- Accueil ›
- Formation ›
- Cahiers Conseil ›
- Urgences à l’officine
Urgences à l’officine
MALAISES
Géronte, sous gliclazide 60 mg, bien connu de la pharmacie :– Puis-je m’asseoir ? Je me sens mal… Je n’ai pas déjeuné ce matin car j’étais barbouillé.– Vous avez pris vos médicaments quand même ?– Oui, comme chaque matin.– C’est très bien, mais si exceptionnellement vous ne prenez pas de petit-déjeuner, décalez la prise de gliclazide au repas du midi. Sinon vous risquez de faire une hypoglycémie ! Je vous donne du sucre pour commencer. Le malaise est un syndrome de gêne et de faiblesse inhabituelles. Les causes sont multiples.
HYPOGLYCÉMIE
LA VALEUR SEUIL DE L’HYPOGLYCÉMIE VARIE D’UN INDIVIDU À L’AUTRE. CHEZ LE DIABÉTIQUE, L’HYPOGLYCÉMIE EST DÉFINIE PAR UN TAUX DE GLUCOSE DANS LE SANG < &THINSP; 0,7 G/L (3,9 &THINSP; MMOL/L).
RECONNAÎTRE
Signes liés à la production d’adrénaline : sueurs, pâleur, tachycardie, tremblements, sensation de faim, fourmillements, anxiété.
Signes provoqués par l’insuffisance de glucose au niveau du système nerveux : asthénie, « jambes en coton », bâillements, vertiges, difficultés d’élocution, céphalées, agressivité, troubles de la vision.
Les hypoglycémies apparaissent presque exclusivement chez le diabétique :
&NDASH; PATIENT SOUS INSULINE : ERREUR DE DOSE, ACTIVITÉ PHYSIQUE SOUS-ESTIMÉE, ERREURS ALIMENTAIRES, PRISE D’ALCOOL OU DE MÉDICAMENTS HYPOGLYCÉMIANTS (ASPIRINE À FORTE DOSE, FLUOXÉTINE, TRAMADOL, IEC…).
&NDASH; PATIENT SOUS ANTIDIABÉTIQUE ORAL (SURTOUT SULFAMIDES HYPOGLYCÉMIANTS ET RÉPAGLINIDE) : ASSOCIATION DE PLUSIEURS HYPOGLYCÉMIANTS, PRISE D’ALCOOL, ACTIVITÉ PHYSIQUE IMPORTANTE OU ALIMENTATION INSUFFISANTE.
Toute hypoglycémie chez un non-diabétique nécessite la recherche de son étiologie.
Attention : les symptômes de l’hypoglycémie ressemblent à ceux de l’accident vasculaire cérébral (voir encadré p. 3).
AGIR
PATIENT CONSCIENT
Resucrage. Si le patient est conscient, l’aider à réaliser lui-même son resucrage : cela permet de vérifier son état de conscience et d’éviter les fausses routes. Proposer l’équivalent de 15 g de glucides d’index glycémique élevé, soit 3 morceaux de sucre (1 sucre pour 20 kg de poids chez l’enfant), 150 ml de soda ou de jus de fruits sucré, ou encore 1 cuillère à soupe de miel ou de confiture. A consommer seuls pour exercer leur effet hyperglycémiant. La glycémie est contrôlée 10 à 20 minutes après le resucrage (si elle ne remonte pas, demander un avis médical).
Repas ou collation. Si le repas n’est pas rapidement pris après l’hypoglycémie, une collation est nécessaire pour éviter une récidive : 15 à 20 g de glucides d’index glycémique faible, soit une tranche de 30 g de pain, 3 biscuits secs, un fruit cru ou 2 ou 3 carrés de chocolat noir.
Un avis médical est nécessaire pour les patients sous insuline lente (risque d’effet rebond).
PATIENT INCONSCIENT
PLS. Si le patient est inconscient ou incapable de déglutir, il doit être mis en position latérale de sécurité (PLS) en attendant les secours.
Glucagon (réservé aux patients sous insuline). Une injection de glucagon par voie sous-cutanée ou intramusculaire peut être réalisée par l’entourage du patient, ou par l’équipe officinale après avis du Samu-Centre 15. Le glucagon augmente la glycogénolyse hépatique, diminue la glycogenèse, inhibe la glycolyse et stimule la néoglycogenèse.
Après 10 minutes, si le patient a repris connaissance et est capable de déglutir, lui faire prendre 15 g de sucre et une collation pour éviter une récidive. Sinon l’administration de glucose par un médecin est nécessaire.
MALAISE VAGAL
RECONNAÎTRE
Le patient est pâle, nauséeux, en sueur. Il a l’impression qu’il va « tomber dans les pommes ». Sa vue se brouille et ses oreilles bourdonnent. Son pouls descend sous la normale (tableau p. 10).
Le malaise vagal peut aller jusqu’à la syncope (perte de connaissance temporaire).
Il apparaît dans une situation de stress ou de violentes douleurs : l’excès de stimulation du nerf vague entraîne un ralentissement du rythme cardiaque, d’où une baisse de la tension artérielle et de l’apport d’oxygène au cerveau.
AGIR
Mesurer les constantes (voir p. 10) et allonger le patient en lui surélevant les jambes pour améliorer la perfusion cardio-pulmonaire et cérébrale.
Le patient peut se relever doucement (pour limiter les risques de chutes) si sa fréquence cardiaque est normale (sinon contacter le Centre 15).
CRISE CONVULSIVE GÉNÉRALISÉE
ELLE PEUT SURVENIR DANS DIFFÉRENTS CONTEXTES : ÉPILEPSIE, FIÈVRE ÉLEVÉE OU VARIATION RAPIDE DE LA TEMPÉRATURE, HYPOGLYCÉMIE…
RECONNAÎTRE
LA CRISE TONICOCLONIQUE SE CARACTÉRISE PAR UNE PERTE DE CONNAISSANCE AVEC CHUTE, MOUVEMENTS CONVULSIFS, MORSURE ÉVENTUELLE DE LA LANGUE. PUIS LE PATIENT REPREND PROGRESSIVEMENT CONSCIENCE AVEC UNE CERTAINE CONFUSION ET UN RELÂCHEMENT DES SPHINCTERS (PERTE D’URINE POSSIBLE).
