Le guide de la vaccination à l’officine

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Le guide de la vaccination à l’officine

Publié le 23 février 2024
Par Nathalie Belin et Anne-Gaëlle Harlaut
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Les pharmaciens peuvent prescrire et administrer les vaccins recommandés dans le calendrier vaccinal aux personnes à partir de 11 ans. Une bonne connaissance de la gravité des maladies à prévention vaccinale et des recommandations est nécessaire.

Les maladies

Sont abordées les maladies à prévention vaccinale dont les vaccins sont prescriptibles et administrables par les officinaux selon le calendrier vaccinal (Journal officiel du 9 août 2023).

Coqueluche

• Agents infectieux : la bactérie Bordetella pertussis ou, plus rarement, B. parapertussis.

• Transmission : par voie aérienne lors de la toux. Une personne atteinte en contamine 15 à 17 en moyenne.

• Épidémiologie : 6 pics épidémiques depuis 1997, le dernier en 2017. Nette diminution des cas en 2020-2021, en lien avec la Covid-19. Populations touchées : nourrissons, adolescents et adultes ayant perdu la protection conférée par le vaccin ou la maladie. 90 % des décès surviennent au cours des 6 premiers mois de la vie, et notamment avant 3 mois.

• Symptômes : infection de l’arbre respiratoire inférieur se traduisant par des quintes de toux, particulièrement graves et potentiellement létales chez les nourrissons de moins de 3 mois non immunisés qui peuvent développer des formes malignes se traduisant par une insuffisance respiratoire aiguë.

Covid-19

• Agent infectieux : virus appelé coronavirus ou SARS-CoV-2.

• Épidémiologie : maladie à déclaration obligatoire depuis juillet 2023. En France de mars 2020 à fin octobre 2023 : 39 millions de cas confirmés, 167 000 décès. Les plus sévèrement touchés : personnes ≥ 65 ans, obèses, fragilisées par une maladie chronique.

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• Symptômes : tableaux variés avec des formes asymptomatiques à graves avec dyspnée sévère, état confusionnel, oppression thoracique, fièvre élevée en passant par des signes typiques d’infection respiratoire avec fièvre, toux sèche, asthénie, rhinite, mal de gorge, parfois anosmie, agueusie…

Diphtérie

• Agents infectieux : les bactéries Corynebacterium diphtheriae (transmission d’homme à homme), C. ulcerans et C. pseudotuberculosis (transmission de l’animal à l’homme) dont certaines souches produisent une toxine.

• Épidémiologie : en métropole depuis janvier 2022, 30 cas de C. diphtheriae, presque tous importés de Madagascar, Russie, Afrique de l’Ouest, Pakistan ; 8 cas liés à C. ulcerans. À Mayotte depuis janvier 2022 : 13 cas de C. diphtheriae. Maladie à déclaration obligatoire.

• Transmission : par voie aérienne ou via des plaies cutanées, rarement par l’intermédiaire d’objets souillés. Haute contagiosité.

• Symptômes : infection des voies respiratoires supérieures, avec angine à fausses membranes, peu fébrile, ou plus rarement de la peau avec des ulcérations cutanées pouvant conduire à des obstructions des voies respiratoires, des paralysies et des complications cardiaques du fait de la diffusion de la toxine dans le myocarde et le système nerveux. L’infection ne confère pas toujours une immunité protectrice.

Grippe

• Agents infectieux : virus Influenzae de types A et B, transmis par contact direct avec une personne malade via les sécrétions respiratoires, ou indirecte via des objets contaminés, manuportage, circulant en période hivernale pour les zones tempérées.

• Épidémiologie : 2 à 6 millions de cas de grippe chaque année en France. 9 000 décès chaque année en moyenne dont plus de 90 % concernent les personnes de 65 ans et plus.

• Symptômes : infection respiratoire aiguë de début brutal avec fièvre élevée, frisson, asthénie intense, céphalées, myalgies. Gravité liée au virus ou à la fragilité de la personne : âges extrêmes, maladies chroniques, immunodépression, grossesse, obésité…

Hépatite B

• Agent infectieux : virus de l’hépatite B (VHB) dont l’homme est le seul réservoir dans le sang et autres liquides biologiques. 50 à 100 fois plus contagieux que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

• Transmission : par voie sexuelle ou par contact direct ou indirect avec du sang infecté via le partage du matériel d’injection ou de paille à « sniffer », piercings, tatouages avec un matériel non à usage unique ; transmission mère-enfant à l’accouchement.

• Épidémiologie : faible endémie en France ; la prévalence de l’hépatite B chronique est estimée à 0,3 % en 2016. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé un objectif mondial d’éradication de l’hépatite B pour 2030. Une couverture vaccinale très élevée du nourrisson ou des enfants avec rattrapage jusqu’à 15 ans révolus permettrait de l’envisager en France.

• Symptômes : hépatite aiguë le plus souvent asymptomatique. La gravité principale est liée au passage à la chronicité – environ 5 % des cas chez l’adulte immuno-compétent, 90 % des cas chez un nouveau-né – avec à terme un risque de cirrhose ou de cancer du foie. Une hépatite B aiguë guérie ou la vaccination confèrent une immunité durable.

Hépatite A

• Agent infectieux : virus de l’hépatite A (VHA) dont l’homme est le seul réservoir.

• Transmission : par voie oro-fécale au contact d’une personne infectée via les mains souillées, plus rarement par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés ; la voie sexuelle, notamment chez les homosexuels hommes, est exceptionnelle.

• Épidémiologie : 1 200 cas en moyenne chaque année depuis 2006, dont 40 % concernent les pays de forte endémicité, en particulier en Afrique, au Moyen-Orient, dans le sous-continent indien, Chine, Amérique centrale et du Sud. Maladie à déclaration obligatoire en France.

• Symptômes : hépatite aiguë asymptomatique ou peu symptomatique dont ictère cutanéo-muqueux (jaunisse), syndrome pseudo-grippal, troubles digestifs. Formes sévères ou fulminantes rares. Il n’y a pas de passage à la chronicité. L’infection naturelle confère une immunité durable, la vaccination est alors inutile.

