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Pourquoi vacciner les garçons contre les HPV ?
Après La Ligue contre le cancer
Qu’est-ce que les papillomavirus ?
Les HPV ou Human Papillomavirus sont un groupe de virus dont une centaine de génotypes connus peuvent infecter l’homme. Certains ont un tropisme pour les muqueuses génitales ou oropharyngées où ils peuvent causer des lésions bénignes comme des condylomes (HPV 6 ou 11 en particulier) ou malignes, avec apparition de lésions précancéreuses pouvant évoluer en plusieurs décennies vers un cancer. Les HPV « à haut risque oncogène », 16 et 18 surtout, sont impliqués dans le cancer du col de l’utérus, du pharynx, de l’anus – risque accru chez les hommes ayant des relations avec les hommes (HSH) et en cas d’infection VIH –, de la vulve, du vagin et du pénis.
Comment se transmettent-ils ?
L’infection, par souvent plusieurs génotypes à la fois, est transmise par contact sexuel vaginal, oral ou anal, avec ou sans pénétration. Très contagieuse, elle toucherait 70 % des personnes au cours de leur vie sexuelle.
Comment se protéger ?
Le préservatif protège de façon incomplète, les HPV pouvant se transmettre par les doigts ou le contact avec une zone intime non protégée. La prévention repose sur la vaccination contre certains types d’HPV et le dépistage des lésions du col de l’utérus par le frottis cervico-utérin dès 25 ans.
Quelles sont les recommandations vaccinales actuelles ?
La vaccination est recommandée pour les filles de 11 à 14 ans – et, en rattrapage, entre 15 et 19 ans –, pour les immunodéprimés et pour les HSH jusqu’à 26 ans. En 2016(4), le Haut Conseil de la santé publique n’a pas jugé la vaccination universelle pertinente, en raison d’une faible adhésion des jeunes filles qui ne permettait pas d’espérer une couverture vaccinale élevée chez les garçons, de l’absence de gravité des condylomes et de la rareté du cancer anal, notamment chez les hétérosexuels.
Pourquoi relancer le sujet ?
50 institutions ont lancé en mars un appel pour une vaccination universelle. Le Dr Abramowitz (voir Experts), un des instigateurs de l’appel, rappelle que les recommandations vaccinales ont été essentiellement établies pour le cancer du col de l’utérus : « Or, les garçons sont concernés aussi. 30 % des cancers ORL et 95 % des cancers anaux sont dus aux HPV et 40 % de ces derniers touchent les garçons. » Une couverture vaccinale de 80 % chez les filles ferait disparaître les HPV, donc le risque pour la population « mais depuis 11 ans que le vaccin est proposé, la couverture oscille entre 16 et 20 % en France. Il est illusoire de croire qu’on va la multiplier par quatre du jour au lendemain ». Désexualiser cette vaccination accroîtrait la couverture vaccinale, « car ce n’est pas éthique de faire porter aux seules filles la protection de la population. Les garçons vaccinés protégeraient aussi les filles ». L’accès équitable à la vaccination pour que les garçons bénéficient d’une prévention directe est un autre argument. Les homosexuels, pourtant dans le champ des recommandations, sont demandeurs : « L’accès aux vaccins, coûteux, n’étant pas toujours assuré dans les CeGIDD*, ils pourraient se les procurer en officine. »
Pourquoi « sans attendre » ?
Selon les 50, un décalage dans le temps placerait encore la France à contre-courant. Australie, Canada, États-Unis, Autriche…, plus de 20 pays ont instauré la vaccination universelle. « Chaque jour, je vois au moins deux patients atteints de lésions HPV, précancéreuses, cancéreuses ou condylome », constate le Dr Abramowitz qui rappelle qu’un cancer de l’anus, même guéri à 80 %, laisse d’importantes séquelles, ou que traiter un condylome peut être long, récidivant, handicapant. « Chacun doit prendre ses responsabilités. Nous disposons de vaccins sûrs et efficaces. Ne pas les proposer, c’est un peu comme avoir une chimiothérapie et ne pas s’en servir. Une non-assistance à personne en danger. »
Que disent les autorités ?
Personnellement favorable, Agnès Buzyn a saisi la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé en 2018 afin d’évaluer la pertinence d’une recommandation de vaccination chez tous les garçons. D’après la HAS, cet avis serait rendu cet été.
* Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic.
(1) Livre Blanc des premiers États généraux de la prévention des cancers, nov. 2018.
(2) Prévention des cancers dus aux papillomavirus humains, Académie nationale de Pharmacie, 2019.
(3) Papillomavirus : appel des 50 pour un dépistage et une vaccination universelle, 20 mars 2019, signé par 50 sociétés dont l’Académie nationale de Médecine, de Pharmacie.
(4) Avis relatif aux recommandations vaccinales contre les HPV chez les hommes, Haut Conseil de la santé publique, 19 février 2016.
(5) http://invs.sante publiquefrance.fr/
NOS EXPERTS INTERROGÉS
→ Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologueproctologue à Paris, signataire de l’appel des 50.
→ Haute Autorité de santé.
Repères
En France, les HPV entraînent :
– 6 300 cancers annuels, dont :
→ 2 900 du col de l’utérus avec environ 1 000 décès par an,
→ 1 512 de l’anus,
→ 1 400 du pharynx,
→ 500 de la vulve, vagin et du pénis ;
– 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus et 100 000 verrues génitales (3,5).
Quels vaccins ?
→ Gardasil, contre HPV 6, 11, 16 et 18 et Gardasil 9, nonavalent contre HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58, en prévention des lésions anogénitales précancéreuses, du cancer du col de l’utérus et anal et des verrues génitales.
→ Cervarix, bivalent contre HPV 16 et 18, mêmes indications sauf verrues génitales.
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