AGIR
PENDANT LA CRISE
Protéger la victime en éloignant les objets qui pourraient la blesser, en amortissant les chocs. Ne rien lui mettre dans la bouche et s’éloigner pour ne pas prendre de coups.
APRÈS LES CONVULSIONS
Mettre la victime en PLS et la couvrir. Noter la durée de la crise.
REPRISE DE CONNAISSANCE
RASSURER LA VICTIME ET PRENDRE UN AVIS AUPRÈS DU CENTRE 15. NE DONNER NI MÉDICAMENT NI À BOIRE.
INFOS CLÉS
INFOS CLÉS
● Hypoglycémie : - patient conscient : l’aider à se resucrer et contrôler sa glycémie ; - patient inconscient : le mettre en PLS et suivre les conseils téléphoniques du Samu-Centre 15.
● Malaise vagal : allonger le patient en surélevant ses jambes et le surveiller.
● Crise d’épilepsie : protéger le patient, puis le mettre en PLS en attendant les secours.
TESTEZ-VOUS
testez-vous
Une victime doit être mise en PLS :
A) ABSOLUMENT DU CÔTÉ DROIT
B) ABSOLUMENT DU CÔTÉ GAUCHE
C) D’UN CÔTÉ OU DE L’AUTRE
RÉPONSE : C) SAUF CHEZ LA FEMME ENCEINTE ET LA PERSONNE OBÈSE, QU’IL VAUT MIEUX PLACER SUR LE CÔTÉ GAUCHE.
DOULEURS THORACIQUES
Une personne entre dans la pharmacie, affolée, avec un homme d’une soixantaine d’années :- Ce monsieur n’a pas l’air bien du tout ! Vous pouvez l’aider ?Le pharmacien se dirige vers l’homme, le fait asseoir :- Que vous arrive-t-il, monsieur ?- J’ai mal dans la poitrine. – Je vais prendre un avis médical, mais est-ce la première fois ? Depuis combien de temps avez-vous mal ?
TOUTE DOULEUR THORACIQUE DOIT ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME UN SYNDROME CORONARIEN AIGU JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE.
AGIR
Mettre au repos la personne en l’asseyant (au sol pour éviter toute chute). Faciliter la ventilation : desserrer col, cravate, ceinture.
Poser les cinq questions suivantes : « Est-ce la première fois ? », « Depuis combien de temps avez-vous mal ? », « Quel âge avez-vous ? », « Avez-vous déjà été hospitalisé ou gravement malade à la suite de ce type de malaise ? », « Avez-vous un traitement en cours ? ».
Rechercher les signes de gravité : pâleur intense (surtout au niveau des muqueuses), sueurs, nausées, vomissements, difficulté à respirer… Faire décrire la douleur par le patient.
Mesurer les constantes :
– fréquence ventilatoire (voir tableau p. 10) ;
– fréquence cardiaque ;
– pression artérielle (toutefois, les appareils sont moins fiables en cas de valeurs basses : préciser au médecin régulateur si l’appareil se met en erreur). Un appareil manuel serait dans ce cas utile.
Appeler le Centre 15. Surveiller la victime.
En attendant les secours, être prêt à pratiquer une réanimation cardiopulmonaire, avec un défibrillateur automatisé externe (DAE), si l’appareil est disponible rapidement (voir encadré ci-dessous).
Si la pharmacie est équipée, le médecin régulateur peut demander la mise sous oxygène de la victime (9 l/min).
ÉTIOLOGIES POSSIBLES
INFARCTUS DU MYOCARDE
PHYSIOPATHOLOGIE
Il correspond à la nécrose plus ou moins importante du muscle cardiaque, généralement consécutive à l’obstruction brutale d’une artère coronaire (rupture d’une plaque d’athérome entraînant la formation d’un thrombus).
Le pronostic dépend de la zone atteinte et de la rapidité de la prise en charge.RECONNAÎTRE
La douleur est souvent décrite comme une sensation de compression du thorax par un étau. Intense et angoissante, elle survient brutalement et persiste. Elle irradie parfois tout l’avant-bras jusqu’au cou et la mâchoire.
Cette douleur s’accompagne souvent d’une difficulté à respirer, de sueurs, ainsi que de nausées, voire de vomissements.
La douleur d’un infarctus du myocarde n’est pas toujours présente, en particulier chez la femme, chez qui elle est plus diffuse. Les signes évocateurs chez la femme sont atypiques : essoufflement ou palpitations à l’effort et parfois au repos, associés à une forte fatigue persistante (souvent confondue avec une crise d’angoisse), nausées, vomissements, sueurs, douleurs dans le creux de l’estomac (confondus avec des troubles digestifs).
Dans tous les cas, un électrocardiogramme est nécessaire pour confirmer le diagnostic.
ANGOR
PHYSIOPATHOLOGIE
La crise d’angor provient d’un déséquilibre entre les besoins et les apports en oxygène du myocarde. Elle fait suite à une sténose des coronaires, due le plus souvent à une plaque d’athérome.
L’angor stable correspond à une insuffisance coronaire chronique.
L’angor devient instable en cas d’obstruction d’une artère coronaire, provoquée par la rupture d’une plaque d’athérome s’accompagnant d’une inflammation et d’une thrombose..RECONNAÎTRE
La douleur de l’angor est la même que celle de l’infarctus : une douleur rétrosternale (au centre de la poitrine) irradiant souvent vers l’avant-bras et la mâchoire.
La plupart du temps, le patient dispose de trinitrine (spray ou comprimé à sucer) sur lui. La trinitrine est indiquée pour son effet vasodilatateur.
Mesurer la tension artérielle. Si la tension artérielle est basse, ne pas donner la trinitrine sans avis médical.
En cas de crise ne cédant pas à la prise de trinitrine, contacter le Centre 15 en précisant la présence de signes de gravité : crise ne cédant pas après la prise de trinitrine, présence de signes inhabituels (vomissements, douleur irradiant les bras, essoufflement…), augmentation de la fréquence des crises ou crises survenant au repos sur un angor d’effort, douleur angineuse après un infarctus (risque d’infarctus du myocarde).AUTRES
EMBOLIE PULMONAIRE
Elle est une complication de la thrombose veineuse profonde. Elle fait suite à la migration d’un thrombus veineux des membres inférieurs vers une artère pulmonaire ou l’une de ses branches.
