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« Je voudrais en finir avec les poux ! »

Publié le 28 septembre 2018
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« À qui le produit est-il destiné ? » et, selon le cas, « Quel âge a l’enfant ? »,« Êtes-vous enceinte ? » orientent vers un produit adapté. « Avez-vous vu des poux ? des lentes ? » confirme ou infirme le diagnostic. Si des poux ont été repérés, « Avez-vous examiné les autres membres de la famille ? » permet d’établir une prise en charge familiale.

Rechercher certains critères

« Est-ce la première fois ? »,« Avez-vous déjà utilisé un traitement antipoux ? », si oui, « Lequel et comment ? » repèrent une utilisation inadéquate en quantité, une durée d’application non respectée ou l’absence de renouvellement du traitement après 10 jours. Il est en effet prudent de refaire systématiquement un traitement pour éliminer les poux issus de lentes non tuées par le 1er traitement.

2 J’évalue

Une infestation par les poux est gênante mais elle est le plus souvent bénigne.

Un traitement local bien utilisé, adapté à l’âge, permet le plus souvent d’en venir à bout. Un avis médical s’impose en cas de doute sur le diagnostic avec, notamment, une suspicion de dermite séborrhéique, de psoriasis… et en cas d’échec malgré plusieurs traitements locaux bien conduits.

3 Je passe en revue

Les insecticides

Ils sont neurotoxiques pour les poux mais induisent souvent des résistances. Effets indésirables : irritations, érythèmes, prurit, sensations de brûlure, surtout pour le malathion. Précautions : déconseillés lors de la grossesse et de l’allaitement. Limiter son usage, notamment chez les enfants. Il faut plusieurs applications pour éliminer les parasites du fait de résistances de plus en plus nombreuses, pour les pyréthrinoïdes en particulier.

• Pyréthrinoïdes de synthèse (phénothrine, dépalléthrine…). Généralement déconseillés avant l’âge de 2 ans ou de 30 mois. Les durées d’application préconisées vont de 5 minutes à 1 heure.

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Exemples : Hégor antiparasitaire, Item Anti-poux…

• Malathion (Prioderm). Insecticide organophosphoré non recommandé chez les moins de 2 ans. Il est inflammable. Durée d’application de 8 heures.

À action mécanique

Ces produits agissent par asphyxie ou par déshydratation, des modes d’action physique qui ne semblent pas induire de résistance. Globalement, ils sont bien tolérés, mais il faut faire attention à ne pas les inhaler directement en raison du risque de toxicité pulmonaire. Leur utilisation est possible dès l’âge de 6 mois et chez les femmes enceintes, sauf indication contraire du fabricant, notamment en présence d’huiles essentielles ou d’alcool.

• Diméticone. Cette molécule est la plus anciennement utilisée dans ce cadre et la mieux évaluée. C’est un dérivé siliconé – issu du silicium – non absorbé au niveau cutané, inflammable, qui pénètre dans les voies respiratoires des poux et des lentes et les tue par asphyxie. Il se rince difficilement, plusieurs shampoings sont souvent nécessaires.

• Myristate d’isopropyle. Ester d’acide gras (dans une formulation brevetée dans Apaisyl Xpert), Activdiol (1,2-octanediol, émollient entrant dans la formule brevetée de Pouxit Easy) et Oxyphthirine (formule brevetée à base de triglycérides dans Duo LP Pro) ont fait l’objet d’études cliniques, notamment versus perméthrine pour le myristate d’isopropyle et versus malathion pour l’Activdiol. Ils décollent la couche lipidique présente à la surface des poux et des lentes, induisant leur mort par déshydratation.

• Autres. Des huiles végétales ou minérales, des extraits de pépins de pamplemousse sont moins bien évalués mais ils peuvent être efficaces.

Les excipients jouent aussi un rôle en modifiant la capacité du produit à pénétrer rapidement dans les orifices respiratoires du parasite.

Autres solutions

• Peigne à poux mécanique. Son usage est contraignant car, pour une efficacité optimale, il est recommandé d’effectuer 2 à 3 passages méticuleux par jour durant 3 semaines et sur des cheveux mouillés ; ainsi le peigne glisse mieux et les poux se déplacent moins vite ! Le peigne peut en revanche compléter l’action d’un produit ou être passé de façon plus espacée, mais régulièrement, à titre préventif. Certains peignes ont des dents « micro-cannelées » qui détruisent les lentes. Exemples : Zap’X, Assy 2000…

• Peigne à poux électrique. Ce type de peigne s’utilise dès 3 ans, sur cheveux secs uniquement. Il est donc peu adapté aux cheveux épais, crépus ou frisés. Il envoie de mini-décharges électriques de faible intensité qui tuent les poux mais sont moins efficaces sur les lentes, plus petites. En « curatif », il nécessite un passage chaque jour de 10 minutes environ pendant au moins 15 jours d’affilée. Exemples : RobiComb, Quies, Zap’X Z100…

• Huiles essentielles. Tea-tree, clou de girofle, lavande, géranium… ont une efficacité mal évaluée.

4 Je choisis

Les antipoux à action mécanique offrent une meilleure balance bénéfices/risques du fait des nombreuses résistances et des effets indésirables des neurotoxiques.

Selon le patient

• Sujets asthmatiques. Pas de spray ni d’aérosol car risque de bronchospasme.

• Femmes enceintes ou allaitantes. Bannir les produits neurotoxiques, et tous ceux avec des huiles essentielles.

