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Demain, le retour du statut d’herboriste ?
À l’initiative du Sénat, la mission d’information sur le développement de l’herboristerie en France a rendu son rapport le 26 septembre dernier.
Parmi les recommandations, l’élargissement de la liste des plantes hors monopole pharmaceutique et une réflexion sur le retour d’un statut d’herboriste.
pourquoi un rapport sur les plantes ?
Le rapport « Les plantes médicinales et l’herboristerie : à la croisée de savoirs ancestraux »(1) émane de la mission d’information sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, constituée en avril 2018 sur proposition de Joël Labbé, écologiste rattaché au groupe Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) du Sénat. Son objectif est d’accompagner l’essor actuel de la filière plantes, « reflet d’une demande croissante d’une partie de la population pour des soins perçus comme plus naturels », et notamment porté par les secteurs des compléments alimentaires et de l’aromathérapie. Prenant en compte les enjeux sociétaux liés à la santé, et l’opportunité de développement des territoires par diversification du monde agricole en métropole et outre-mer, le rapport émet 39 propositions pour restructurer la filière, dont l’aménagement du cadre réglementaire de l’herboristerie.
Quelle est la situation actuelle ?
Depuis la disparition en 1941 du diplôme d’herboriste, la vente des plus de 500 plantes médicinales de la Pharmacopée(2) entre dans le monopole pharmaceutique, sauf pour 148 d’entre elles qui, en raison de leur usage alimentaire, peuvent être vendues hors pharmacies. Pour autant, bien d’autres sont en vente libre, en grande surface, en boutiques spécialisées ou sur Internet, sous la forme de compléments alimentaires – pouvant contenir une des 541 plantes autorisées(3) – ou d’huiles essentielles, sauf 15 réservées aux pharmaciens en raison d’un rapport bénéfice/risque négatif (voir Code de la santé publique).
Que recommande le rapport ?
Notamment, élargir la liste des plantes hors monopole pharmaceutique à d’autres plantes « des outre-mer ou ne présentant pas de risque d’emploi, en étudiant la possibilité de compléter [cette liste] de leurs usages traditionnels reconnus et validés concernant « les petits maux du quotidien » ». Et définir un cadre d’évaluation des allégations de santé. « L’idée est de libéraliser certaines plantes médicinales qui ne posent pas de problème de santé publique, de reconnaître une situation de vente libre et de sécuriser avec davantage de contrôle et d’informations validées pour le consommateur », explique Joël Labbé. Quant à la liste des plantes concernées, « ce n’est pas la compétence du Sénat. Nous proposons un réexamen de cette liste mais celui-ci est du ressort des autorités sanitaires et réglementaires ».
Envisage-t-il un retour de l’herboriste ?
D’après le rapport, la demande croissante de produits à base de plantes « ne trouve pas toujours l’écho suffisant chez les professionnels de santé en raison, souvent, d’un manque de connaissances ». Ce que confirme le rapporteur : « C’est une tonalité générale, relayée par la majorité des personnes auditionnées, y compris les professionnels de santé. » La mission recommande de consolider le déploiement de diplômes universitaires en phyto-aromathérapie et d’ouvrir le débat sur un retour du métier d’herboriste assorti de formations reconnues et encadrées. Ce qui pourrait donner une légitimité et des compétences complémentaires à d’autres professionnels, des herboristes de comptoir exerçant en boutiques spécialisées ou des paysans herboristes producteurs/cueilleurs.
Que dit l’ordre des pharmaciens ?
Auditionnée par la mission le 11 juillet 2018, Carine Wolf-Thal, présidente du conseil de l’Ordre, a rappelé que « soin par les plantes » ne signifie pas « sans danger », et qu’il existe une confusion des patients entre finalité médicale, alimentaire et bien-être. Que le pharmacien, par sa formation, est le mieux à même de répondre à la demande en évitant tout risque pour la santé publique. « Il possède le droit de refuser la délivrance si l’intérêt du patient lui paraît l’exiger. Des garanties déontologiques permettent d’assurer que le pharmacien délivrera le produit approprié. Il n’est pas dit qu’il en sera de même pour un circuit basé sur la seule vente des plantes. »
Quel est le calendrier à venir ?
La mission a proposé la constitution d’un groupe de travail pour continuer la réflexion. « Je souhaite à titre personnel qu’il aboutisse à une proposition de loi », a déclaré Joël Labbé. Le point sensible d’un nouveau statut d’herboriste et d’une formation adaptée fera l’objet de nouvelles concertations avec les acteurs concernés.
(1) Sur www.senat.fr>Travaux parlementaires>Commissions>Missions d’information.
(2) Liste sur ansm.sante.fr/Mediatheque/Publications/Pharmacopee-francaise-Substances-d-origine-vegetale
(3) Journal officiel du 17 juillet 2014.
NOS EXPERTS INTERROGÉS
→ La Mission sénatoriale d’information sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales.
→ Joël Labbé, sénateur du Morbihan, membre de la commission des affaires économiques, vice-président de la délégation sénatoriale aux entreprises, auteur du rapport « Les plantes médicinales et l’herboristerie : à la croisée de savoirs ancestraux ».
Repères
→ 1941 : disparition en France du statut d’herboriste.
→ 2011 : proposition de loi rétablissant le diplôme d’herboriste, restée sans suite.
→ 2018 : constitution de la mission sénatoriale d’information sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales.
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