On observe classiquement trois tableaux d’embolie pulmonaire :&NDASH; L’INFARCTUS PULMONAIRE, QUI SE CARACTÉRISE PAR UNE DOULEUR INTENSE ET SOUDAINE, « EN COUP DE POIGNARD ». LE PATIENT CRACHE SOUVENT UN PEU DE SANG. LA FIÈVRE ET LA TOUX SONT GÉNÉRALEMENT MODÉRÉES. LA DYSPNÉE EST LE PLUS SOUVENT SECONDAIRE ;
&NDASH; LA DYSPNÉE ISOLÉE, BRUTALE ET AUGMENTANT À L’EFFORT ;
&NDASH; LA SYNCOPE, MOINS FRÉQUENTE.
Une chirurgie récente, l’alitement, la grossesse et le post-partum, un voyage en avion de plus de 6 heures, la contraception hormonale… sont des facteurs de risque de thrombose veineuse.
Dans tous les cas, alerter immédiatement le Centre 15. Dissection aortique
Elle correspond à une déchirure au niveau de la paroi de l’aorte.
Décrite comme un coup de couteau, la douleur est aiguë, spontanée, irradiante entre les omoplates et jusque dans les lombaires ou l’abdomen. Son intensité est comparable à celle de la colique néphrétique. Elle est sans lien avec un effort.
Alerter immédiatement le Centre 15 et installer le patient dans la position qui lui fait le moins mal.PÉRICARDITE AIGUË
Elle correspond à une inflammation du péricarde, avec épanchement ou non.
Brutale et oppressive, la douleur survient dans un contexte fébrile. Le plus souvent bénigne, la péricardite est traitée par du repos et par la prise d’anti-inflammatoires, parfois associée à un traitement étiologique.
En attendant les secours, comme pour toutes les douleurs thoraciques, le patient est installé en position assise (atténuation de la douleur). INFOS CLÉS
INFOS CLÉS
● Toute douleur thoracique doit faire suspecter un syndrome coronarien aigu et nécessite une prise en charge la plus rapide possible. En pratique, ne pas chercher une étiologie, mais agir.
● Dans l’attente des secours, être prêt à faire face à un possible arrêt cardiaque.TESTEZ-VOUS
testez-vous
Le massage cardiaque alterne :A) 10 COMPRESSIONS THORACIQUES ET 2 INSUFFLATIONS
B) 15 COMPRESSIONS THORACIQUES ET 2 INSUFFLATIONS
C) 30 COMPRESSIONS THORACIQUES ET 2 INSUFFLATIONS
Réponse : c.
RÉANIMATION CARDIO-PULMONAIRE
Réanimation cardio-pulmonaire
● &THREEPEREMSPACE; LA RÉANIMATION CARDIO-PULMONAIRE NE DOIT ÊTRE ENTREPRISE QUE SI LA PERSONNE EST INCONSCIENTE ET SI ELLE NE RESPIRE PAS OU RESPIRE MAL (AU MOINS 2 MOUVEMENTS EN 10 SECONDES). LIBÉRER LES VOIES AÉRIENNES PAR BASCULE DE LA TÊTE EN ARRIÈRE ET APPROCHER L’OREILLE DU NEZ DE LA VICTIME EN REGARDANT L’ABDOMEN POUR ÉCOUTER OU SENTIR LA RESPIRATION SUR LA JOUE OU OBSERVER LES MOUVEMENTS RESPIRATOIRES DE L’ABDOMEN.
● &THREEPEREMSPACE; FAIRE APPELER LE CENTRE 15 ET DÉBUTER DES COMPRESSIONS THORACIQUES, LA VICTIME ALLONGÉE SUR LE SOL (OU UN PLAN DUR DE PRÉFÉRENCE) : 30 COMPRESSIONS PROFONDES DE 5 À 6 CM, LES DEUX MAINS PLACÉES AU MILIEU DE LA POITRINE AU NIVEAU DU STERNUM, À ALTERNER AVEC 2 INSUFFLATIONS (AVEC UN MASQUE DE PROTECTION ; EN L’ABSENCE DE MASQUE, SEUL LE MASSAGE EST EFFECTUÉ). CHEZ L’ENFANT ET LE NOURRISSON, COMMENCER PAR 5 INSUFFLATIONS ET VÉRIFIER L’ABSENCE DE RESPIRATION AVANT LES COMPRESSIONS. EN PRÉSENCE DE PLUSIEURS SECOURISTES, SE RELAYER TOUTES LES 2 MINUTES.
● &THREEPEREMSPACE; SI UN DÉFIBRILLATEUR AUTOMATISÉ EXTERNE (DAE) EST DISPONIBLE À PROXIMITÉ, DEMANDER À UN TÉMOIN D’ALLER LE CHERCHER ET SUIVRE LES CONSIGNES VOCALES DE L’APPAREIL : &NDASH; METTRE LE DAE EN MARCHE ; &NDASH; COLLER LES ÉLECTRODES SUR LA PEAU DU TORSE (SI LE TORSE EST TROP VELU, UN KIT DE RASAGE EST PRÉSENT DANS L’APPAREIL) : LE DAE ANALYSE LE RYTHME CARDIAQUE DE LA VICTIME ET DÉTERMINE SI UN CHOC ÉLECTRIQUE EST NÉCESSAIRE ; &NDASH; S’ASSURER QUE PERSONNE NE TOUCHE LA VICTIME PENDANT L’ANALYSE COMME LORS DE LA DÉLIVRANCE D’UN CHOC ; &NDASH; TOUT CHOC DÉLIVRÉ EST OBLIGATOIREMENT SUIVI DE 2 MIN DE RÉANIMATION (COMPRESSIONS/INSUFFLATIONS), L’APPAREIL FAISANT UNE ANALYSE TOUTES LES 2 MIN ; &NDASH; SUIVRE LES INSTRUCTIONS DE L’APPAREIL ET CONTINUER LA RÉANIMATION JUSQU’AU RELAIS PAR LES SECOURS OU JUSQU’À CE QUE LA VICTIME RESPIRE (LA METTRE ALORS EN PLS).
microgen /istock
TRAUMATISMES
Le cuisinier du coin de la rue entre dans la pharmacie en se tenant le doigt enroulé dans un tissu :– Je viens de m’entailler le doigt. Pourriez-vous me faire un pansement ?- Je vais regarder comment se présente la plaie… Elle est profonde et à proximité d’une articulation. Vous avez besoin d’un avis médical ! En attendant, je vais protéger la plaie. Vous pouvez bouger vos doigts ? Vous sentez encore le bout de vos doigts ?
