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- « Je voudrais une protection solaire »
1 Je questionne
Préciser la demande
« Pour qui est-ce ? Un adulte, un enfant, ou une femme enceinte ? », « C’est pour quel usage ? En ville, pour la mer ou la montagne ? », « Prévoyez-vous des activités sportives ou des baigna d es ? » et « Souffrez-vous de lucite estivale bénigne ? » orientent vers un indice de protection adapté et/ou une galénique résistante à l’eau et à la sueur, en complément de l’observation du phototype.
Rechercher certains critères
« Avez-vous eu déjà des réactions d’intolérance à un produit solaire ou à appliquer sur la peau ? » recherche un antécédent d’intolérance à des topiques cutanés.
« Suivez-vous un traitement particulier ? » permet de découvrir la prise de médicaments photosensibilisants tels des antibiotiques de types cyclines, fluoroquinolones ou sulfamides, les psoralènes, les phénothiazines, les rétinoïdes, le peroxyde de benzoyle, l’adapalène…
2 J’évalue
La photoprotection externe consiste à utiliser des produits de protection afin de protéger des effets délétères liés à l’exposition solaire : coups de soleil, lucite estivale bénigne, vieillissement et cancers cutanés.
Le choix du type de filtres solaires et du niveau de protection à proposer est du ressort de l’officinal. Il nécessite de prendre en compte des facteurs propres à la personne comme l’âge, le phototype, le contexte d’utilisation type baignade, activité sportive…, et l’indice UV qui évalue l’intensité du rayonnement UV. Cet indice dépend notamment de la latitude, élevée à l’équateur, de l’altitude, de la saison et des conditions météorologiques.
3 Je passe en revue
Principe
• Pour assurer une photoprotection suffisante, un produit solaire doit protéger des UVB et des UVA caractérisés par des plages de longueur d’onde différente. Selon la réglementation européenne :
→ le facteur de protection solaire ou SPF (Sun Protection Factor en anglais), qui mesure la protection contre les UVB, doit être au moins de 6. Le SPF est le rapport entre la dose d’UV nécessaire à la survenue d’un coup de soleil avec ou sans produit de protection ;
→ un coefficient de protection minimal contre les UVA est exigé, équivalent à 1/3 au moins du SPF ;
→ la protection contre les UVA doit couvrir les plus grandes longueurs d’onde, avec une longueur d’onde critique minimale de 370 nm.
• Il existe 4 catégories de produits selon le niveau de protection :
→ faible : SPF 6 et 10 ;
→ moyenne : SPF 15, 20 et 25 ;
→ haute : SPF 30 et 50 ;
→ très haute : SPF 50+.
• Il n’existe pas de filtre anti-UV idéal, à la fois photostable, avec une bonne rémanence, c’est-à-dire avec une persistance de l’action une fois appliqué, et capable de couvrir à lui seul tout le spectre UVA et UVB. Afin d’obtenir le niveau de protection exigé par la réglementation, les produits renferment le plus souvent plusieurs filtres.
Deux types de filtres
• Les filtres solaires utilisables dans un produit cosmétique sont inscrits sur une liste positive annexée à une directive européenne. Leur nature et leur concentration maximale d’utilisation dans les cosmétiques sont régulièrement réévaluées.
Les filtres solaires présents dans un protecteur solaire commercialisé sous statut de cosmétique ou de dispositif médical sont les mêmes. En revanche, le dispositif médical peut mettre en avant une allégation santé telle la prévention de la lucite estivale bénigne ou des cancers cutanés photo-induits, sous réserve d’en apporter des preuves scientifiques, ce qui n’est pas le cas du cosmétique.
• Écrans minéraux. Appelés aussi filtres inorganiques, ils regroupent le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc. Propriétés : il s’agit de particules d’origine minérale qui reflètent et diffractent les radiations UVA et UVB. Photostables et bien tolérés, ils ne semblent pas pénétrer sur une peau saine. Particularités : utilisés sous une forme pigmentaire, ils laissent une couleur blanche après l’application et sont difficiles à étaler. Leur utilisation sous la forme de nanoparticules pallie ces inconvénients et augmente leur efficacité. Toutefois, leur propriété photoprotectrice est moindre que celle des filtres chimiques. Attention, ils ne permettent pas d’obtenir des produits d’indice 50 ou 50+. Selon la réglementation, ces 2 filtres ne peuvent pas être incorporés dans des formules présentées en spray.
• Écrans chimiques ou organiques. Certains ont un spectre étroit dans les UVB ou UVA seulement. D’autres un spectre plus large : benzophénone, filtres brevetés Mexoryl XL, Tinosorb M et Tinosorb S… Propriétés : ces molécules de synthèse absorbent les radiations UV dans un spectre précis. Certains sont photostables, d’autres peu ou pas. Particularités : bien que rares, des réactions d’intolérance ou d’allergie sont rapportées, en particulier avec les benzophénones, notamment oxybenzone, et les cinnamates. Les benzophénones ont un noyau similaire à celui du kétoprofène, expliquant les réactions croisées avec cet AINS. L’octocrylène est aussi incriminé dans des allergies de contact « associées » avec le kétoprofène. Des études ont mis en avant un effet perturbateur endocrinien pour certains filtres : benzylidène camphre, benzophénone, octyl methoxycinnamate.
Les autres composants
• À visée nourrissante et apaisante : huile d’argan, acide hyaluronique…
• À visée antioxydante dans le but de combattre la formation de radicaux libres : eaux thermales, bisabolol, acide bêta-glycyrrhétinique (extrait de réglisse)… Le recours à ces composants aux propriétés anti-inflammatoires augmente artificiellement le coefficient de protection (SPF), aussi certains auteurs alertent sur la présence de ces molécules dans des produits de protection solaire.
