentant ou en facilitant la sécrétion biliaire. Les plus utilisées : artichaut, radis noir, chardon-marie, curcuma, menthe poivrée, chicorée. En pratique : juste avant le repas. Pas d’utilisation en cas d’obstruction des voies biliaires.

• À visée antispasmodique ou antalgique abdominal : mélisse, angélique, plantes à mucilage telles que bouillon-blanc, mauve, guimauve…

• Les huiles essentielles de menthe poivrée, laurier noble et aneth sont traditionnelle ment utilisées pour faciliter la digestion avec une action intéressante sur les ballonnements. En pratique : par voie orale, 1 goutte 2 fois par jour avant le repas, sur un sucre ou sur un comprimé de charbon qui peut servir de support idéal en retardant l’absorption trop rapide de l’huile essentielle. À éviter en cas d’asthme ou d’antécédent de convulsion.

• Stimulant la digestion : les enzymes à visée digestive type papaïne, extrait de la papaye, ou bromélaïne, extrait de l’ananas, stimulent la digestion et contribuent à limiter les ballonnements en facilitant la dégradation des protéines. En pratique : au cours du repas.

Rééquilibre du microbiote

Les probiotiques contribuent à rééquilibrer la flore intestinale qui intervient dans le processus de digestion et de fermentation des aliments, donc la formation de gaz. Un déséquilibre du microbiote peut entraîner des ballonnements. Les bifidobactéries et les lactobacilles sont les plus utilisés en cas d’inconfort gastro-intestinal. Leur efficacité varie d’une référence à l’autre selon les souches, ainsi que d’un patient à l’autre. Exemples : Lactibiane Référence, Physionorm Daily, ArkoBiotics Supraflor, Probiolog…

4 Je choisis

Selon les signes associés

• Ballonnements « isolés » : charbon ou siméticone.

• Avec douleurs abdominales légères : montmorillonite ou choisir des plantes antispasmodiques.

• Avec une digestion lente avec sensation de somnolence, lourdeur après le repas : plantes carminatives avec en plus ou pas, plantes digestives ou aromathérapie.

• Suite à un repas copieux : plantes et enzymes digestives.

• Suite à un stress ou un déséquilibre alimentaire prolongé tel repas d’affaires ou pris sur le pouce : probiotiques + plantes, ou traitement symptomatique si besoin.

Selon le patient

• Grossesse : proscrire les plantes et les huiles essentielles.

• Patients polymédiqués : attention aux interactions médicamenteuses possibles avec charbon et montmorillonite.

• Enfants : siméticone ou charbon selon les références dès 6 ans. Plantes selon les indications du fabricant.

5 J’explique

Le traitement soulage des ballonnements occasionnels, en complément des conseils hygiénodiététiques. En l’absence d’efficacité après quelques jours de prise, prendre un avis médical.

6 Je conseille

Modalités de prise

• Traitements symptomatiques locaux : à la demande ou sur 4 à 5 jours maximum. Charbon à croquer : se rincer la bouche après la prise du fait d’une coloration noire de la langue et des dents.

• Plantes : en cure de 10 à 21 jours, à combiner si besoin et ponctuellement aux traitements symptomatiques.

• Probiotiques : en cure de 2 à 3 mois. En changer en l’absence d’efficacité après 1 mois de prise.

Hygiène de vie

• Limiter boissons gazeuses, chewing-gums et certains aliments : ceux particulièrement fermentescibles (voir contexte), aliments et boissons « sans sucres » qui renferment des polyols tels sorbitol, xylitol, mannitol…, ou du fructose. Prudence avec les prébiotiques tels inuline, fructooligosaccharides, qui à forte dose aggravent les ballonnements.

• Manger lentement et dans le calme : pour éviter d’avaler de l’air, qui participe à l’aérophagie.

Le contexte

Le plus souvent bénins et transitoires, les ballonnements correspondent à une sensation de ventre gonflé, parfois associée à une distension abdominale clinique. Il existe parfois aussi un inconfort abdominal à type de douleurs modérées.

→ Origine : ils sont liés à la présence de gaz intestinaux de l’air avalé lors du repas ou, le plus souvent, à un phénomène de fermentation des aliments par la flore microbienne intestinale. Parfois, ils accompagnent une constipation ou une lenteur digestive due à une insuffisance de sucs (gastrique, hépatique, intestinal…).

→ Facteurs favorisants : stress, repas rapide ou trop copieux, ou avec aliments particulièrement fermentescibles tels choux, oignons, légumineuses, certains fruits… Ils sont plus fréquents chez les femmes mais sans raison connue (plus stressées ? Plus de verbalisation des troubles ?).