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Zopiclone, remplaçant du zolpidem ?

Publié le 23 mars 2019
Par Anne-Hélène Collin
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Le zolpidem (Stilnox) est en tête des médicaments utilisés à des fins criminelles ou délictuelles à l’insu de la victime ou sous la menace (soumission chimique) depuis quatre ans, « mais amorce une chute », conclut la dernière enquête de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur le sujet, menée en 2017. Le zolpidem a été impliqué dans 21 % des cas, contre 30 % en 2016. En parallèle, l’utilisation de zopiclone (Imovane) a explosé, passant de 3 % à 14 %, atteignant ainsi le top 4 des benzodiazépines et apparentées employées pour la soumission chimique, avec le diazépam et le bromazépam. Le schéma fut similaire lorsque le clonazépam (Rivotril) a été assimilé stupéfiant en 2012 : de 28 % des cas en 2011 à 6 % en 2014, avec une montée en puissance du zolpidem (près de 25 % en 2014). L’histoire est-elle en train de se répéter avec le zolpidem, qui a changé de statut en avril 2017 ?

Ce n’est pas si simple. « La baisse de l’utilisation du zolpidem dans l’enquête Soumission chimique 2017 est réelle mais relative, car les effectifs de l’étude [462 cas retenus, NdlR] sont assez faibles », tempère l’ANSM. En revanche, le zolpidem est impliqué dans d’autres formes d’abus ou de mésusage : le nombre de signalements sur le zolpidem rapportés en addictovigilance « est en nette augmentation en 2017, mais il semblerait que ce nombre soit en diminution en 2018 », précise l’Agence.Qui n’exclut pas une relation de cause à effet avec la prescription du zolpidem sur ordonnance sécurisée.

S’il est encore trop tôt pour conclure sur l’influence du changement de statut sur les mésusages, les contraintes de prescription et de délivrance semblent peser lourd sur les ventes en ville. En exploitant les bases de données de l’Assurance maladie sur les médicaments remboursés (Medic’AM), on constate une chute vertigineuse des ventes de zolpidem : 17 millions de boîtes vendues en 2015 et 2016 (conditionnement de 14 comprimés), 11,3 millions l’année de la modification réglementaire (2017), et 8,5 millions en 2018. Existe-t-il un report des prescriptions sur zopiclone ? Pas vraiment. Les mêmes bases indiquent un remboursement de 10 à 12 millions de boîtes de zopiclone depuis 2016. Des chiffres qui ne peuvent à eux seuls expliquer la volatilisation des prescriptions. La situation préoccupe donc l’ANSM. Une enquête d’addictovigilance sur la zopiclone est prévue fin 2019.

Par ailleurs, une étude est en cours pour évaluer l’impact de la modification réglementaire du zolpidem en termes de réduction du risque d’abus, d’amélioration du bon usage, et de changement des habitudes de prescription des molécules sédatives. Son nom : ZORRO (Zolpidem et renforcement de la réglementation des ordonnances).§

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