La galénique
Elle conditionne la bonne utilisation du produit, dont l’efficacité impose des applications suffisantes et répétées. Les galéniques ne sont pas équivalentes car les textures fluides ou les brumes, notamment, augmentent le risque d’appliquer une quantité insuffisante de produit.
• Textures. Crème : bonne action couvrante mais laisse parfois une sensation de gras. Lait : texture fluide appréciée, en particulier pour le corps. Huile : facile à étaler.
• Présentations. Spray : pratique, rapidité d’emploi mais veiller à appliquer suffisamment de produit. Brume : délivre de très fines gouttelettes rendant rapide et facile l’application, mais en appliquer généreusement pour être bien protégé ! Stick : cible les zones très exposées telles que nez, pommettes, menton.
4 Je choisis
Le type de filtres
• Si très haute protection exigée (voir tableau) : filtres organiques.
• Peaux intolérantes : écrans minéraux si SPF 50+ non nécessaire, ou gammes spécifiques « peaux intolérantes » ou « enfants » qui excluent les composants les plus allergisants tels parfums, certains filtres solaires…
• Antécédent de photosensibilité lié au kétoprofène : vérifier l’absence de benzophénones ou d’octocrylène.
Attention : minéraux et chimiques, les filtres peuvent avoir des effets délétères sur les récifs coralliens.
L’indice de protection
Il est fonction du phototype et de l’indice UV (voir tableau). Dans tous les cas :
• enfants jusqu’à 6 ans. SPF 50+, résistant à l’eau ;
• antécédents de lucite estivale bénigne, femmes enceintes avec risque de « masque de grossesse », prise de médicaments photosensibilisants, exposition solaire extrême (haute montagne, mer, tropiques). SPF 50+ et, selon le cas, résistant à l’eau.
5 J’explique
La protection vestimentaire est la première mesure pour se protéger du soleil. Les produits de protection solaire ne viennent qu’en complément et ils sont efficaces à condition d’une application en quantité suffisante, et régulièrement renouvelée.
Les « solaires » n’entraînent pas un risque de carence en vitamine D. La quantité d’UV nécessaire à la synthèse de la vitamine D est très faible et aucun produit, même 50+, n’arrête à 100 % tous les UV.
6 Je conseille
Application
• Pour une protection correcte, compter environ 6 cuillerées à café pour protéger le corps moyen d’un adulte. Attention, plus la protection est fluide (lait…) ou fine (brume), moins on a tendance à en mettre. Un produit waterproof garantit une certaine résistance à l’eau et à la transpiration, mais elle n’est pas totale. Les frottements, par exemple dus aux vêtements, serviettes, la diminuent. Recommander de renouveler systématiquement les applications toutes les 2 heures, après chaque bain ou transpiration excessive.
• Ne pas appliquer sur peau lésée.
Jeunes enfants
Le lien entre exposition solaire dans l’enfance, nombre de nævi ou grains de beauté et risque de développer un cancer cutané à l’âge adulte est établi.
• Avant 2 ans : jamais d’exposition solaire directe ! La protection vestimentaire est primordiale avec chapeau à large bord, t-shirt…
• Jusqu’à 6 ans : une protection efficace SPF 50+ est impérative.
Exposition
• En période estivale, éviter toute exposition entre 12 et 16 heures (heures d’été en Europe), notamment pour les enfants. Attention, l’ombre n’est pas un gage de sécurité en raison de la réflexion des UV par le sable, la neige, l’eau…
• Se méfier d’un ciel couvert, du vent : le signal d’alarme représenté par la chaleur est supprimé mais le rayonnement UV peut être intense.
Protéger aussi les yeux avec des lunettes de catégorie 3.
Le contexte
Le rayonnement solaire qui atteint la surface de la Terre se compose d’infrarouges (IR) qui génèrent de la chaleur, de rayons visibles (c’est la lumière visible) et d’ultraviolets (UV) répartis en UVA et UVB.
• Les UVA pénètrent profondément dans la peau jusqu’au derme. Ils sont à l’origine du vieillissement cutané photo-induit et des allergies comme la lucite estivale bénigne. Ils produisent aussi des radicaux libres susceptibles d’altérer l’ADN et des composants des cellules et, à long terme, de générer des cellules cancéreuses.
• Les UVB sont à l’origine du bronzage et des coups de soleil. Ils génèrent des dommages directs sur l’ADN des cellules conduisant à long terme à des cancers cutanés.
• L’impact des IR et du rayonnement visible reste encore peu connu mais ils favorisent la formation de radicaux libres, potentialisant ainsi les dégâts causés par les UV.
Les nanoparticules
→ Les nanoparticules sont des particules ultrafines de moins de 100 nm. L’utilisation d’ingrédients sous forme de nanoparticules améliore notamment la galénique, mais aussi l’efficacité de la protection. Elles sont surtout présentes dans les produits composés de filtres minéraux mais peuvent l’être aussi dans ceux renfermant des filtres organiques. Les fabricants ont l’obligation de citer dans la liste des ingrédients la présence de ces composés sous la mention « nano ».
→ On manque de recul sur leur pénétration transcutanée. Il est à ce jour recommandé d’éviter leur utilisation sur une peau lésée ainsi que sous forme de spray ou d’aérosol du fait du risque d’inhalation et de passage systémique de ces particules.
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