Lévothyrox : doute sur la bioéquivalence de la nouvelle formule

© Lévothyrox - Anne-Hélène Collin

Lévothyrox : doute sur la bioéquivalence de la nouvelle formule

Publié le 5 avril 2019
Par Anne-Hélène Collin
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Modifier l’angle de vue et tout change. Une équipe franco-britannique a repris l’étude de biodisponibilité menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et qui avait conclu à la bio-équivalence de l’ancienne et de la nouvelle formule de Lévothyrox. Cette équipe, menée par le biostatisticien Didier Concordet (université de Toulouse, INRA, Ecole nationale vétérinaire de Toulouse) et l’Inserm, s’est plongée dans la multitude de données fournies par le laboratoire Merck, rendues publiques, qui avaient servi de socle pour les conclusions de l’ANSM. L’équipe s’est attachée à l’analyse des données, non pas à partir de la moyenne des résultats des 200 patients de l’étude (bioéquivalence moyenne), mais au cas par cas (variabilité individuelle). Leurs résultats ont été publiés le jeudi 4 avril dans la revue Clinical Pharmacokinetics et relayés par le quotidien Le Monde : selon l'équipe, dans près de 60 % des cas, la réponse se situait hors des zones de bioéquivalence, justifiant par là qu’une fraction des patients « pourrait ne pas réagir de la même manière aux deux versions du médicament ». En d’autres termes, repris par Le Monde : « les deux formules ne sont pas substituables pour chaque individu ». Pour les chercheurs, la conclusion est cohérente avec les effets indésirables remontés par les patients au moment du passage de l’ancienne vers la nouvelle formule. Rappelons que le pourcentage de patients ayant déclaré des effets indésirables avat été estimé par l'ANSM à 1,43 %.

Toutefois, pas d'emballement : « Nous tenons à rappeler que l’approche retenue pas cette étude est basée sur l’analyse de la variabilité individuelle, ce qui n’est pas conforme aux méthodes de référence demandées par les autorités de Santé, et validées par 23 autorités sanitaire », rapporte le laboratoire Merck au Monde. Une justification que les auteurs de l’étude reconnaissent : « Il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’un manquement de la part du laboratoire qui a respecté la réglementation européenne, car celle-ci ne propose qu’un test de bioéquivalence moyenne. »

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