Infections à papillomavirus humain

• Agent infectieux : Human papillomavirus (HPV), virus de la famille des Papillomaviridae dont il existe plusieurs génotypes ayant un tropisme cutané ou muqueux, ces derniers touchant la sphère génitale ou oropharyngée. Plusieurs sont oncogènes dits « à haut risque », en particulier les HPV 16 et 18 le plus souvent incriminés. HPV 6 et 11 sont responsables de verrues génitales (condylomes).

• Transmission : infection sexuellement transmissible par contact sexuel vaginal, oral ou anal, avec ou sans pénétration.

• Épidémiologie : 70 à 80 % des hommes ou femmes sexuellement actifs seront infectés au cours de leur vie. À l’origine de 8 000 cancers par an des régions anales, génitales (utérus, vagin, pénis) ou oropharyngées, 30 000 lésions précancéreuses, 100 000 verrues génitales bénignes. Plus de 25 % des cancers surviennent chez les hommes. Quasi 100 % des cancers du col de l’utérus et 90 % des cancers de l’anus sont liés aux HPV.

• Symptômes : l’infection est le plus souvent asymptomatique et transitoire. Quand elle persiste – 10 % des cas –, elle peut causer des lésions bénignes mais impactantes (condylomes) et/ ou des lésions précancéreuses asymptomatiques pouvant évoluer en 10-20 ans vers un cancer.

Infections à pneumocoque

• Agent infectieux : Streptococcus pneumoniae, bactérie commensale du rhinopharynx dont il existe plusieurs sérotypes, certains particulièrement impliqués dans des infections invasives.

• Transmission : par voie aérienne lors de contacts directs et étroits avec une personne infectée ou porteuse saine via une toux, des éternuements, des baisers.

• Épidémiologie : première cause de pneumopathie bactérienne communautaire et de méningite bactérienne chez l’adulte. Forte diminution des infections invasives à pneumocoques chez l’enfant et l’adulte depuis l’introduction de la vaccination dans le calendrier vaccinal des nourrissons (2008).

• Symptômes : les pneumocoques sont responsables d’otites, de sinusites, de pneumonies et d’infections invasives de type méningites et septicémies potentiellement graves avec 10 à 30 % de mortalité. Personnes à risque : nourrissons, personnes âgées, immunodéprimées ou atteintes de diabète, pathologies respiratoires, cardiaques, infection par le VIH…

Infections invasives à méningocoque

• Agent infectieux : Neisseria meningitidis, bactérie exclusivement humaine, commensale du rhinopharynx dont il existe 12 sérotypes. Les souches des sérogroupes A, B, C, Y et W sont responsables de la quasi-totalité des infections invasives à méningocoque (IIM).

• Épidémiologie : environ 500 cas par an en France, dont 50 à 60 décès le plus souvent liés au sérogroupe B. Les sérogroupes W et Y circulent de manière croissante en France. Deux pics : l’un au cours des premières années de vie et l’autre au moment de l’adolescence. Les sérogroupes A, C, W et Y circulent en Afrique subsaharienne. Maladies à déclaration obligatoire.

• Transmission : par voie aérienne via les sécrétions oropharyngées après contact étroit (< 1 mètre), direct et prolongé (> 1 heure) avec un individu porteur.

• Symptômes : les facteurs de survenue d’une méningite ou septicémie sont liés à la bactérie (virulence de la souche) et/ou à l’hôte (baisse des défenses immunologiques, muqueuse respiratoire fragilisée, par exemple après une grippe). La méningite induit fièvre, céphalées, raideur de la nuque, vomissements, troubles de la conscience voire coma. Mortelle, elle peut aussi être responsable de déficits neurologiques, en particulier une surdité. La septicémie se caractérise par l’apparition de tâches hémorragiques sous-cutanées (purpura extensif) avec risque de choc septique et létalité élevée.

Leptospirose

• Agent infectieux : bactéries spiralées du genre leptospire appartenant à l’ordre des spirochètes comme les Borrelia dont le réservoir animal est très diversifié (rongeurs, carnivores, animaux d’élevage – bovins, caprins, ovins, porcs, chevaux –, ou de compagnie – chiens). Les animaux peuvent être porteurs sains et excrètent la bactérie dans les urines.

• Transmission : par contact muqueux (œil, bouche, nez…) ou d’une peau lésée de manière indirecte via l’environnement (eau douce boueuse, stagnante, souillée), plus rarement par contact direct avec l’animal (morsures…).

• Épidémiologie : zoonose à déclaration obligatoire en France. 1 million de cas par an dans le monde avec 6 % de décès. Les zones chaudes et humides sont à risque, particulièrement Amérique latine, Asie du Sud-Est. En France métropolitaine : 596 cas en 2022, incidence 12 à 70 fois plus élevée en outre-mer avec pic épidémique en saison des pluies.

• Symptômes : incubation de 10 jours en moyenne avant l’apparition de signes cliniques qui peuvent être très variés, du syndrome grippal bénin dans la moitié des cas, à des formes graves avec défaillance multiviscérale potentiellement mortelle (hémorragies viscérales, insuffisance hépatorénale…). Létalité pouvant atteindre 20 % en l’absence de traitement.

Oreillons

• Agent infectieux : Paramyxovirus, virus de la famille des Paramyxoviridae.

• Transmission : directe par voie aérienne.

• Épidémiologie : 11 cas pour 100 000 en 2020, soit 80 fois moins qu’en 1986, date de l’instauration de la vaccination. L’âge médian est passé de 5 ans en 1986 à 22,5 ans en 2020.

• Symptômes : maladie le plus souvent bénigne entraînant une atteinte des glandes parotides, glandes salivaires situées derrière les oreilles, donnant au visage la forme d’une poire. Infection asymptomatique dans 30 % des cas. Deux types de complications sont possibles, surtout chez l’adulte : atteintes neurologiques à type de méningite virale, ou de la sphère génitale (orchite) après la puberté et pouvant entraîner chez l’homme une diminution de la fertilité. L’infection d’une femme enceinte au 1er trimestre expose à un risque d’avortement spontané.

Poliomyélite

• Agent infectieux : poliovirus, virus strictement humain dont il existe 3 sérotypes présentant une affinité pour le système nerveux central.