PLAIES
CRITÈRES DE GRAVITÉ
Une consultation médicale est impérative pour :
– une plaie profonde au niveau des mains, des articulations, des tendons ou du visage en présentant un risque fonctionnel et/ou esthétique ;
– une plaie survenant chez un diabétique ou une personne âgée, chez qui la cicatrisation est plus longue ;
– la présence d’un corps étranger ne partant pas au lavage ;
– une plaie profonde, notamment au niveau du thorax, de l’abdomen ou du globe oculaire, qui nécessite l’intervention du Samu.
AGIR
Avant tout geste réalisé à l’officine, prévenir un accident d’exposition au sang en se protégeant avec des gants (après s’être lavé les mains).
Seules les plaies superficielles ou sans gravité chez un patient à jour dans ses vaccinations antitétaniques peuvent entièrement être prises en charge à l’officine.PLAIE SIMPLE
Laver. Une plaie simple nécessite un lavage à l’eau et au savon, suivi d’un rinçage et de l’application d’un antiseptique.
La protéger à l’aide d’un pansement.
Prévenir le tétanos. Interroger le patient sur son statut vaccinal contre le tétanos. En l’absence de vaccination, ou si celle-ci est incomplète ou douteuse, orienter la victime vers un médecin pour mettre à jour la vaccination antitétanique et réaliser éventuellement une injection d’immunoglobuline humaine tétanique pour prévenir le risque.PLAIE GRAVE
Laver. En attendant un avis médical, laver la plaie au sérum physiologique ou à l’eau, la protéger avec une compresse, puis allonger si besoin la victime et la couvrir.
Installer la victime. Deux cas particuliers :
– plaie profonde au niveau de l’abdomen : installer la victime en position allongée, jambes fléchies ;
– plaie profonde au thorax : la victime doit être en position demi-assise.
Attention ! Certains gestes sont à proscrire : ne pas désinfecter ou retirer un corps étranger.
En cas de section d’un membre, un doigt, par exemple, arrêter l’hémorragie (voir encadré page 7) et mettre le membre dans une compresse, puis l’envelopper dans un sachet en plastique lui-même placé dans un sac en plastique rempli de glaçons ou d’un accumulateur de froid.BRÛLURES
CRITÈRES DE GRAVITÉ
LA GRAVITÉ D’UNE BRÛLURE DÉPEND DE SON ÉTENDUE, DE SA PROFONDEUR ET DE SA LOCALISATION. UNE BRÛLURE EST CONSIDÉRÉE COMME GRAVE LORSQUE &THINSP; :
– la surface totale des cloques est supérieure à la moitié de la paume de la main de la victime ;
– il s’agit d’une brûlure du 2e degré profond ou du 3e degré ;
– elle est située au niveau des plis, des orifices naturels (bouche, périnée…), des yeux ;
– le patient est un nourrisson ou un enfant présentant même une rougeur peu étendue, un patient diabétique, une personne âgée ;
– elle est due à un produit acide ou basique, sauf si la zone atteinte est très petite.AGIR
Seule une brûlure ne présentant pas de signe de gravité chez un patient dont la vaccination antitétanique est à jour peut être prise complètement en charge à l’officine.
BRÛLURES BÉNIGNES
Brûlure thermique : placer la zone atteinte sous le jet du robinet d’eau tempérée pendant au moins 5 minutes, pour limiter la propagation de la brûlure et pour un effet antalgique. La brûlure est ensuite désinfectée puis recouverte par une crème cicatrisante, par exemple. Ne pas retirer les vêtements.
Brûlure chimique : laver immédiatement et abondamment la zone atteinte à l’eau jusqu’à l’arrivée des secours, après avoir retiré les vêtements contaminés (sauf s’ils adhèrent à la peau).BRÛLURES PRÉSENTANT AU MOINS UN SIGNE DE GRAVITÉ
EN ATTENDANT L’ARRIVÉE DES SECOURS :
– refroidir la brûlure avec l’eau du robinet en suivant les instructions du médecin régulateur ;
– protéger la zone atteinte en réalisant un enveloppement d’urgence si possible (compresses non tissées maintenues par un filet tubulaire à mailles élastiques large) ;
– si la surface atteinte est importante, allonger la victime du côté non brûlé et la couvrir ;
– surveiller la victime en mesurant sa tension artérielle, son pouls et sa fréquence ventilatoire.TRAUMATISMES
Ils nécessitent souvent une prise en charge médicale.
TRAUMATISME CRÂNIEN
UN TRAUMATISME CRÂNIEN APRÈS UN CHOC AU NIVEAU DE LA TÊTE SE CARACTÉRISE PAR UN OU PLUSIEURS SIGNES PARMI LES SUIVANTS : DOULEUR DIFFUSE OU LOCALISÉE, PRÉSENCE D’UNE BOSSE, D’UNE PLAIE OU D’UN HÉMATOME, OTORRAGIE OU ÉPISTAXIS, TROUBLES DE LA CONSCIENCE, VOMISSEMENTS, CONVULSIONS, PHOTOPHOBIE, CÉPHALÉES, TROUBLES MOTEURS.
FACTEURS DE GRAVITÉ
UN QUESTIONNEMENT DE LA VICTIME OU DE L’ENTOURAGE PERMET DE REPÉRER LA PRÉSENCE DE SIGNES DE GRAVITÉ, PAS TOUJOURS EN RAPPORT AVEC LA VIOLENCE DU CHOC, IMPOSANT L’APPEL DU CENTRE 15 :
– patient inconscient ou présentant des troubles de la conscience (somnolence, par exemple) ;
– notion de cinétique violente, notamment la hauteur de la chute : supérieure à 2 fois la taille de la personne ;
– perte de connaissance initiale ou amnésie du choc ;
– convulsions ;
– vomissements tardifs ;
– troubles de la vue, de la parole, de l’équilibre ou du comportement ;
– otorragie ou épistaxis.AGIR
Prendre un avis médical. Selon les signes de gravité ou en cas de doute, une personne ayant subi un traumatisme crânien est orientée vers un médecin ou un service d’urgence (appel du Centre 15).
