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Homéopathie : l’avis de la HAS ne clôt pas le débat
C’est officiel depuis le vendredi 28 juin : la Haute Autorité de santé (HAS) a rendu un avis défavorable au maintien du remboursement des médicaments homéopathiques. La commission de la transparence a analysé 37 études jugées suffisamment pertinentes, sur plus de 1 000 publications scientifiques identifiées au départ. Avec une méthode d’analyse qui repose sur les principes de l’Evidence-Based Medecine (EBM), elle a évalué les preuves de l’efficacité clinique de 1 163 médicaments homéopathiques sur un ensemble de 24 symptômes ou affections, leur place dans la stratégie thérapeutique et la gravité des affections auxquelles ils sont destinés. Et aucune preuve suffisante d’efficacité n’a été démontrée pour justifier d’un remboursement. Le critère d’intérêt pour la santé publique, argument fort des laboratoires homéopathiques, a également été pris en compte par la commission à travers l’analyse d’EPI 3, étude épidémiologique menée sur près de 8 600 patients, comparant les pratiques médicales des médecins homéopathes et celles des médecins conventionnels. Pour la HAS, les biais méthodologiques étaient trop importants pour que son intérêt soit retenu.
Malgré un avis tranché, le débat n’est pas clos. Pour le Dr Patrick Blin, médecin spécialiste en pharmaco-épidémiologie ayant co-conduit l’étude EPI 3, le Système national des données de santé (SNDS) tenu par l’Assurance maladie pourrait apporter des résultats plus convaincants : « L’utilisation des données du SNDS permettrait d’analyser l’intérêt de santé publique de ces médicaments. C’est du big data. On disposerait des données de centaines de milliers de personnes, on aurait donc suffisamment de patients pour pouvoir faire des associations pointues, ajuster les groupes de telle sorte qu’ils soient comparables entre eux, résume-t-il. L’avantage est que c’est vérifiable, reproductible. Ce ne sont pas des données d’une autre étude clinique que l ’on pourrait accuser d’être biaisée. On s’appuierait sur des données déjà existantes et indiscutables. »
Et ces informations permettraient en même temps d’évaluer l’aspect économique du remboursement de l’homéopathie. Car la question fait toujours débat : l’homéopathie fait-elle réaliser des économies à la Sécurité sociale de par une moindre consommation de médicaments conventionnels plus chers et à risque iatrogène ? Si cet aspect financier n’a pas été pris en compte par la HAS qui ne considère que les éléments scientifiques, il pourrait fortement intéresser les organismes payeurs. Les laboratoires homéopathiques ont demandé, vendredi 28 juin, un moratoire au gouvernement, dans le but notamment de conduire cette étude de plus grande ampleur. Quant à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui s’est engagée à suivre l’avis de la HAS, elle reste pour le moment silencieuse.§
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