• Épidémiologie : maladie à déclaration obligatoire qui a disparu en France et en Europe. Les foyers endémiques liés aux virus sauvages persistants sont l’Afghanistan et le Pakistan. Des flambées épidémiques liées à des virus dérivés des virus polio vaccinaux (vaccin oral) sont observées dans de nombreux pays essentiellement du tiers-monde où les couvertures vaccinales sont insuffisantes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé un objectif d’éradication mondiale grâce à la vaccination.

• Transmission : directe féco-orale ou respiratoire ou indirecte via l’ingestion d’aliments ou d’eau souillés, le virus résistant plusieurs semaines en milieu extérieur.

• Symptômes : 90 à 95 % des cas sont asymptomatiques. Sinon, la maladie débute par un syndrome pseudogrippal évoluant vers la guérison ou vers une forme grave (< 1 % des cas) entraînant des paralysies irréversibles touchant un muscle, un membre ou pouvant se généraliser avec des handicaps sévères et des décès lorsque l’atteinte concerne des muscles respiratoires et/ou de la déglutition.

Rage

• Agents infectieux : virus du genre Lyssavirus, de la famille des Rhabdoviridae présent dans la salive des carnivores infectés ; plus rarement virus EBVL1 et 2 (European Bat Lyssavirus 1 et 2) circulant chez les chauves-souris insectivores.

• Transmission : par contact avec la salive de l’animal lors de morsures, griffures et léchages sur peau lésée. La contamination interhumaine est exceptionnelle par transplantation d’organes.

• Épidémiologie : zoonose à déclaration obligatoire en France. Responsable d’environ 55 000 décès annuels dans le monde, 95 % des cas provenant d’une morsure de chien. L’Europe de l’Ouest, dont la France métropolitaine, est quasi indemne de rage. Le risque de rage n’est en revanche pas maîtrisé dans l’est de l’Europe et les Balkans. Les zones à haut risque sont l’Asie, l’Afrique, le Moyen-Orient et à un degré moindre l’Amérique du Sud, la Guyane.

• Symptômes : après incubation de 20 à 60 jours en raison de la migration du virus dans le système nerveux périphérique, une phase prodromique survient avec paresthésies, prurit au niveau de la zone d’entrée du virus, suivie de signes d’encéphalite (fièvre, dysphagie, agitation, paralysie…), systématiquement mortelle.

Rougeole

• Agent infectieux : Morbillivirus, virus de la famille des Paramyxoviridae.

• Transmission : par voie aérienne à partir des sécrétions rhinopharyngées, plus rarement de façon indirecte à partir d’objets contaminés. Maladie parmi les plus contagieuses.

• Épidémiologie : maladie à déclaration obligatoire en France. Plus de 200 000 décès mondiaux en 2019. La France devrait bientôt atteindre une couverture vaccinale par le ROR de 95 % à l’âge de 2 ans, au moins pour la première dose. Un renforcement du rattrapage vaccinal chez les ados et jeunes adultes sera encore nécessaire pour viser l’élimination de la rougeole.

• Symptômes : fièvre, toux, écoulement nasal et oculaire, altération importante de l’état général, puis éruption cutanée débutant à la tête et s’étendant vers les extrémités. Complications les plus graves : pneumonie et encéphalite potentiellement mortelles ou à risque de séquelles graves avec paralysie, troubles mentaux, épilepsie… La fréquence des complications et la létalité augmentent avec l’âge de survenue.

Rubéole

• Agent infectieux : Rubella virus.

• Transmission : par voie aérienne même si la personne malade est asymptomatique ; passage transplacentaire du virus lors de la grossesse.

• Épidémiologie : 3 cas en 2019, aucun en 2020 et 2021. La France a officiellement éliminé la rubéole selon l’OMS.

• Symptômes : infection virale contagieuse asymptomatique dans 50 % des cas ou bénigne avec fièvre, malaise général puis éruption débutant au visage et s’étendant au corps, sauf durant la grossesse. Lors d’une infection durant la grossesse, il y a un risque d’atteinte provoquant une mort fœtale ou de graves malformations à types de lésions cérébrales, retard mental, atteintes oculaires ou auditives, etc., notamment en cas de contamination au 1er trimestre. Le risque de malformation reste très élevé jusqu’au 6e mois de la grossesse.

Tétanos

• Agent infectieux : Clostridium tetani, bactérie produisant une neurotoxine, commensale du tube digestif des animaux, très fréquente dans l’environnement et en particulier dans la terre.

• Épidémiologie : 1 à 10 cas déclarés chaque année en France. Maladie à déclaration obligatoire en France touchant surtout des personnes âgées mal vaccinées ou non vaccinées.

• Transmission : via une plaie cutanée souillée. La maladie n’est pas contagieuse.

• Symptômes : infection aiguë à l’origine d’une atteinte neurovasculaire se manifestant par des contractures, spasmes musculaires et convulsions. La forme généralisée (80 % des cas) est la plus grave, souvent mortelle. Taux de létalité : 25 à 30 %. Une personne atteinte de tétanos ne développe pas d’immunité protectrice ensuite.

Varicelle

• Agent infectieux : virus varicelle-zona (VZV, varicella-zoster virus) appartenant à la famille des Herpesviridae, exclusivement humain.

• Transmission : grande contagiosité par voie aérienne au contact d’une personne malade via les microgouttelettes de salive ou par contact direct avec le liquide des vésicules.

• Épidémiologie : 3 000 hospitalisations par an en France dont 75 % ont moins de 10 ans. 90 % de la population est immunisée avant l’âge de 10 ans. Immunité naturelle après primo-infection quasi définitive.

• Symptômes : primo-infection se manifestant par une éruption de vésicules prurigineuses par vagues successives et une fièvre modérée. Macule, papule, vésicule, puis des croûtes qui tombent en une semaine. Complications rares chez les enfants immunocompétents mais augmentant chez les personnes immunodéprimées (surinfections cutanées) et avec l’âge (complications neurologiques, pulmonaires). Au cours de la grossesse, risque de malformations congénitales ou, en cas de contamination à l’accouchement, d’infection néonatale sévère.