Si la victime est consciente, l’allonger et la couvrir ;
Si la victime est inconsciente, libérer ses voies aériennes et l’installer en position latérale de sécurité (voir p. 2), en la couvrant et en surveillant ses constantes (voir p. 10). Attention ! Chez un nourrisson, il ne faut pas basculer la tête en arrière pour libérer les voies aériennes, mais ramener la tête en position neutre. Pas de PLS chez les tout-petits : il est préférable de les prendre dans les bras.ENTORSES
UNE ENTORSE EST UNE LÉSION LIGAMENTAIRE SURVENANT APRÈS LE MOUVEMENT FORCÉ D’UNE ARTICULATION POUVANT ALLER DU SIMPLE ÉTIREMENT À LA RUPTURE DU LIGAMENT.
FACTEURS DE GRAVITÉ
Les critères de gravité d’une entorse, faisant suspecter une lésion associée, sont : l’impression d’un craquement lors du choc, l’impossibilité de poser le pied par terre, un gonflement immédiat en œuf de pigeon.
AGIR
En attendant un avis médical, appliquer le protocole Grec (glace, repos, élévation, compression) :
– refroidir l’articulation à l’aide de glace pendant 20 minutes environ pour un effet anti-œdémateux, anti-inflammatoire et antalgique ;
– mettre au repos le membre atteint ;
– surélever le membre pour faciliter le retour veineux et limiter la formation de l’œdème ;
– sur avis médical, mettre en place une compression pour limiter l’œdème et stabiliser l’articulation (pose d’une bande cohésive).FRACTURES
En cas de choc, une fracture est suspectée devant une impossibilité de bouger totalement ou partiellement le membre atteint, une douleur très importante (avec sensation nauséeuse), un gonflement et/ou une déformation.
En attendant l’arrivée des secours, ne pas déplacer la victime et immobiliser le membre atteint uniquement s’il s’agit du membre supérieur (ne pas bouger le membre inférieur). Couvrir la victime, surveiller ses constantes (pression artérielle, fréquences respiratoire et cardiaque) et son état de conscience et la laisser à jeun, comme toutes les victimes.
Dans le cas d’une fracture ouverte, protéger également la plaie avec des compresses.
INFOS CLÉS
● Plaies : – ne pas retirer de corps étranger qui ne part pas après lavage ; – ne pas désinfecter une plaie grave ; – interroger la victime sur son statut sérologique vis-à-vis du tétanos.
● Brûlures : refroidir la zone atteinte directement.
● Fractures : ne pas déplacer la victime sauf en cas de danger immédiat.QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
Une femme, affolée, se présente à l’officine :
– Mon fils de 6 ans vient de tomber et de se casser une dent. Dois-je l’emmener aux urgences ?
– S’agit-il d’une dent de lait ou d’une dent définitive ?
– D’une dent de lait.
– Dans ce cas, ne vous inquiétez pas : vous n’avez rien à faire de particulier.
Votre confrère a-t-il bien répondu ?
Réponse : non, il aurait dû dire à la patiente d’emmener son fils chez le dentiste. Ce dernier aurait fait une radiographie afin de vérifier l’intégrité de la racine. Si la dent fracturée avait été une dent définitive, il aurait fallu la conserver avec un peu de salive dans du sérum physiologique ou du lait (ni alcool ni glace), après l’avoir brièvement rincée à l’eau claire (sans frotter) pour éliminer les éventuelles souillures.QUE FAIRE EN CAS D’HÉMORRAGIE ?
Que faire en cas d’hémorragie ?
● En l’absence de fracture ou de corps étranger : – effectuer une pression à l’aide de la main, protégée par un gant ou, à défaut, un sac en plastique ; – allonger la victime au sol sur une couverture (de survie, idéalement) ; – surélever les jambes en cas d’hémorragie importante ; – couvrir la victime pour éviter l’hypothermie ; – appeler le Samu-Centre 15.
● Si le saignement est stoppé par la pression (dans 90 % des cas), remplacer la main par un tampon compressif : compresse avec bandage serré ou coussin hémostatique d’urgence (Chut).
● La pose d’un garrot ne doit être envisagée que s’il est impossible de comprimer la plaie (fracture, corps étranger) ou si le secouriste doit s’absenter pour alerter le Samu-Centre 15 alors que le pansement compressif est inefficace. Dans ce cas, le garrot est posé sur des segments de membres à proximité de la plaie (sauf sur une articulation) avec un lien large, non élastique, sur lequel est notée l’heure de façon non ambiguë (15 h 45, 04 h 40). La levée du garrot doit se faire à l’hôpital selon un protocole bien codifié. En effet, les cellules en aval du garrot ne sont plus irriguées et libèrent des toxines qui, relarguées d’un coup, peuvent entraîner le décès de la victime. Une amputation est également à craindre.
● Signaler les signes de détresse circulatoire : sueurs, pâleur intense.BLESSURE À L’ŒIL
Blessure à l’œil
● En cas de contusion importante au niveau de l’œil, appeler le Samu-Centre 15. En attendant les secours, allonger la victime et lui demander de garder les deux yeux fermés.
● En cas de brûlure, réaliser immédiatement un lavage oculaire : paupières ouvertes, passer l’œil sous un filet d’eau tempérée (œil atteint vers le bas pour éviter une contamination de l‘autre œil) pendant le temps indiqué par les secours.CRYO ET THERMOTHÉRAPIE
Cryo et thermothérapie
● L’application de froid, ou cryothérapie, est indiquée pour résorber les œdèmes, ainsi que pour ses effets anti-inflammatoire et antalgique. Elle permet de soulager les douleurs dues à des lésions aiguës (entorses, tendinites…), les migraines, les douleurs dentaires, etc.
● L’application de chaleur, ou thermothérapie, est indiquée pour son effet antalgique en cas d’atteinte musculaire sans lésion anatomique (courbatures, contractures…), de douleurs lombaires ou cervicales chroniques, ainsi que pour les douleurs menstruelles.
● Des poches à usage unique ou réutilisables permettent de diffuser du chaud, après chauffage à l’aide du four à micro-ondes ou d’eau bouillante, ou du froid, après un séjour au réfrigérateur ou au congélateur. La cryothérapie se présente également sous forme de gel ou de spray réfrigérant.
