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Publié le 13 décembre 2018
Par Francois Pouzaud
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Le remboursement des préservatifs est-il selon vous une bonne mesure ?

La prise en charge par l’Assurance maladie de préservatifs va dans le droit fil de la politique du groupement Pharmavie auquel j’appartiens. Notre action dans la lutte contre le Sida a commencé il y a plus de 25 ans avec le préservatif à 1 franc et elle ne s’est jamais arrêtée depuis, puisque Pharmavie propose dans la gamme PharmaPrix une boîte de 12 préservatifs à 2 €. Pour un jeune ou quand on présente des risques particuliers, aller voir son médecin pour se faire prescrire un préservatif remboursé est intéressant à plus d’un titre. La personne a la possibilité d’en parler au médecin, d’être informée sur les maladies sexuellement transmissibles, les bonnes pratiques pour s’en protéger, etc. Sans cette consultation, cet échange n’aurait pas forcément lieu. De plus, la remise d’une prescription à un jeune permet à l’officine d’avoir une démarche discrétionnaire.

Le remboursement du préservatif est une bonne initiative du gouvernement. S’il peut contribuer à renforcer la prévention des infections sexuellement transmissibles auprès des plus jeunes peu sensibilisés aux infections par le VIH, c’est très bien. Je le vois auprès de ma jeune patientèle et dans les mentalités. Pour elle, le Sida, ce n’est pas grave, c’est une maladie chronique qui se soigne très bien. Elle prendrait un traitement contre le VIH comme une simple pilule. Il est donc important de communiquer autour du remboursement du préservatif afin de la responsabiliser. Jusqu’ici, la nouvelle du remboursement ne semble pas parvenue aux oreilles de tout le monde, aucun client ne m’en a parlé.

Mathilde Morois, Charleville-Mézières (Ardennes)

Après le remboursement de certains substituts nicotiniques, c’est au tour des préservatifs d’être pris en charge par la Sécu et de rentrer dans le droit commun. On ne peut que se réjouir de cette décision qui s’inscrit dans une logique de prévention des infections sexuellement transmissibles, enjeu majeur de santé publique. Elle offre l’occasion de redynamiser l’image du préservatif et de développer son utilisation auprès de générations de l’après 2000 qui n’ont pas connu les années 80, quand l’épidémie du Sida s’est déclarée. Manquant de repères historiques, les jeunes d’aujourd’hui sont moins sensibles aux discours de prévention mais la prescription d’un préservatif est l’occasion d’expliquer son intérêt et de porter un message de prévention. En revanche, sur le plan de la morale, je peux comprendre que certains professionnels de santé et certaines personnes désapprouvent cette mesure qui banalise le préservatif.

 

 

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