Zona

• Agent infectieux : virus varicelle-zona (VZV, varicella-zoster virus) de la famille des Herpesviridae, en latence dans les ganglions sensitifs de personnes ayant eu la varicelle et se réactivant chez des adultes le plus souvent. On ne peut pas faire de zona si on n’a pas eu la varicelle !

• Épidémiologie : 1, 3 à 5 cas de zona pour 1 000 personnes en France, 5 à 10 cas pour 1 000 chez les plus de 60 ans. Plus de 60 % des cas surviennent après l’âge de 45 ans.

• Symptômes : éruption douloureuse au niveau de la zone innervée par le ganglion sensitif, siège de la réactivation virale (thorax, tête, cervicales, lombaires, yeux…). Les lésions persistent 2 à 3 semaines chez un sujet immunocompétent. Les complications sont liées au risque de surinfection bactérienne et de douleurs persistantes (algies post-zostériennes), dont la fréquence augmente avec l’âge, et pouvant durer plusieurs semaines ou mois.

Les vaccins

Rappels sur la vaccination

Principes :

• La vaccination consiste à introduire, dans un organisme sain, un agent infectieux inactivé ou atténué, une fraction de cet agent ou un virus vivant inoffensif transportant un fragment d’acide nucléique de l’agent pathogène codant pour la synthèse de particules antigéniques (vaccins à ARNm, voir infographie p. 31).

• Sans contact naturel avec la maladie, donc sans être malade, le système immunitaire de la personne fabrique des anticorps spécifiques qui le protégeront lors d’un contact futur avec la maladie. Les rappels ultérieurs entretiennent cette immunité protectrice sur le long cours.

Objectifs :

• Immunogène sans être pathogène, le vaccin protège individuellement : en cas de contact avec la maladie, la personne vaccinée n’en développe pas les symptômes ou leur gravité est fortement atténuée.

• Il protège aussi collectivement : la circulation d’une maladie contagieuse est fortement diminuée voire enrayée dès qu’un taux de vaccination suffisant est atteint dans une population donnée, sauf pour les maladies dont la transmission n’est pas interhumaine comme le tétanos pour lequel la protection n’est qu’individuelle.

Covid-19

Les recommandations et vaccins disponibles sont en évolution constante en fonction de la situation sanitaire et des nouveaux variants.

Une dose de rappel était particulièrement recommandée pour les personnes les plus à risque d’une forme grave (dès 65 ans, comorbidités, grossesse…) et l’entourage des personnes immunodéprimées ou vulnérables, y compris les professionnels de santé. Pour les personnes non ciblées par ces situations, la dose de rappel n’est plus recommandée mais reste possible et prise en charge par l’Assurance maladie.

Diphtérie – tétanos – coqueluche – poliomyélite

• Les vaccins. Vaccins inactivés combinés comprenant des doses réduites (d) d’anatoxine diphtérique (toxine fabriquée par la bactérie), d’anatoxine tétanique (T), de virus poliomyélitique inactivés (Polio) et, pour les quadrivalents, des doses réduites d’antigènes coquelucheux (ca). Les doses réduites, uniquement recommandées en rappel, diminuent le risque d’allergie de type gonflement au site d’injection et fièvre (phénomène d’Arthus) qui peut survenir chez les patients déjà vaccinés. Disponibles : vaccins trivalents dTPolio (Revaxis) et quadrivalents dTcaPolio (BoostrixTetra, Repevax).

• Voie d’administration : intramusculaire (IM).

• Recommandations générales :

→ Entre 11 et 13 ans : 1 dose de rappel dTca- Polio.

→ À 25 ans : 1 dose de rappel dTcaPolio ou dTPolio si le dernier rappel de dTcaPolio date de moins de 5 ans.

→ À 45 ans, 65 ans puis tous les 10 ans : 1 dose de rappel dTPolio.

• Recommandations particulières :

→ Femmes enceintes : 1 dose de rappel dTca- Polio à chaque grossesse dès le 2e trimestre, idéalement entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, pour protéger le nourrisson contre la coqueluche dès sa naissance grâce aux anticorps maternels qui lui sont transmis. Cette vaccination évite les mesures de cocooning.

→ Cocooning : si la mère n’a pas été vaccinée durant la grossesse, vaccination de la mère en post-partum immédiat et de l’entourage proche du nourrisson (fratrie, grands-parents, père…) : 1 dose de dTcaPolio chez les moins de 25 ans dont la dernière vaccination remonte à plus de 5 ans ; 1 dose de dTcaPolio chez les plus de 25 ans dont la dernière vaccination remonte à plus de 10 ans (délai d’un mois au moins avec une éventuelle vaccination dTPolio).

Grippe saisonnière

• Les vaccins. Vaccins inactivés à virion fragmenté ou à antigènes de surface dont la composition est adaptée chaque année selon les souches circulantes. Disponibles en 2023 : 4 vaccins tétravalents composés de 2 souches de virus grippaux inactivés de type A et de 2 souches de virus grippaux inactivés de type B, InfluvacTetra, VaxigripTetra, FluarixTetra (à partir de 6 mois) et Efluelda (4 fois plus dosé en hémagglutinines, à partir de 60 ans).
À noter : le vaccin vivant intranasal Fluenz Tetra n’est pas disponible en France actuellement.

• Voie d’administration : IM de préférence ou sous-cutanée (SC) profonde.

• Recommandations générales : 65 ans et plus : 1 dose annuelle.

À noter : le vaccin peut être proposé à tous les enfants de 2 à 17 ans à raison d’une dose.

• Recommandations particulières :

→ Femmes enceintes quel que soit le terme, personnes> 6 mois avec certaines maladies (insuffisance respiratoire chronique, insuffisance cardiaque, formes graves des affections neurologiques et musculaires, diabètes de types 1 et 2… liste complète sur le calendrier des vaccinations en vigueur), personnes obèses, entourage des nourrissons à risque de grippe grave ou de personnes immunodéprimées, personnes séjournant dans un établissement de soin de suite ou médico-social : 1 dose annuelle.