DÉTRESSES RESPIRATOIRES
Martin, 4 ans, un paquet de bonbons à la main, joue dans la pharmacie quand il s’agite subitement. Sa mère interpelle la préparatrice :– Vite, mon fils a du mal à respirer. Je crois qu’il a avalé un bonbon de travers !– Restez calme, je vais voir ce qu’il se passe.L’enfant n’arrive plus à parler. Aucun son n’est perceptible. La préparatrice lui donne quatre claques vigoureuses dans le dos et parvient ainsi à lui faire expulser le bonbon.
LE PATIENT PRÉSENTE UNE OBSTRUCTION TOTALE OU PARTIELLE DES VOIES RESPIRATOIRES.
OBSTRUCTION DES VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES
SI L’OBSTRUCTION DES VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES SURVIENT GÉNÉRALEMENT CHEZ L’ADULTE AU COURS D’UN REPAS, ELLE PEUT ÊTRE PROVOQUÉE CHEZ L’ENFANT ET LE NOURRISSON PAR UN JOUET NON ADAPTÉ À L’ÂGE DE L’ENFANT, PAR UN ALIMENT (CACAHUÈTE, BONBON, GRAIN DE RAISIN…) OU PAR DES OBJETS PORTÉS À LA BOUCHE.
SIGNES DE GRAVITÉ
Ce sont ceux d’une obstruction totale : cyanose, notamment chez l’enfant, absence de toux ou du bruit de la respiration, impossibilité de parler ou d’émettre un son. L’adulte porte généralement ses mains à la gorge, la bouche ouverte le plus souvent.
L’obstruction des voies aériennes supérieures entraîne le décès si la victime est seule ou si l’entourage ne sait pas réagir.
AGIR
OBSTRUCTION TOTALE
La victime ne parle pas et ne tousse pas. Elle porte ses mains à la gorge.
Ne pas faire de bilan, il faut agir rapidement :
– donner jusqu’à 5 claques vigoureuses dans le dos, entre les omoplates, avec la paume de la main ;
– en cas d’inefficacité, passer aux compressions abdominales, dite méthode d’Heimlich (voir encadré p. 11), ou réaliser des compressions thoraciques si l’enfant a moins de 1 an ou s’il s’agit d’une femme enceinte ou d’un patient obèse (pratiquer jusqu’à 5 compressions) ;
– si cette manœuvre n’est toujours pas efficace, alterner 5 claques et 5 compressions.
En cas de perte de connaissance de la victime, appeler le Samu-Centre 15 et, en attendant l’arrivée des secours, commencer la réanimation cardiopulmonaire, associée si possible à la défibrillation automatisée externe (voir page 4).
L’objectif de ces méthodes est de rétablir une respiration efficace, le plus souvent grâce à l’expulsion du corps étranger. Les claques dans le dos et les compressions abdominales ou thoraciques sont généralement très efficaces.
Un avis médical auprès du Centre 15 est indispensable si la totalité du corps étranger n’a pas été expulsée (gêne respiratoire), s’il s’agit d’un enfant de moins de 1 an et/ou si des compressions abdominales ont été effectuées.OBSTRUCTION PARTIELLE
La victime présente des difficultés à respirer, mais parle et tousse.
Encourager la victime à tousser, la toux ayant pour but de faciliter l’élimination du fragment alimentaire ou de l’objet responsable de l’obstruction.
Si la victime présente toujours des difficultés à respirer, la mettre en position demi-assise et appeler le Centre 15. Surveiller ses constantes (pression artérielle, fréquences ventilatoire et cardiaque).
Attention ! Ne pas donner de claques dans le dos ni pratiquer la méthode d’Heimlich qui risqueraient de déplacer le corps étranger et de créer une obstruction totale.CRISE D’ASTHME
UNE CRISE D’ASTHME SE CARACTÉRISE PAR UNE GÊNE RESPIRATOIRE OPPRESSANTE AVEC SIFFLEMENTS ET PAR LA PRÉSENCE D’UNE TOUX.
SIGNES DE GRAVITÉ
Une crise d’asthme est une situation d’urgence quand la gêne respiratoire entraîne une incapacité à faire des phrases complètes (la personne ne s’exprime qu’à l’aide de mots ou de syllabes), quand sa survenue présente des caractères inhabituels (crise plus longue, plus intense…). La présence de sueurs et d’une cyanose (notamment au niveau des lèvres) est également un signe de gravité.
Les difficultés respiratoires peuvent entraîner une perte de connaissance suivie d’un arrêt respiratoire, puis d’un arrêt cardiaque.
AGIR
Installer la personne en position assise.
Aider le patient à prendre 5 ou 6 bouffées de son bronchodilatateur d’action rapide, avec une chambre d’inhalation.
Rassurer le patient et lui demander : « Depuis quand dure la crise ? », « Avez-vous déjà été hospitalisé pour ce problème ? »
Contrôler la fréquence respiratoire 2 minutes après la prise du bronchodilatateur.
En l’absence d’amélioration, appeler le Centre 15 et répéter l’administration de bronchodilatateur d’action rapide selon les indications du médecin en attendant les secours. Si la pharmacie est équipée, le médecin régulateur peut demander l’administration d’oxygène (9 l/min).
INFOS CLÉS
● Obstruction totale des voies aériennes supérieures : jusqu’à 5 claques vigoureuses dans le dos, à alterner si inefficacité avec des compressions abdominales (ou thoraciques si le nourrisson a moins de 1 an).
● Crise d’asthme : rassurer le patient et l’installer en position assise. L’aider à prendre son bronchodilatateur d’action rapide avec une chambre d’inhalation. Contacter le Samu-Centre 15 si pas d’amélioration rapide ou si aggravation.QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
Le père de Léo appelle la pharmacie :
– J’ai l’impression que Léo a avalé une pile bouton. Il a toussé au début et maintenant ça a l’air d’aller.
– Il y a combien de temps ?
– A peu près un quart d’heure.
– Est-ce qu’il respire bien ? A-t-il vomi ?
– Non, tout semble aller bien.
– Dans ce cas, pas de souci : la pile va s’éliminer naturellement dans ses selles.Votre confrère a-t-il bien répondu ?
