Tabagisme : il nuit à l’immunité 10 à 15 ans après l’arrêt

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Tabagisme : il nuit à l’immunité 10 à 15 ans après l’arrêt

Publié le 19 février 2024
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Publiés dans la revue Nature le 14 février, les résultats d’une étude de l’institut Pasteur montrent les effets à long terme de la cigarette même après avoir arrêté de fumer. Une information pertinente pour les pharmaciens en termes de prévention et de sevrage tabagique.

Oui, fumer fait tousser et peut favoriser les risques de cancers et maladies cardiovasculaires. Si les effets à court terme du tabac sur le système immunitaire sont désormais bien connus – l’immunité dite innée est altérée mais revient à la normale rapidement après le sevrage -, les chercheurs ne s’étaient pas encore penchés sur les effets immunitaires à long terme même après l’arrêt. Depuis 2011, les scientifiques de l’Institut Pasteur ont mené une étude sur une cohorte de 1 000 participants âgés de 20 à 70 ans. Verdict : l’immunité adaptative, acquise grâce à des cellules mémoire à longue durée de vie, est perturbée pendant des années voire des décennies.

L’expression des gènes est modifiée

Les auteurs ont exposé les échantillons sanguins des participants à différents microbes et bactéries et ont observé la manière dont le système immunitaire réagissait en fonction du niveau de cytokines sécrétées. « En comparant les réponses immunitaires de fumeurs et d’ex-fumeurs, nous avons constaté que la réponse inflammatoire revenait rapidement à la normale après l’arrêt du tabac mais que l’impact sur l’immunité adaptative perdurait dans le temps, pendant 10 ou 15 ans. C’est la première fois que l’on met en évidence l’influence au long cours du tabagisme sur les réponses immunitaires. », note Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur, dernier auteur de l’étude. Les scientifiques ont donc soupçonné une implication de processus épigénétique. Bonne pioche : en poursuivant leurs investigations ils ont constaté chez les fumeurs et les anciens fumeurs « des différences de méthylation de l’ADN, susceptibles de modifier l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme des cellules immunitaires par rapport aux non-fumeurs. », souligne Violaine Saint-André, ingénieure de recherche au sein de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et première auteure de l’étude.

Des bénéfices immédiats après le sevrage

Si ces résultats se révèlent glaçants, ils ne doivent pas occulter les bénéfices immédiats à l’arrêt du tabac. Un an après avoir écrasé sa dernière cigarette, le risque de maladie coronarienne est deux fois moins élevé que chez un fumeur. Cinq ans après, le risque de cancers de la bouche, de la gorge, de l’œsophage et de la vessie est également diminué de moitié. Quant au risque de cancer du col de l’utérus il redevient équivalent à celui d’une non-fumeuse. Le meilleur moment pour arrêter c’est donc… maintenant !

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