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Antoine Prioux : « Je projette de créer un réseau de coopération pharmaceutique »

Publié le 20 septembre 2018
Par Francois Pouzaud
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Installé depuis 2016 à Bugeat, sur le plateau de Millevaches, en Corrèze, Antoine Prioux nourrit un projet de réseau de coopération pharmaceutique entre cinq pharmacies situées dans le périmètre de ce parc naturel. Elles ont déjà en commun d’adhérer à la maison de santé virtuelle « Millesoins », une SISA* dont il est le coordinateur.

Son projet de santé, Antoine Prioux l’écrit jour après jour. « Je suis en train de déployer la préparation des doses à administrer automatisée dans mon officine et la SPF-PL du réseau sera créée prochainement afin de mutualiser le service », annonce-t-il. Sur les cinq pharmacies du plateau de Millevaches, trois sont déjà prêtes à le suivre. « Deux titulaires sont très proches de la retraite, je recherche des acquéreurs intéressés par une installation en zone de revitalisation rurale et hautement compatibles avec mon projet », indique-t-il. Son modèle de réseau ressemble au final plus à une pharmacie multi-sites liés entre eux par une SPF-PL. « Celle-ci détiendrait 49,9 % des titres de chaque SEL de pharmacie. Concernant les futurs retraités, leurs successeurs n’auraient qu’à racheter leur participation dans la holding et au titre de gérant, les 50,1 % des titres détenus en direct », explique-t-il. Il y a pourtant un hic juridique : une SPF-PL ne peut détenir des participations que dans trois SEL au maximum. Qu’à cela ne tienne ! « J’ai l’intention de demander une dérogation à cette règle, au titre de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 sur les expérimentations organisationnelles innovantes du système de santé », souffle-t-il.

Se rémunérer sur la qualité du métier

Sur le plan stratégique, « la création de ce réseau pharmaceutique permettra de mutualiser les moyens, les compétences et les investissements à l’échelle du territoire de la maison de santé », expose-t-il. Il s’appuie sur un élément fondateur : sa start-up baptisée « Papillon », en référence à l’effet papillon, et son logiciel, développé en partenariat avec un éditeur spécialisé, qu’il compte bien déployer en dehors du plateau de Millevaches. Relié en circuit fermé au logiciel de la maison de santé virtuelle Millesoins, il permet par exemple une gestion cadencée et anticipée des préparations de renouvellements d’ordonnances de patients chroniques et du stock correspondant. « Le logiciel passe une commande spécifique pour ces patients, les médicaments sont ensuite rangés dans des barquettes nominatives et ils pourront être livrés à domicile en temps et en heure par La Poste. La pharmacie économise ainsi en stock, en manutention, diminue la file active à l’officine et libère du temps au pharmacien pour se consacrer à des actions à plus haute valeur ajoutée, telles que les entretiens individualisés avec le patient en zone de confidentialité. »

Pour gagner en efficience, Antoine Prioux va même demander la facturation en une fois des ordonnances renouvelables à l’Assurance maladie. Cette initiative n’a rien de mercantile, ce pharmacien souhaite être rémunéré sur la qualité de son métier, et non sur le nombre de boîtes délivrées. « Je souhaiterais mettre en place un protocole de dispensation pluriprofessionnelle, poursuit-il. Ainsi, le renouvellement de l’ordonnance au cabinet médical pourrait être précédé d’un bilan de médication en vue de réévaluer le traitement, de l’optimiser, de le modifier, au besoin d’enlever certains médicaments. » Conscient de la complexité de son projet, il se donne deux ans pour faire la preuve que son concept est vertueux et qu’il permettra de faire des économies de santé et de mieux soigner les patients. ■

* Société interprofessionnelle de soins ambulatoires

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BIO EXPRESS

1985 : Naissance à Limoges (Haute-Vienne)
2003 : Inscription en première année de pharmacie à la faculté de Limoges
2013 : Soutenance de thèse
2014 : Coordination du réseau Millesoins
2016 : Achat de son officine à Bugeat (Corrèze)
2017 : Création de la start up Papillon