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La nouvelle donne des Ehpad privés
Nés il y a une vingtaine d’années, les Ehpad privés doivent actuellement se réinventer. Au-delà des difficultés à recruter et d’une image altérée, ces établissements se heurtent à la fois à une incapacité à se développer en nombre et au besoin croissant de médicalisation des résidents.
A considérer leur rentabilité, il semblerait que tout va bien pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du secteur privé lucratif. Celui-ci enregistre une hausse de marge nette de 4,9 à 7,8 %, soit un gain de 3 points entre 2015 et 2017, rapporte l’étude « 2019-2020 : le renouveau du secteur des Ehpad » éditée en mai par Les Echos Etudes. Cette croissance s’appuie sur les dépenses qui incombent aux résidents et à leur famille, soit un reste à charge de 1 850 € par mois en moyenne. En regard, les charges de personnel, premier poste de dépenses des établissements, progressent moins vite. Notamment parce que le secteur peine à recruter. C’est le cas pour la moitié des Ehpad privés lucratifs en 2015, en particulier pour ce qui concerne les médecins coordonnateurs. L’objectif serait d’augmenter de 25 % le ratio d’encadrement, soit environ 0,8 agent par résident, tel que le préconise le rapport Libault qui doit inspirer la loi sur la dépendance attendue fin 2019. Le manque d’attrait est renforcé par le soupçon de maltraitance qui pèse sur le secteur après plusieurs reportages sur les pratiques dans certains établissements. Une campagne de communication télévisuelle doit ainsi être déployée en fin d’année pour redorer le blason du secteur en attendant l’évaluation des établissements selon un référentiel de la Haute Autorité de santé et qui sera accessible au public en 2021.
Une croissance externe
Le secteur est aujourd’hui entravé dans son développement, ce qui lui assure aussi un effet protecteur. « La création de structures et de capacités est fortement limitée par la mise en œuvre depuis 2010 d’un système d’appels à projets, conséquence de la loi Hôpital, patients, santé et territoires de 2009 », indique Raoul Tachon, consultant dans le secteur médicosocial et rédacteur de l’étude des Echos. Et la tendance va se poursuivre. La capacité d’accueil en hébergement permanent doit passer de 98 places pour 1 000 habitants en 2017 à 87,5 en 2022. Pour les groupes privés (1 165 établissements, 70 % des capacités en lits du secteur commercial), il reste à s’étendre, à acquérir des établissements indépendants et à se développer à l’international. Résidences services, soins au domicile, habitat partagé, plateforme de services : la plupart de ces groupes se diversifient vers d’autres modalités de prise en charge moins rentables, relève Raoul Tachon.
Un fort besoin de médicalisation
Autre caractéristique, le secteur est confronté à des résidents de plus en plus âgés, dépendants et médicalisés et peine à répondre à leurs besoins. En Ehpad, en 2015, la durée de séjour est en moyenne de 2 ans et 5 mois. Elle est de 1 an et 4 mois dans le secteur privé lucratif, soit un taux de rotation des résidents de 40 % par an environ. « C’est lié aux décès et à quelques retours au domicile mais aussi au fait que les familles changent leur parent d’établissement lorsqu’elles en ont trouvé un moins cher », explique le consultant.
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