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Le dépistage VIH passera par moi
Délivrer un autotest VIH. La pharmacie est un maillon de plus pour débusquer ceux qui passent entre les mailles, accompagner les hésitants et ceux qui se testent régulièrement.
Un autotest VIH késaco ?
→ C’est un dispositif médical de diagnostic in vitro (DMDIV). L’autotest VIH permet de savoir, en quelques minutes, si une personne est porteuse du virus du sida grâce à un prélèvement de sang au doigt.
→ Un « auto-trod ». L’autotest VIH est un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) de dépistage de l’infection par le VIH. À la différence d’un Trod classique pratiqué par un tiers, formé, le prélèvement et l’interprétation se font directement par l’intéressé.
→ Trois marques disponibles. Le premier autotest est arrivé en officine en septembre 2015. Aujourd’hui, trois sont disponibles : Autotest VIH, Insti et Exacto.
Renforcer le dépistage
Un enjeu de santé publique
En 2017, environ 6 400 personnes ont découvert leur séropositivité en France(1), mais 29 000 ignoreraient qu’elles sont infectées. Le dépistage reste essentiel.
→ Pour se traiter. 30 % des patients VIH découvrent leur séropositivité à un stade avancé de la maladie, alors qu’un traitement précoce permet une espérance de vie proche de celle de la population générale.
→ Pour protéger les autres. L’objectif du traitement antirétroviral est d’obtenir une charge virale indétectable. Avec une charge virale indétectable pendant 6 mois et un traitement bien suivi, la transmission du virus aux partenaires sexuels est considérablement réduite, voire nulle.
Trop d’opportunités manquées
Une opportunité manquée signifie qu’aucun dépistage n’a été proposé à une personne déclarant des facteurs de risque, alors qu’elle a été en contact avec une structure de soins au cours des 3 ans précédant le diagnostic. Ainsi, 55 % des personnes ayant mentionné être HSH (homme ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes) n’ont pas reçu de proposition de dépistage(2).
Diversifier les stratégies
Le nombre de découvertes de séropositivité reste stable depuis 2010, malgré l’offre de dépistage en laboratoire ou par des Trod dans un centre de dépistage ou au sein d’une association.
→ Une modalité de plus. L’autotest en pharmacie apporte un moyen de plus de se dépister, et d’informer dans un endroit plus familier pour certains. 73 000 autotests ont été vendus en officine en 2017.
→ Des avantages, mais un bémol. L’amplitude horaire, l’absence de rendez-vous, l’anonymat dans une pharmacie non habituelle et l’accompagnement d’un professionnel de santé sont des plus pour l’officine, mais le prix et la non-prise en charge de l’autotest (entre 10 et 25 €) sont des freins, même s’il est possible d’établir une facture à adresser à la mutuelle.
S’affirmer comme maillon
Faire de la place
L’objectif est de prendre une place dans la stratégie globale de dépistage et non de vendre mollement un tes t sur demande en se cachant… Les autotests VIH relèvent du monopole pharmaceutique selon l’article L.4211-1 du Code de la santé publique. Ils doivent être placés derrière le comptoir, mais rien n’empêche de communiquer en vitrine, avec un macaron dans le rayon des préservatifs « Ici, nous délivrons des autotests VIH »… Notre conseil : plus le test est à portée de main, plus sa vente sera facilitée.
Se former
→ E-learning. Le groupe médicament/ pharmaciens de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et l’organisme « Ma Formation Officinale » ont mis au point une formation gratuite en e-learning sur www.maformationofficinale.com/vih avec vidéo du mode d’emploi, fiches mémos à télécharger, cas de comptoir, etc.
→ Version papier. Une brochure est disponible sur www.cespharm.fr > Prévention-santé > Autotest VIH Accompagner sa dispensation à l’officine.
Assurer la discrétion
Réservez un endroit à l’écart pour toute délivrance et proposez systématiquement la discrétion : « Voulez-vous en parler ? Je vous propose de nous éloigner du comptoir pour plus de discrétion ou, si vous préférez, de nous isoler à côté ? »
La demande spontanée
Identifier l’urgence
Lors de prise de risque récente, il faut orienter rapidement vers une consultation spécialisée pour bénéficier d’un traitement postexposition (TPE). Mis en place dans les 48 heures qui suivent la prise de risque, il se prend durant 1 mois pour réduire les risques de contamination. Demandez : « Pour mieux vous orienter, me permettez-vous de vous poser quelques questions ? » Si la personne répond « non, ça ira », n’insistez-pas, mais ajoutez : « D’accord. Je me tiens à votre disposition si besoin. » Si elle acquiesce, demandez : « À quand remonte la situation à risque ? »
→ « C’était hier ! » : « L’autotest n’est pas indiqué dans ce cas. Vous devez vous rendre à l’hôpital. Un traitement vous sera proposé pour réduire le risque de contamination. Il doit être pris le plus vite possible, dans les 48 heures qui suivent la prise de risque. » Indiquez les coordonnées du service de prise en charge le plus proche. Info sur www.sida-info-service.org
→ « C’était il y a quelques jours, mais j’ai de la fièvre. » Un syndrome pseudo grippal avec fièvre, fatigue et douleurs articulaires peut signer une primo-infection par le virus. Conseillez de consulter.