→ Professionnels de santé et tous professionnels en contact régulier avec des personnes à risque de grippe sévère, professionnels de santé libéraux, aides à domicile de personnes âgées ou à risque, personnel navigant (croisière, avion) et guides touristiques, professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires (éleveurs, vétérinaires avicoles, ouvriers agricoles…) : 1 dose annuelle.
À noter : la vaccination peut se faire de façon concomitante avec celle contre la Covid-19.

Hépatite A

• Les vaccins. Vaccins à base de virus de l’hépatite A inactivé, en présentation monovalente ou bivalente. Disponibles : vaccins monovalents Vaqta 50 (à partir de 18 ans), Avaxim 80 et Havrix 720 (jusqu’à 15 ans), Avaxim 160 et Havrix 1440 (à partir de 16 ans) ; vaccins combinés à la fièvre typhoïde Tyavax (à partir de 16 ans) ou à l’hépatite B Twinrix Adulte (à partir de 16 ans).

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations particulières. Chez le jeune accueilli dans un établissement pour handicapés, mucoviscidose, maladies du foie (hépatites B et C, alcoolisme…), hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, professionnels à risque de contamination (crèches, cantines, traitement des eaux usées…) : 1 dose puis dose de rappel 6 à 36 mois plus tard selon le vaccin.
À noter : les vaccins combinés avec l’hépatite B ou la typhoïde peuvent nécessiter 3 doses ou une adaptation du schéma selon le risque d’exposition ; ils ne sont pas pris en charge et souvent indiqués dans le cadre d’un voyage, donc, hors compétences vaccinales à l’officine.

Hépatite B

• Les vaccins. Vaccins inactivés acellulaires contenant un antigène de surface du virus de l’hépatite B à diverses concentrations. Disponibles : vaccins monovalents Engerix B10 et HBVAXPRO 5 (jusqu’à 15 ans), Engerix B20 et HBVAXPRO 10. Vaccin bivalent (+ hépatite A) Twinrix Adulte ou (+ fièvre typhoïde) Tyavax à partir de 16 ans.

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations générales. Rattrapage jusqu’à l’âge de 15 ans révolus chez les personnes non vaccinées : 3 doses à 0, 1 et 6 mois ou 2 doses à 0 et 6 mois en utilisant le vaccin Engerix B20 µg.

• Recommandations particulières :

→ Recommandée en cas de risques particuliers (personne accueillie en institution psychiatrique, partenaires sexuels multiples, entourage d’une personne infectée, personne infectée par le VIH ou le VHC, détenus en prison… liste sur le calendrier vaccinal en vigueur), professionnels ou bénévoles exposés au sang et autres produits biologiques (secouriste, policier, tatoueur…) : 3 doses à 0, 1 et 6 mois.

→ Obligatoire pour les professionnels exerçant une activité les exposant à des risques de contamination, étudiants en santé (médecins, pharmaciens, infirmiers…), thanatopracteurs : 3 doses à 0, 1 et 6 mois.
À noter : si une protection vaccinale est vite nécessaire, un schéma en 3 doses sur 21 jours suivies d’un rappel 1 an plus tard est possible.

Infections à papillomavirus humain

• Les vaccins. Vaccins inactivés à base de pseudo-particules virales de la protéine de la capside de différents types d’HPV. Disponibles : vaccin nonavalent Gardasil 9 (HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58) à utiliser pour toute mise en place de la vaccination et vaccin bivalent Cervarix (HPV 16 et 18) à n’utiliser que pour terminer un schéma vaccinal commencé avec ce vaccin.

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations générales :

→ Filles et garçons de 11 à 14 ans : 2 doses de Gardasil espacées de 6 mois (et jusqu’à 13 mois). Pour les filles ayant commencé avec Cervarix : 2 doses espacées de 6 mois ou plus.

→ Rattrapage pour les personnes non vaccinées entre 15 et 19 ans inclus : 3 doses de Gardasil selon un schéma 0, 2 et 6 mois.

→ Pour les filles ayant commencé avec Cervarix : 3 doses à 0, 1 et 6 mois.

• Recommandations particulières. Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans révolus : schéma en 3 doses Gardasil 9 à 0, 2 et 6 mois.

À noter : en cas de retard, inutile de tout recommencer, compléter avec la ou les doses manquantes. L’une des doses peut être administrée au même moment qu’un vaccin contre l’hépatite B ou un dTcaPolio.

Leptospirose

• Les vaccins. Vaccin à base de bactéries Leptospira interrogans inactivées. Disponibles : Spirolept (adultes).

• Voie d’administration : SC lente.

• Recommandations particulières : au cas par cas pour les professionnels exerçant une activité exposant au risque de contact régulier avec des rongeurs (entretien des rivières et canaux, pisciculture en eau douce, station d’épuration, égoutiers, éboueurs, gardes-pêches, plongeurs…) : 2 doses à 15 jours d’intervalle, 1 rappel 4 à 6 mois plus tard puis tous les 2 ans si le risque persiste.
À noter : ce vaccin est proposé par le médecin du travail ou nécessite une expertise dans le cadre de loisirs pour déterminer le risque d’exposition ; il ne devrait pas faire l’objet d’une prescription à l’officine.

Méningocoques ACWY

• Les vaccins. Vaccins inactivés conjugués acellulaires quadrivalents composés d’oligosides ou polyosides de Neisseria meningitidis de groupe A, C, Y et W. Disponibles : Menveo, Nimenrix et Menquadfi.

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations particulières. Pour les personnes en situation de santé particulière (notamment immunodéprimés, hors compétences vaccinales officinales), personnels des laboratoires de recherche sur le méningocoque : 1 dose unique suivie d’un rappel tous les 5 ans en cas de risque continu d’exposition.
À noter : compte tenu de l’augmentation de la circulation des sérotypes W et Y en France, une réflexion est en cours à la HAS pour intégrer ce vaccin aux recommandations en population générale. Certains médecins le prescrivent déjà au carrefour vaccinal de 11-13 ans.

Méningocoque B

• Les vaccins. Vaccins inactivés composés de protéines de Neisseria meningitidis de groupe B. Disponibles : Bexsero, Trumenba.