Selon la galénique

Les formes mousse ou gel, moins liquides, ne coulent pas et sont plus faciles à appliquer. Certaines galéniques nécessitent un simple rinçage – pas de shampoing – après le temps de pose. D’autres formules sont sans rinçage immédiat.

5 J’explique

Éradiquer les poux relève d’un traitement collectif rigoureusement synchronisé pour être efficace. Si d’autres membres de la famille sont touchés, il faut traiter tout le monde au même moment sous peine de se retrouver très vite avec une nouvelle infestation.

6 Je conseille

Repérer les parasites

• Les poux, de 1 à 3 mm de long, sont gris-beige, très mobiles, et malaisés à repérer. Peigner les cheveux à l’aide d’un peigne à poux, la tête penchée sur un lavabo blanc, peut les déloger. Partir de la racine des cheveux jusqu’à leur extrémité, en insistant sur la nuque et derrière les oreilles. S’il y a des poux, ils tombent dans le lavabo et se voient facilement. Vérifier ainsi les cheveux de tous les membres de la famille.

• Les lentes. Si aucun pou n’est mis en évidence, rechercher des lentes, qui peuvent passer au travers des dents des peignes. De couleur claire, elles ressemblent à des pellicules mais, à la différence de celles-ci, elles sont solidement fixées sur les cheveux, à moins d’un centimètre du cuir chevelu pour que la larve puisse rapidement se nourrir après éclosion. Les lentes « mortes » – après éclosion – se situent à plus d’un centimètre du cuir chevelu.

Modalités d’application

Les durées d’application peuvent aller de 10 minutes à 8 heures selon les produits.

• Action mécanique. Appliquer en quantité suffisante pour enrober complètement poux et lentes en insistant derrière la nuque et les oreilles, où se trouvent surtout les lentes. Compter des deux tiers à la totalité d’un flacon de 100 ml et même davantage sur cheveux mi-longs à longs. Passer systématiquement le peigne à poux ensuite pour éliminer les parasites morts et les lentes.

• Malathion, diméticone et certains autres « asphyxiants » sont inflammables : pas de sèche-cheveux ni de cigarette à proximité de la chevelure !

Vérifier l’efficacité

Contrôler systématiquement 10 jours après le premier traitement et, au moindre doute, refaire une application. Les lentes rescapées du premier traitement auront éclos et on tuera ainsi les jeunes poux avant qu’ils ne se reproduisent à leur tour.

Décontaminer l’environnement

Les poux sont détruits par un lavage en machine à 60 °C. Isoler les textiles qui ne se lavent pas à cette température durant 2 à 3 jours. Les poux ne survivent pas plus de 48 heures hors du cuir chevelu car ils ont besoin de repas fréquents. Les produits pour décontaminer l’environnement, à base de géraniol ou de pyréthrinoïdes, ont donc peu d’intérêt.

En prévention

Les répulsifs antipoux renferment des biocides – IR3535, Eucalyptus citriodora… – utilisés aussi contre les moustiques, ou parfois des huiles essentielles de lavande… L’efficacité répulsive de ces molécules sur les poux est peu ou mal évaluée.

Le contexte

L’infestation de la tête par les poux – ou pédiculose du cuir chevelu – est due à Pediculus humanus capitis, parasite spécifique de l’homme et qui n’est vecteur d’aucune maladie.

→ Les symptômes : démangeaisons, en particulier au niveau de la nuque et près des oreilles, déclenchées par la salive du pou injectée lors de son repas sanguin. Les complications infectieuses liées au grattage sont rares.

→ Cycle de vie : les poux vivent environ un mois et demi. Une femelle adulte pond au cours de sa vie plusieurs dizaines d’œufs, les lentes, solidement fixés à la base du cheveu et qui, après 6 à 9 jours, donnent de jeunes poux capables de se reproduire à leur tour après 2 semaines environ.

→ Transmission : les poux résistent à une immersion prolongée, lavage de cheveux, piscine… Leur présence n’est pas due à un manque d’hygiène. Ils se transmettent par contact proche à l’occasion de selfies ou de câlins, mais ils ne sautent pas ! La transmission indirecte par les bonnets, oreillers… est rare. Les poux ont besoin de s’accrocher et ne survivent pas plus de 24 à 48 heures loin du cuir chevelu car ils doivent se nourrir fréquemment.

Les autres poux !

→ Le pou du corps. Pediculus humanis corporus ressemble au pou de la tête mais vit dans les vêtements et la literie, et ne loge sur l’hôte que pour se nourrir, entraînant un prurit et parfois des lésions de grattage. Visible surtout chez des personnes en situation de précarité. Il peut être vecteur de maladies : fièvre récurrente à poux due à des Borrelia, typhus à poux dû à des Rickettsia.

Le traitement : c’est celui du linge et de la literie, qui sont à passer à la machine à 60 °C ou, à défaut, au sèche-linge.

Le pou du pubis ou morpion. Phtirus pubis est une infection sexuellement transmissible qui se manifeste par un prurit pubien intense. C’est la phtiriase, devenue rare. Plus trapu que le pou de la tête, en forme de crabe, il s’accroche à des poils plus épais que les cheveux, situés dans les régions pubienne et péri-anale, abdomen, cuisses, aisselles, barbe, cils et sourcils, rarement les cheveux.

Le traitement : le plus radical est le rasage des poils. L’application d’antipoux neurotoxiques – les mêmes que ceux destinés au cuir chevelu – est parfois proposée, mais avec un risque potentiel de résistance. Faute d’évaluation de leur tolérance sur la zone pubienne, il est délicat de proposer des produits asphyxiants. Un avis médical en vue d’un traitement par ivermectine orale (Stromectol) peut être conseillé.