Réponse : non. L’ingestion d’une pile nécessite une extraction le plus rapidement possible, car elle risque de libérer des substances caustiques, pouvant entraîner une nécrose œsophagienne. De même, l’ingestion d’aimants constitue une urgence médicale.
Les autres signes de gravité de l’ingestion de corps étrangers au niveau digestif et respiratoire sont : la forme et la taille de l’objet, l’apparition d’une toux persistante, une gêne qui dure et qui empêche la personne de s’allonger, la survenue de vomissements à chaque tentative de prise alimentaire.
INTOXICATIONS
Une mère, affolée, téléphone :- J’ai donné à ma fille de 2 ans de l’Advil avec la pipette du Doliprane !- Combien de fois avez-vous commis l’erreur ?- Trois fois. Je m’en suis rendu compte ce soir en rangeant les flacons.- La dose toxique de l’ibuprofène est élevée. Je vais tout de même demander un avis médical. Laissez-moi vos coordonnées pour que je vous rappelle.
LES INTOXICATIONS SONT SOIT D’ORIGINE MÉDICAMENTEUSE, SOIT DUES À DES PRODUITS DOMESTIQUES.
AGIR
Quelle que soit l’origine de l’intoxication, si la victime :
– est inconsciente, la mettre en position latérale de sécurité ;
– est somnolente, la maintenir éveillée en la stimulant ;
– présente une gêne respiratoire, l’installer en position demi-assise.
Appeler le Centre 15 et suivre ses instructions.
Ne pas faire vomir la victime sauf indication contraire. Les vomissements entraînent un second passage au niveau de l’œsophage, et par conséquent une seconde agression de la muqueuse (si produit corrosif) ou un risque de fausse route (si troubles de la conscience).
Ne rien donner à boire, surtout pas de lait qui, riche en graisses, risque d’accélérer le passage du toxique dans le sang.
Dans la majorité des cas, la surveillance est effectuée par l’entourage au domicile en suivant les conseils donnés par le médecin régulateur.INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES LES CLASSES DE MÉDICAMENTS LES PLUS SOUVENT RESPONSABLES D’INTOXICATIONS SONT LES ANTALGIQUES ET LES PSYCHOTROPES.
ANTALGIQUES
PARACÉTAMOL
Le paracétamol est souvent incriminé dans les intoxications volontaires et involontaires. Chez le nourrisson et le jeune enfant, l’intoxication fait suite à une erreur thérapeutique. Chez l’adulte, il s’agit d’un surdosage ponctuel ou répété (douleurs dentaires, lombalgies…).
La dose toxique de paracétamol est de 200 mg/kg chez l’enfant de moins de 6 ans et de 150 mg/kg chez le grand enfant et l’adulte.
L’intoxication est parfois asymptomatique, jusqu’à 2 ou 3 jours après l’ingestion. Compte tenu du risque de toxicité hépatique, toute suspicion d’intoxication au paracétamol nécessite l’appel immédiat du Centre 15.DÉRIVÉS MORPHINIQUES
Un surdosage d’antalgiques ou d’antitussifs de type dérivés morphiniques (codéine, tramadol) peut entraîner, selon la quantité ingérée, un effet sédatif avec somnolence et hypotonie, voire des pauses respiratoires et un coma.
Compte tenu du risque d’arrêt respiratoire, toute suspicion d’intoxication aux opiacés nécessite un avis médical immédiat.PSYCHOTROPES
BENZODIAZÉPINES
Parmi les psychotropes, les benzodiazépines et apparentés (zolpidem, zopiclone) sont les plus fréquemment incriminées dans les intoxications volontaires.
Une intoxication aiguë entraîne une somnolence, voire, à fortes doses, un coma hypotonique avec risque de mort par inhalation de régurgitations en l’absence de mise en PLS.ISRS
PARMI LES ANTIDÉPRESSEURS, LES INHIBITEURS SÉLECTIFS DE LA RECAPTURE DE LA SÉROTONINE (ISRS : CITALOPRAM, FLUOXÉTINE, PAROXÉTINE, SERTRALINE), FRÉQUEMMENT PRESCRITS, PRÉSENTENT À FORTES DOSES UNE TOXICITÉ CARDIAQUE ET NEUROLOGIQUE COMPARABLE À CELLE DES ANTIDÉPRESSEURS TRICYCLIQUES.
INTOXICATIONS AUX PRODUITS DOMESTIQUES
Les intoxications par les produits domestiques sont principalement accidentelles.
Elles concernent surtout les enfants de moins de 3 ans.PRODUITS MOUSSANTS
L’ingestion de produits moussants (savon, gel douche, shampooing, lessive à la main, liquide vaisselle…) est le plus souvent asymptomatique. Les produits pour lave-vaisselle ou machine à laver sont bien plus irritants.
Les produits moussants peuvent être responsables d’une irritation, de douleurs au niveau des muqueuses ORL et digestive. Ils sont également susceptibles d’entraîner nausées et vomissements.
Le plus grand risque concerne un passage du produit dans les voies aériennes supérieures par fausse route ou reflux de la mousse. Cette inhalation, à l’origine de gêne respiratoire (toux, notamment), peut conduire à une pneumopathie. De ce fait, il ne faut pas faire boire dans les 2 heures qui suivent l’ingestion.CAUSTIQUES
L’ingestion de caustiques, qu’ils soient acides (détartrants, antirouilles…), basiques (déboucheurs de canalisations, nettoyants pour les fours…) ou oxydants (eau de Javel, eau oxygénée concentrée…) sont dangereux, car ils sont à l’origine de brûlures immédiates (douleur locale oropharyngée, épigastralgies…) et de séquelles importantes. L’estomac peut être toutefois atteint sans symptôme buccal. Ne pas faire boire ou vomir.
La projection cutanée ou oculaire peut entraîner des lésions caustiques de la peau ou de la cornée en l’absence de rinçage immédiat abondant et prolongé.SOLVANTS ET DÉRIVÉS PÉTROLIERS
L’ingestion ou l’inhalation de solvants (white-spirit, acétone, trichloréthylène, diluants peinture) ou de dérivés pétroliers (carburants, par exemple) peut entraîner des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), ainsi qu’une sensation d’ébriété avec vertiges et somnolence.
Ils peuvent aussi être à l’origine d’une pneumopathie (fausse route, inhalation ou élimination du toxique). Les dérivés chlorés comme le trichloréthylène peuvent provoquer des troubles du rythme.