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations particulières. Pour les personnes en situation de santé particulière (immunodéprimées), personnels des laboratoires de recherche sur le méningocoque, entourage d’un cas avéré (vaccination orchestrée par les autorités sanitaires) : 2 doses espacées d’1 mois (Bexsero) ou de 6 mois (Trumenba), ou pour Trumemba en situations épidémiques schéma à 3 doses, les 2 premières à 1 mois d’intervalle et la dernière au moins 4 mois après la deuxième.

Méningocoque C

• Les vaccins. Vaccins inactivés acellulaires composés d’oligosides ou polyosides de Neisseria meningitidis de groupe C conjugué à une protéine. Disponibles : Menjugate, Neisvac.

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations générales. Rattrapage jusqu’à l’âge de 24 ans inclus des personnes non vaccinées : 1 dose unique.

• Recommandations particulières. Pour les personnes en situation de santé exposant à un risque élevé d’infection et leur entourage, personnel des laboratoires travaillant sur le méningocoque, entourage d’un cas avéré (vaccination orchestrée par les autorités sanitaires) : 1 dose.

Pneumocoque

• Les vaccins. Vaccins inactivés composés de polyosides de différents sérotypes de pneumocoques. Disponibles : Prevenar (13-valent), Pneumovax (23-valent).

• Voie d’administration : IM.

• Recommandations particulières. Pour les personnes immunodéprimées (hors compétences officinales) ou autres maladies prédisposant à une infection à pneumocoque (insuffisance cardiaque, respiratoire, rénale, asthme sévère, diabète, drépanocytose…). Le schéma dépend des vaccinations antérieures : 1 dose de Prevenar 13, suivie au moins 8 semaines après de 1 dose de Pneumovax en l’absence de vaccination antérieure ; une nouvelle injection de Pneumovax est recommandée en respectant un délai de 5 ans. Les personnes qui n’avaient reçu que Pneumovax peuvent recevoir un Prevenar dans un délai minimal de 1 an, une autre injection de Pneumovax étant alors à prévoir dans un délai de 5 ans après la précédente.

Rage

• Les vaccins. Vaccins à base de virus rabiques entiers inactivés. Disponibles : Rabipur, Vaccin rabique Pasteur.

• Voie d’administration : IM. Possible en intradermique uniquement en prophylaxie post-exposition dans les centres antirabiques.

• Recommandations particulières. Pour les chiroptérologues (spécialistes des chauves-souris) et autres personnes régulièrement exposées aux chauves-souris en France, personnels des services vétérinaires et fourrières, des laboratoires manipulant du matériel possiblement contaminé par le virus, équarrisseurs, naturalistes, taxidermistes, garde-chasse, gardes-forestiers, personnels des abattoirs : en pré-exposition, 3 doses aux jours 0, 7 et 21 ou 28. Rappel à 1 an puis à 5 ans selon le niveau de risque d’exposition (systématique à 1 an pour les chiroptérologues).
À noter : cette vaccination concerne essentiellement les voyageurs, la vaccination des chiroptérologues étant gérée par les employeurs.

Rougeole, oreillons, rubéole

• Les vaccins. Vaccins vivants produits à base de virus atténués toujours combinés entre eux. Disponibles : Priorix, M-M-RVaxpro.

• Voie d’administration : IM ou SC.

• Recommandations générales. Rattrapage chez les personnes nées à partir de 1980 : 2 doses à un mois au moins d’intervalle en l’absence de 1re dose, 1 seule dose si la personne a déjà reçu une dose.

• Recommandations particulières :

→ Jeunes femmes avec projet de grossesse, non vaccinées et nées avant 1980 : 1 dose, sauf si une prise de sang montre la présence d’anticorps contre la rubéole.

→ Professionnels nés avant 1980 non-vaccinés et sans antécédent connu de rubéole ou de rougeole exerçant des professions de santé (en formation ou en poste), personnes non vaccinées sans antécédent de rougeole travaillant au contact de personnes immunodéprimées, professionnels exerçant au contact des enfants : 1 dose.

Varicelle

• Les vaccins. Vaccins vivants composés du virus atténué de la varicelle. Disponibles : Varilrix, Varivax.

• Voie d’administration : IM ou SC.

• Recommandations particulières. Pour les personnes sans antécédent connu de varicelle (une sérologie peut être pratiquée en cas d’histoire douteuse) : toute personne de 12 à 18 ans, femmes en âge de procréer, femmes en post-partum, en contact étroit avec des personnes immunodéprimées, en attente de greffe (hors compétence officinale), dans les 3 jours suivant un contact avec un cas de varicelle ou de zona, professionnels en contact avec la petite enfance, professionnels de santé : 2 doses séparées de 4 à 8 semaines (Varivax) ou de 6 à 10 semaines (Varilrix).

Zona

• Les vaccins. Vaccin vivant atténué monovalent (Zostavax). Shingrix, un nouveau vaccin sous-unitaire (non vivant) à base de glycoprotéine gE est disponible, indiqué à partir de 65 ans, sans limite d’âge et dès 18 ans selon les facteurs de risque d’immunodépression individuels. Il présente l’avantage de pouvoir être utilisé chez les patients immunodéprimés (hors officine) mais les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) concernant sa place dans la stratégie vaccinale sont toujours attendues. Il nécessite deux doses, à 0 puis 2 mois.

• Voie d’administration : IM ou SC.

• Recommandations générales. Adultes de 65 à 74 ans ayant eu ou pas la varicelle ou un zona : 1 dose unique de Zostavax. Co-administration possible avec le vaccin antigrippal inactivé, le vaccin dTP ou le vaccin pneumococcique 23-valent.

Les préparateurs peuvent vacciner contre la grippe et la Covid-19

La vaccination contre la grippe saisonnière et la Covid-19 bénéficient d’un régime dérogatoire qui autorise la vaccination par les préparateurs ayant reçu une formation spécifique sous la supervision d’un pharmacien lui-même formé.

→ Pour la grippe : administration des vaccins aux personnes majeures uniquement à l’exception des personnes présentant des antécédents de réaction allergique sévère à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure.

→ Pour la Covid-19 : administration du vaccin aux personnes âgées de 12 ans et plus à l’exception des personnes avec antécédents de réaction anaphylactique à un des composants du vaccin ou lors de la première injection.

