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La fibre humanitaire

Publié le 31 août 2018 | modifié le 2 janvier 2025
Par Anne-Lise Favier
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Être aux services des autres, ce n’est pas que derrière un comptoir ou dans une pharmacie hospitalière. Pour Loïc, c’est aussi mettre ses compétences dans des missions avec des ONG.

Loïc Cordonianu est rentré début août du Bénin. Ce préparateur marseillais prépare le compte rendu de sa mission de stage. En novembre, si sa soutenance orale se passe bien, il aura son diplôme en Pharmacie humanitaire, prêt à partir pour de nouvelles aventures.

Une curiosité voyageuse

Une sœur assistante sociale, un papa ancien veilleur de nuit dans un foyer de jeunes, est-ce qu’aider les autres est un moteur familial inconscient ? Loïc a toujours eu en tête l’humanitaire, « l’envie de sortir de ma zone de confort, d’avoir de nouveaux défis, d’aider les gens ». Il abandonne des études d’infirmier à mi-chemin, « sur un coup de tête. J’étais jeune, pas assez mature ». Il aime la pharmacologie, ce sera le BP à Marseille. L’aspect mercantile le dérange, d’où le diplôme hospitalier dans la foulée pour « mettre le patient au centre de notre profession » et des « perspectives d’évolution ». Lors d’un stage à l’hôpital d’Arles (13), il entre en contact avec un infirmier qui part souvent en mission avec l’ONG(1) Les Enfants de Aïr. Quelques mois après, le soignant l’informe que l’ONG cherche un préparateur en pharmacie. Loïc part ainsi en mission bénévole de deux semaines en Guinée. Rangement, gestion des périmés, il aide à élaborer des bonnes pratiques de la pharmacie.

Des expériences outre-mer

Un mois après son retour, Loïc repart comme préparateur hospitalier à Mayotte. Il y reste un an et demi, dans un dispensaire en brousse dans lequel il gère la pharmacie. « Une très belle expérience. Bien que département français, l’île a plus de similitudes avec l’Afrique voisine. Nous avions 150 à 200 patients par jour. » Il côtoie des personnes démunies et des immigrés venus des Comores voisines. Puis il rentre en métropole… et repart six mois pour un remplacement en officine en Nouvelle-Calédonie. Loïc revient à nouveau car le diplôme de pharmacie humanitaire(2) va commencer à Paris.

Une pierre à l’édifice

Cette formation, il y pense depuis Mayotte. « Dans la partie théorique de 140 heures, on a des cours de géopolitique, sur les antirétroviraux ou les faux médicaments, sur ce qu’il ne faut pas faire comme apporter des médicaments, pensant aider. En fait, on court-circuite le système de santé local ou pire, on risque de tomber sur des personnes qui vont les revendre illégalement ». Suit le stage pratique, 5 mois au Bénin pour l’antenne d’Indre-et-Loire de l’ONG Pharmaciens sans Frontières : « J’ai travaillé sur un projet pilote visant à informatiser les pharmacies en dispensaire. Avec comme objectif de former sur site le personnel via des ordinateurs portables que j’ai apportés. » Loïc a le sentiment, en toute humilité « d’avoir apporté ma petite pierre à l’édifice ».

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D’autres chemins à tracer

Loïc rêve d’un poste salarié dans une ONG. Persuadé que le préparateur a une place dans l’humanitaire qui « se joue en fonction des besoins, pas des régions du monde ». En attendant, ce célibataire débrouillard cherche un poste en fonction « des opportunités ». Pourquoi pas « La Réunion, où des amis travaillent et me disent que c’est sympa. J’ai envie de voir encore d’autres aspects du métier de préparateur ». Une curiosité aussi sans frontières.

(1) Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d’intérêt public, indépendante financièrement et politiquement.

(2) www.pah-lespharmacienshumanitaires.org/formation-pah

Âge : 26 ans.

Formation : BP de préparateur, diplôme de préparateur hospitalier, formation de pharmacie humanitaire (en cours).

Lieu d’exercice : Marseille (13) et ailleurs…

Ce qui le motive : ne pas rester dans sa zone de confort, découvrir de nouvelles choses.

Si vous étiez un titulaire ?

Je serais proche de mes patients et de mon personnel avec l’envie d’être pédagogue.

Si vous étiez un client ?

J’aimerais être écouté et bien conseillé, avec sourire et bonne humeur.

Si vous étiez un médicament ?

Je soignerais un large éventail de maladies tout en étant accessible au plus grand nombre.