Les liquides lave-glaces et antigel (méthanol, éthylène glycol) ont une toxicité classique de solvant, majorée d’un risque particulier d’atteinte rénale ou oculaire.COSMÉTIQUES
L’ingestion accidentelle d’une petite quantité de cosmétiques (crèmes hydratantes, maquillage, démaquillants et produits bébé) est le plus souvent asymptomatique ou à l’origine de nausées et de vomissements.
Attention toutefois aux dissolvants pour vernis à ongles, même sans acétone (présence de lactones) ! limiter les risques
Entreposer les produits domestiques (ménage, jardinage, bricolage), ainsi que les cosmétiques hors de portée des enfants ou utiliser des fermetures de sécurité.
Conserver les médicaments dans une armoire fermée à clé.
Laisser toujours les produits et les dispositifs d’administration dans leur conditionnement d’origine : l’une des causes d’intoxication est le transvasement de produits domestiques, comme le white-spirit, les berlingots d’eau de Javel ou les déboucheurs de canalisations, dans des bouteilles d’eau minérale.
Lire le mode d’emploi avant d’utiliser un produit.
Eloigner les enfants lors de travaux avec des produits dangereux tels que les déboucheurs de canalisation, les décapants…
Essayer d’éduquer le plus tôt possible les enfants sur les dangers des produits domestiques et des médicaments.
INFOS CLÉS
● En cas d’intoxication, appeler le Samu-Centre 15, qui contactera le centre antipoison si besoin.
● Sauf indication contraire, ne faire ni vomir ni boire la victime. La maintenir éveillée en la stimulant.
● Suivre les instructions du médecin régulateur.QUELLES INFORMATIONS ATTEND LE SAMU-CENTRE 15 &THINSP; ?
Quelles informations attend le SAMU-Centre 15 ?
● Lors d’un appel au Samu-Centre 15, un médecin recueille et analyse les informations sur l’accident pour évaluer le risque et orienter la prise en charge de la victime.
● Pour aider le médecin, donner des renseignements précis sur la victime (sexe, âge, poids, taille, antécédents, traitement en cours et état de la victime), sur l’intoxication (nom du ou des produits, mode d’utilisation, heure de l’ingestion, quantité ingérée, circonstances) et sur l’entourage (pour une éventuelle surveillance).
● Si une prise en charge médicale est nécessaire, apporter le produit au service de soins pour que le personnel dispose de l’étiquetage.PRODUITS NON TOXIQUES PAR INGESTION
produits non toxiques par ingestion
CLASSE
PRODUITS
Cosmétiques
Maquillage, démaquillants, crèmes de soin, crèmes solaires, cosmétiques pour bébés, huile d’amande douce, démêlant pour cheveux
Produits pour plantes et animaux
Engrais sans pesticides, nourriture pour chien, chat, poissons…
Scolaire et bureautique
Crayon à papier, stylo, feutre, gomme, colle blanche, craie, gouache
Jouets
Liquide réfrigérant des anneaux de dentition, pâte à modeler
Divers
Silicagel (sachet antihumidité), dessicant (bouchon de tube pharmaceutique ou capteur d’humidité), bougie
Sources : Urgences pédiatriques à l’officine, J.-M. Agostinucci, P. Bertrand, J. Occulti, éditions Pro-Officina.
Liste non exhaustive.
INTERVIEW
L’équipe officinale a-t-elle l’obligation d’agir en cas d’urgence ou de gestes de secours à prodiguer ?
Oui. L’article R.4235-7 du Code de la santé publique le précise : « Tout pharmacien doit, quelle que soit sa fonction et dans la limite de ses connaissances et de ses moyens, porter secours à toute personne en danger immédiat, hors le cas de force majeure. »
Le pharmacien devra ainsi agir dans la mesure de ses possibilités. C’est dans le cadre de ses missions de santé publique, mais il faut prendre la dimension de cet engagement et ses responsabilités. Dans le cadre d’une intervention extérieure, l’officine ne pourra rester ouverte au public sans pharmacien, ce qui supposerait soit une fermeture temporaire, soit la présence d’un autre pharmacien, soit que le titulaire s’assure qu’aucun médicament ne sera délivré sans le contrôle pharmaceutique effectif. Il revient au titulaire de l’officine de prendre contact avec son assureur afin de déterminer quelle serait sa protection juridique (responsabilité civile, par exemple) et celle de son personnel qui l’accompagnerait dans une intervention extérieure.
Le pharmacien a-t-il l’obligation de se former aux gestes de premiers secours ? A-t-il l’obligation de maintenir à jour ses connaissances en matière de secourisme ?
Tous les étudiants en pharmacie sont maintenant formés aux premiers gestes de secours au cours de leurs études. En parallèle, l’obligation de développement professionnel continu (DPC) implique une actualisation de ses connaissances, et peut être une raison de mettre à jour ce qui a été appris en matière de secourisme.APPEL DES SECOURS : INFORMATIONS À COMMUNIQUER
Appel des secours : informations à communiquer
• Une bonne prise en charge par le Samu est améliorée par la communication d’informations les plus précises possible : – lieu : nom, adresse et numéro de téléphone de la pharmacie ; – appelant : préciser qu’il s’agit d’un professionnel de santé ; – victime : sexe, âge (même approximatif) ; – circonstances d’apparition du malaise et état de la victime avec un bilan chiffré (fréquence ventilatoire, pouls, tension artérielle…).
• Ne raccrocher que lorsque le Samu-Centre 15 invite à le faire.
OÙ SE FORMER ?
Où se former ?
Plusieurs associations agréées de sécurité civile à la formation des gestes de premiers secours proposent un enseignement. La liste est accessible à l’adresse : gouvernement.fr/risques/se-former-aux-premiers-secours.
René Paulus, président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Lorraine
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
- Sanctionnée pour s’être installée trop rapidement à proximité de son ancienne officine
- Tests de dépistage du Covid-19 : les préparateurs ne peuvent plus les réaliser
- Tramadol et codéine : les points clés de l’ordonnance numérique sécurisée
- Analogues du GLP-1 : le conseil constitutionnel impose au médecin d’informer de la non-prise en charge
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?
- Gilenya (fingolimod) : quelles conditions de délivrance ?

