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Plan contre les pénuries : des relocalisations nécessaires
Les annonces gouvernementales pour lutter contre les pénuries ont aussi porté sur l’épineuse question des relocalisations. Le gouvernement a décidé d’accélérer la cadence ! Episode 2.
Les premières tensions liées à l’approvisionnement de médicaments datent d’il y a une quinzaine d’années et coïncident avec la délocalisation des usines de production. Aujourd’hui, 85 % des médicaments consommés en Europe viennent d’Asie. En Inde, en Chine ou au Pakistan, un seul site concentre parfois la production mondiale d’un seul médicament. Résultat ? A la moindre impureté ou défaillance de la chaîne de fabrication, l’ensemble de la production est arrêté. Autre problème, les pays émergents dans lesquels sont installées les usines de production sont, eux aussi, devenus de grands consommateurs de médicaments. De fait, en cas de pénurie, ils sont en mesure de se servir… prioritairement.
L’urgence de l’autonomie sanitaire face aux pays émergents
En décembre 2022, après un rebond du Covid-19, la Chine a ainsi choisi de bloquer les exportations d’ibuprofène pour assurer l’approvisionnement de sa population. De quoi générer de grosses frayeurs à l’ensemble des pays occidentaux ! Depuis, la France et les Etats membres de l’Union européenne ont pris conscience de la nécessité de relocaliser la production. Le 13 juin 2023, Emmanuel Macron annonçait aussi vouloir réimplanter la production de 50 médicaments dits essentiels. La feuille de route 2024-2027 pour faire face aux pénuries et dont le détail a été exposé hier, 21 février 2024, par le ministère de la Santé fait la part belle à ce « réarmement industriel ».
La priorité : relocaliser les médicaments stratégiques
Le gouvernement a dressé une sous-liste de 147 médicaments stratégiques pour lesquels la France dépend le plus des importations extra-européennes. C’est donc vers ces substances que le gouvernement a décidé de concentrer ses efforts en invitant les industriels à se réimplanter sur le territoire. « La meilleure manière de ne pas manquer de quelque chose est de le produire chez nous », indiquait Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie de France. Un appel à candidatures a déjà été lancé en 2023. D’ici mai, le gouvernement annoncera les lauréats. En contrepartie d’aides financières conséquentes, des engagements en matière de sécurisation des approvisionnements ont été demandés aux industriels. Mais, pour l’heure, aucune sanction n’a été envisagée à leur encontre en cas de non-respect de ces engagements.
Limiter les départs
Le gouvernement cherche aussi à freiner les départs en favorisant notamment des renégociations du prix de vente avec le Comité économique des produits de santé (CEPS). Il s’agirait de « mesures tarifaires ciblées » pour pérenniser la production de médicaments essentiels si elle devait être augmentée ou relocalisée. En revanche, tout industriel arrêtant la commercialisation d’un médicament sera désormais contraint de trouver un repreneur sous peine de sanctions. Le montant des indemnités n’a toutefois pas été communiqué.
Des associations réclament une production publique
Au micro de BFM, l’Observatoire de la Transparence des médicaments estime toutefois ces mesures insuffisantes, réclamant une production publique : « Cela fait sept ans qu’une production locale, notamment publique, aurait dû être mise en place », explique Jérôme Martin, codirecteur. Une vision toutefois « utopique », selon Pierre-Olivier, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO. La production de médicaments nécessite « un savoir-faire que seuls les industriels sont pour l’instant en mesure d’opérer », explique-t-il.
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