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Le phénomène revient en force
Les collaborateurs qui quittent leur entreprise pour y revenir quelques mois plus tard sont de plus en plus nombreux. Un retour en arrière qui peut être bénéfique pour l’employeur, à condition d’avoir conservé de bonnes relations.
L’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Alors que le monde du travail a subi quantité de démissions après le Covid, une nouvelle tendance se confirme aujourd’hui : ce que les ressources humaines appellent les « salariés boomerang ». Il s’agit de collaborateurs revenant chez leur ancien employeur, peu après leur démission. Si le phénomène n’est pas nouveau, il semble prendre de l’ampleur, ces derniers mois. Selon une étude récente, menée par le cabinet de recrutement Robert Walters auprès de 1 600 cadres en entreprise, 6 personnes sur 10 souhaiteraient retourner chez leur dernier employeur. Et les pharmacies ne semblent pas déroger à la règle. « Nous observons de plus en plus de salariés réintégrant leur précédent poste peu de temps après leur départ », confirme Pascale Hauet, pharmacienne et fondatrice de Pragmatic RH, un cabinet de conseil et coaching en ressources humaines à destination des pharmacies.
Plusieurs raisons expliquent ce revirement de situation. « Le marché du travail a été très favorable aux salariés, ces dernières années. Certains, qui n’envisageaient pas de changer d’officine, ont pu être attirés par une rémunération plus attractive, oubliant d’autres critères tout aussi importants, comme l’ambiance de travail, le management, la patientèle… », indique la coach.
En effet, l’inflation a prédisposé des salariés à faire évoluer leur rémunération à l’extérieur et, par ailleurs, le grand nombre d’offres d’emploi sur le marché de la pharmacie a pu pousser certains à postuler par simple curiosité. Se prenant ensuite au jeu, ils ont accepté un peu trop rapidement un nouveau poste. Pascale Hauet cite l’exemple d’une pharmacienne qui a récemment démissionné d’une officine dans laquelle elle travaillait depuis vingt-cinq ans : « Après quelques mois, elle est revenue car elle était déçue par la réalité de sa nouvelle mission. Il y avait un gros décalage entre ce qui lui avait été présenté à l’embauche et ce qu’elle a vécu. » « Des salariés peuvent aussi vouloir changer de pharmacie lorsqu’il y a un trop grand trajet domicile-travail ou pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle », ajoute Thibault Winka, directeur général de Team Officine, une plateforme de recrutement en pharmacie.
Candidats de premier choix.
Pour les employeurs, reprendre ou non un ancien collaborateur peut être un choix cornélien. « Certains titulaires peuvent se demander quel signal ils renvoient à leur équipe en réintégrant un ex-salarié. Ils peuvent craindre que les autres collaborateurs voient la pharmacie comme un “moulin” dans lequel il est très facile d’entrer et de sortir », indique Pascale Hauet. Malgré cela, les « salariés boomerang » représentent des candidats de premier choix et peuvent permettre de contourner les problématiques de recrutement actuelles. « Ce vivier de talents, prêts à réintégrer l’entreprise, rapidement opérationnels, enthousiasme de nombreux dirigeants. Rompus au fonctionnement et aux processus de l’officine, ils ont un réel intérêt pour la marque : plus engagés que jamais, ils constitueront d’excellents ambassadeurs », ajoute Coralie Rachet, directrice générale du cabinet Robert Walters. Un avis partagé par Mathieu Mouysset, consultant et cofondateur de Medijob, une plateforme de recrutement en pharmacie : « Le candidat connaît déjà bien la pharmacie et ses rouages. Cela est également positif pour la patientèle, notamment pour les personnes âgées qui peuvent être perturbées par les changements d’équipe. »
Accorder une seconde chance à un ancien salarié peut également contribuer à retenir les collaborateurs car cela est très valorisant pour la marque employeur. « Il ne faut pas hésiter à mettre en avant le fait que la personne est revenue car elle appréciait son travail et l’ambiance au sein de l’officine », indique Pascale Hauet. Cette expérience a permis au collaborateur de mieux comprendre ses besoins et il sera d’autant plus fidèle à la pharmacie. « Un salarié, qui revient, peut même apporter une expérience utile à l’officine : utilisation d’un logiciel, processus organisationnel, mise en place de nouvelles missions… », remarque-t-elle.
Rester en bons termes.
Dans le contexte actuel de pénurie de postulants en officine, il peut donc être opportun de conserver de bons rapports avec ses anciens salariés. Ce qui n’est pas forcément une chose aisée. « Les relations entre un titulaire et un collaborateur peuvent parfois être affectées suite à une démission. Cette situation n’est pas systématique, mais elle peut survenir, souvent en raison de frustrations ou d’un sentiment de trahison ressentis par les parties impliquées », constate Mathieu Mouysset. Même si la démission entraîne une désorganisation et peut mettre à mal l’activité de l’officine, il convient de soigner le départ de son salarié. « À chaque fois, il est nécessaire de comprendre les raisons de la démission, de ne pas le prendre personnellement et d’éviter d’y mettre trop d’émotions », précise Pascale Hauet. La coach RH appuie ses propos avec l’exemple d’une conditionneuse à qui on avait indiqué, lors de l’embauche, que son poste serait composé de deux parties : réception des commandes et communication sur les réseaux sociaux. La répartition n’a pas été respectée et elle a décidé de partir. « Le titulaire avait gardé une bonne relation avec elle. Comme elle n’a pas réussi à trouver sa place ailleurs, il l’a rappelée. Ils ont mis les choses à plat, organisé les tâches et le temps alloué à chacune d’elles. Cela se passe maintenant très bien », illustre-t-elle.
Au-delà du phénomène de « salarié boomerang », rester en bons termes avec d’anciens collaborateurs peut également s’avérer bénéfique pour la réputation de l’officine. « Si l’employé part dans de bonnes conditions, il pourra parler positivement de la pharmacie à tout son réseau », souligne Thibault Winka. Ce qui pourrait, in fine, faciliter le recrutement de la personne suivante.
LE « SLASHING », L’AVENIR DU TRAVAIL ?
Le nombre de salariés « slasheurs » grimpe en flèche. Ce terme désigne un collaborateur cumulant plusieurs activités professionnelles. « Nous observons, depuis quelques années, ce phénomène en officine, et pas seulement du côté des jeunes profils », expose Thibault Winka. L’expert RH a notamment été amené à rencontrer une pharmacienne adjointe, coach sportive en parallèle, ou encore une personne jonglant entre des activités de pharmacien, de rédacteur scientifique, de conférencier et de formateur. « Il s’agit d’une évolution de la société. Les salariés ont envie d’avoir plusieurs activités en même temps. Ils zappent de l’une à l’autre », analyse Pascale Hauet. Cette dernière cite l’exemple d’une préparatrice en pharmacie, qui a négocié un mi-temps pour se lancer dans la couture. « Certaines personnes gardent un pied dans la pharmacie en attendant que leur deuxième activité soit viable », indique-t-elle.
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