Les modalités législatives

Le contexte

Hors grippe et Covid-19 qui bénéficient d’un régime dérogatoire, la prescription et/ou l’administration de vaccins à l’officine est possible dans le cadre des nouvelles missions du pharmacien depuis août 2023.

Sur la base du volontariat, les pharmaciens d’officine peuvent prescrire les vaccins et les administrer ou uniquement les administrer s’ils sont prescrits par un autre professionnel.

Les effecteurs officinaux

Il s’agit des pharmaciens et des étudiants en pharmacie sous conditions. Sous réserve d’y être formés (voir ci-dessous), les pharmaciens peuvent prescrire et administrer les vaccins. Les étudiants en 6e année de pharmacie peuvent administrer les vaccins à condition d’avoir suivi les enseignements relatifs à la pratique vaccinale au cours de leur cursus ou d’y avoir été formés dans le cadre des campagnes de vaccination contre la Covid, sous la supervision de leur maître de stage ou dans le cadre du remplacement d’un titulaire. Non encore autorisée, l’administration par les préparateurs est prévue.

La formation

Une formation est obligatoire pour la prescription et l’administration des vaccins selon deux modules différents obligatoirement dispensés par un organisme de formation :

→ le module « prescription » d’une durée de 10 heures 30, obligatoire pour prescrire ;

→ le module « administration » d’une durée de 7 heures, obligatoire pour effectuer le geste. Une dispense pour ce module est possible pour les pharmaciens ayant suivi une formation de pratique vaccinale validante pour le DPC ou ayant été formés au geste par un professionnel de santé dans le cadre de la vaccination Covid.

Les vaccins concernés

La prescription et l’administration concernent l’ensemble des vaccins destinés au public éligible à la vaccination en officine, dès lors qu’ils figurent dans le calendrier vaccinal en vigueur conformément aux recommandations, que ce soit en population générale, spécifique ou pour les professionnels.

Le public éligible

• Les adultes et enfants à partir de 11 ans selon les recommandations en vigueur sont concernés.

• Les restrictions.

→ Les pharmaciens ne peuvent pas prescrire les vaccins vivants (rougeole, oreillons, rubéole, vaccin vivant contre le zona, varicelle) aux personnes immunodéprimées dont le risque de contracter une infection est augmenté, y compris suite à une vaccination. Il s’agit des déficits immunitaires primaires (certaines immunoglobulines, neutropénie congénitale…) ou acquis (VIH, attente de greffe, traitements immunosuppresseurs, corticothérapie au long cours, chimiothérapies…).

→ Ni prescrire les vaccins recommandés aux voyageurs pour un séjour à l’étranger.

→ Ni prescrire et ni vacciner les personnes pour lesquelles la vaccination est contre-indiquée de façon définitive. Il s’agit essentiellement des cas d’allergie grave connue à l’un des constituants d’un vaccin ou survenue lors d’une précédente injection.

→ Des contre-indications temporaires imposent de repousser la prescription et l’injection, notamment une infection aiguë avec fièvre, un traitement en cours par immunoglobuline ou un produit sanguin qui nécessite une latence de 5 mois au moins après l’arrêt du traitement, et la grossesse si vaccin vivant.

Les conditions

• Des locaux adaptés, avec un espace de confidentialité pour mener l’entretien préalable sans accès des patients aux médicaments, d’une table et d’un siège pour le futur vacciné.

• Des équipements. Il est nécessaire de disposer d’un point d’eau ou d’une solution hydroalcoolique pour se laver les mains, d’une enceinte réfrigérée avec enregistrement et monitorage de la température pour conserver les vaccins, du matériel pour réaliser l’injection puis éliminer les déchets d’activité de soins à risque infectieux, du matériel informatique nécessaire à la traçabilité des vaccinations et à l’accès aux outils dématérialisés de partage et de stockage des documents de vaccination (dossier médical partagé, espace numérique santé).

• En cas d’urgence. Une trousse de première urgence doit être à disposition, comprenant notamment les traitements d’une réaction allergique à la vaccination, antihistaminique H1 (allergie sans gravité) et deux unités d’adrénaline en stylo à la dose adulte de 300 µg (Anapen, réaction anaphylactique) à mettre en œuvre avant la prise en charge par les secours, un autotensiomètre, des compresses, pansements et du Dakin en cas d’exposition accidentelle au sang notamment.

Les modalités pratiques

• Validation. En l’absence d’ordonnance, après vérification de l’éligibilité du patient selon le calendrier vaccinal, le bon de prise en charge est téléchargé sur le site Amelipro ou sur la page « Mémo Assurance maladie » du logiciel puis complété pour servir de prescription.

• Traçabilité.

→ Pour toute vaccination, avec ou sans prescription, le vaccin est enregistré au registre informatique des substances vénéneuses en ajoutant la date d’administration et son numéro de lot. À défaut d’enregistrement informatique possible, ces informations sont transcrites sur un registre papier à la suite, à l’encre, sans blanc ni surcharge.

→ L’acte vaccinal est tracé pour le patient en l’inscrivant dans son carnet de santé, son carnet de vaccination (édité par le ministère de la Santé et disponible en téléchargement via le Cespharm, Cespharm.fr ou sur le site de Santé publique France Santepubliquefrance.fr) ou dans son dossier médical partagé, en indiquant : nom et prénom du vaccinateur, nom du vaccin, date d’administration, numéro de lot. À défaut, une attestation papier comportant les mêmes informations doit être remise au patient.

→ En l’absence de DMP et si le patient y consent, les informations sont transmises au médecin traitant par messagerie sécurisée.

Prise en charge :

• Les conditions de prise en charge pour le patient sont celles du droit commun en tenant compte du type de vaccin et des recommandations vaccinales en vigueur : 30, 65, 100 % ou non remboursable.

• La facturation comprend le vaccin (CIP) et le code acte RVA qui est le même pour l’administration, qu’elle soit ou non accompagnée de la prescription du vaccin. Le code prescripteur est néanmoins différent : celui du prescripteur inscrit sur l’ordonnance le cas échéant ou le code pharmacien dédié quand la prescription est officinale. Dans les deux cas, le pharmacien s’identifie en tant qu’exécutant.