Encourager la démarche
Même s’il existe, il ne faut pas s’arcbouter sur le délai théorique de 3 mois pour faire un autotest. L’objectif essentiel est d’inscrire la personne dans une démarche de dépistage, si possible à répétition. En vous demandant un test, elle fait le premier pas. C’est une opportunité à ne pas rater. Oubliez le « revenez dans 3 mois », elle pourrait dans ce cas remettre, voire laisser tomber le dépistage.
→ « C’est récent » ou « entre 2 et 3 mois, ça marche quand même ? » Commencez par rappeler : « Le test Elisa par prise de sang est possible 6 semaines après la prise de risque. Il est plus indiqué dans votre cas. Ce test se fait en laboratoire d’analyse ou en centre de dépistage où c’est anonyme et gratuit. » Puis, ajoutez : « Je vous conseille de prendre néanmoins cet autotest. Vous pouvez le faire dès maintenant par rapport à une prise de risque antérieure. S’il est négatif, protégez-vous et refaites le test dans quelques semaines, puis régulièrement. »
Expliquer selon les cas
→ À la première délivrance. Expliquez systématiquement les modalités du test.
→ Le patient se teste régulièrement. Attention aux explications répétées qui peuvent finir par lasser et faire fuir. Évitez de répéter tous les mois la même chose à quelqu’un qui se teste souvent. En revanche, un bref entretien peut rechercher les raisons de cette répétition : y a-til des prises de risque régulières ? Connaîtil la PrEP ? A-t-il besoin de faire le point sur la transmission du virus ? Ensuite, n’insistez plus…
→ Le patient est sous PrEP ou prophylaxie préexposition, qui consiste à prendre un traitement préventif antirétroviral pour les personnes non infectées à haut risque de contracter le VIH. Rappelez que l’autotest n’est pas adapté dans le cadre de la PrEP dont la surveillance impose notamment une sérologie VIH.
Entendre l’angoisse
Paralysée par la peur du résultat, une personne peut hésiter à franchir le pas. Accompagnez-la et expliquez : « Un résultat positif devra être confirmé par une prise de sang. Être séropositif signifie être porteur du virus et, dans ce cas, il existe des traitements pour ne pas déclarer la maladie et protéger ses partenaires. C’est l’intérêt du test et, au moindre doute, vous avez raison de le faire. » Ajoutez : « Voilà une brochure avec des coordonnées et des recommandations. N’hésitez pas à appeler Sida Info Service si vous avez des questions ou des inquiétudes. »
Proposer le test
Les cibles
→ Les plus exposés : les HSH qui devraient se tester tous les 3 mois, les hétérosexuels nés à l’étranger, notamment en Afrique subsaharienne, et, dans des proportions moindres, les usagers de drogues injectables, les personnes très actives sexuellement, etc.
→ Les situations à risque. Proposez le test lors de la délivrance de préservatifs, de pilules, d’antibiotique pour une IST, en cas de questions sur des brûlures mictionnelles, une gratouille, des boutons, etc.
Travailler ses arguments
Avec bienveillance, sans jugement, par des mots simples, proposez de faire un test : « Le médecin a prescrit des antibiotiques pour une infection gynécologique. Y a-t-il un traitement pour votre compagnon ? Avez-vous évoqué la question du dépistage d’autres infections comme le VIH ? » Ou encore : « La pilule du lendemain protège du risque de grossesse, mais pas des infections sexuellement transmissibles. Avez-vous déjà fait des tests ? »
Accompagner
Le test est positif
Soyez clair : « Un résultat positif ne signifie pas que vous êtes porteur du VIH. C’est une première étape qui doit être confirmée par une analyse sanguine dans un centre gratuit de dépistage ou prescrite par votre médecin. » Si la personne semble perdue, accompagnez ses démarches : « Vous n’êtes pas seul. Je peux prévenir le médecin et le centre de dépistage de votre venue. Ils vous attendront. »
Le test est négatif
Inscrivez la démarche dans une continuité : « Cela montre que vous n’avez pas été contaminé lors d’une prise de risque datant de 3 mois ou plus. En revanche, si vous pensez avoir pris des risques plus récemment et si vous avez des doutes, protégez-vous et refaites un test prochainement. » Donnez des documents utiles : adresses et horaires d’ouverture des structures de dépistage proches, coordonnées de Sida Info Service, etc. Ouvrez vers d’autres dépistages, hépatites, chlamydia : « Le VIH n’est pas la seule infection que l’on doit dépister périodiquement… »
(1) « Surveillance de l’infection à VIH, 2010-2017 », Bulletin de santé publique, Santé publique France, mars 2019.
(2) « Opportunités manquées du dépistage du VIH », Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANR), 2013.
Remerciements à Nadine Trocmé, psychologue clinicienne-psychothérapeute, vice-présidente de la SFLS, et Bruno Laurandin, titulaire à Suresnes, membres du groupe médicament/pharmaciens de la SFLS.
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