• La rémunération à associer au code acte RVA diffère : 7,50 € TTC si le patient était muni d’une ordonnance (administration seule) ou 9,60 € TTC si prescription officinale + administration. Tarifs à majorer d’un coefficient 1,05 pour les départements et collectivités d’outre-mer.

Les conseils aux patients

Sur les vaccins

Si le patient décide de différer l’administration d’un vaccin prescrit par un autre professionnel, et de le conserver à domicile, bien lui rappeler :

• d’éviter d’exposer le vaccin à une source de chaleur (chauffage de voiture, soleil…) durant le trajet. L’efficacité des pochettes réfrigérantes pour le transport n’est pas établie. Même l’ajout d’un pack réfrigéré ne diminuerait le risque de rupture de la chaîne du froid que pendant 1 à 2 heures ; leur utilisation peut conférer une sensation de fausse sécurité et retarder la remise au frais des vaccins ;

• d’enlever le vaccin de la pochette avant de le mettre au réfrigérateur ;

• de remettre les vaccins au réfrigérateur assurant une température entre 2 et 8 °C, le plus vite possible ; un délai de 2 heures est admis pour l’ensemble des vaccins, les règles variant ensuite selon le type de vaccin et leur stabilité ;

• de stocker le vaccin sur une clayette du réfrigérateur et non dans la porte ou dans le bac à légumes où la température peut être moins froide et plus variable. Ne pas le mettre contre une paroi en raison d’un risque de congélation ;

• de ne jamais le placer au congélateur.

• Lors d’une primovaccination, le délai de séroconversion, c’est-à-dire le temps de maturation des lymphocytes et de synthèse des anticorps, est en moyenne de 2 à 4 semaines après l’injection.

Certains vaccins nécessitent plusieurs doses pour « amplifier » la réponse immunitaire et obtenir une immunité protectrice suffisante et durable dans le temps.

• Lors d’un rappel dans les délais préconisés, la protection est existante du fait des vaccinations antérieures mais puisqu’elle diminue dans le temps, la dose de rappel permet de la maintenir au long cours.

• Après les vaccinations contre l’hépatite B, oreillons/rougeole/varicelle, zona, il est nécessaire d’attendre 4 semaines au moins pour donner son sang.

• Les donneurs de sang doivent dans tous les cas informer de leurs dernières vaccinations avant le don.

Sur l’aspect technique

Prévoir du temps. La prescription, l’injection, la traçabilité et la surveillance de 10 à 15 minutes au moins après l’injection en raison du risque de réaction allergique ou de malaise additionné, l’ensemble du processus impose de consacrer au moins trente minutes à une vaccination à l’officine. À prévoir dans son planning !

Carnet de vaccination numérique. Si la vaccination n’a pas été ajoutée à Mon espace santé du patient via le dossier médical partagé (DMP), ce dernier peut le faire lui-même. En pratique : sur Mon espace santé s’il est activé, accéder à la rubrique « Profil médical » puis « Vaccinations ». La vaccination peut être ajoutée en scannant directement le QR de la boîte du vaccin via l’application mobile, ou manuellement avec le nom du vaccin ou de la maladie. Renseigner la date de l’injection et le nom du vaccinateur (facultatif). Après vérification, la vaccination peut être validée par le professionnel vaccinateur.

Les vaccinations antérieures peuvent être renseignées manuellement, constituant un carnet de vaccination numérique que le patient peut télécharger en cas de besoin. Un flyer « Utiliser mon espace de santé, c’est simple, Je mets à jour mon carnet de vaccination dans Mon espace santé » peut être téléchargé sur Esante.gouv.fr et remis à l’officine.

Accompagnement du patient

• Si possible, le positionner en position allongée ou semi-allongée.

• Se détendre, respirer lentement et profondément en pratiquant la respiration abdominale en gonflant/dégonflant le ventre avant et au moment de la piqûre.

• Le distraire par la discussion avec le vaccinateur, un accompagnant, une vidéo, son téléphone mobile…

• Les effets indésirables courants et bénins après la vaccination sont, quelques heures à 48 heures après la vaccination : rougeur, douleur et gonflement au point d’injection, fièvre peu élevée, maux de tête et/ou courbatures. Ces effets sont normaux et témoignent de l’activation du système immunitaire, et ne nécessitent généralement aucune prise en charge.

Pour les soulager, il est néanmoins conseillé de se reposer, d’éviter les activités physiques intenses ou exposant à des chocs.

• La prise de paracétamol n’est pas recommandée systématiquement avant ni après l’injection pour prévenir l’apparition de ces effets (voir info+ p. 37). Si les douleurs sont gênantes, elle est néanmoins possible sur la durée la plus courte possible et aux doses efficaces les plus faibles possibles.

• Consulter le médecin en cas de forte fièvre (> 39 °C), d’éruption cutanée, d’inflammation qui persiste ou s’aggrave au point d’injection ou de perte d’énergie notable – fatigue anormale persistante – dans les jours suivant l’injection.

Avec l’aimable relecture du Pr Daniel Floret, professeur émérite de pédiatrie à l’Université Claude Bernard de Lyon, président du comité technique des vaccinations au Haut conseil de la santé publique de 2007 à 2016 et vice-président de la commission technique des vaccinations à la Haute autorité de santé de 2017 à 2023.

En savoir +

→ Le calendrier des vaccinations et ses annexes sur Sante.gouv.fr. Pour retrouver toutes les recommandations en vigueur en population générale, spécifique et chez les professionnels. En annexe se trouvent les tableaux synoptiques par tranches d’âge et spécificités.

→ Ordre des pharmaciens. Consulter le dossier « Prescription et administration des vaccins à l’officine » et le tableau de synthèse « Vaccination à l’officine : qui peut faire quoi ? »

→ Ameli. Consulter les pages « Prescription et injection de vaccins par le pharmacien : modalités de facturation » et « Vaccination par le pharmacien d’officine ». Un mémo sous forme de pdf reprend l’essentiel des informations à connaître.

→ Vaccination Info Service. C’est le site de référence, en version grand public ou professionnelle, pour s’informer sur les maladies et leurs vaccins, les recommandations en vigueur, l’actualité vaccinale et les aspects pratiques de la vaccination.