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- Explosive prégabaline
Alors qu’aux Etats-Unis la crise des opioïdes n’en finit pas de faire parler d’elle, c’est une autre classe thérapeutique qui est pointée du doigt en France. Celle des gabapentinoïdes, dérivés structurels du GABA agissant sur l’activité des canaux calciques voltage-dépendants, dont 2 représentants sont commercialisés : la prégabaline (Lyrica) et la gabapentine (Neurontin), indiqués dans le traitement des épilepsies partielles et des douleurs neuropathies sévères, ainsi que, pour la prégabaline uniquement, dans le trouble anxieux généralisé. C’est surtout cette molécule qui pose actuellement problème. Le premier cas d’usage récréatif de la prégabaline a été rapporté en 2011 en France. 181 notifications ont ensuite été recensées sur la période 2014-2018, avec une augmentation extrêmement marquée en 2018 (106 cas déclarés, contre 26 en 2017). L’Association des centres d’addictovigilance, dans son bulletin de septembre, identifie 2 populations à risque : les polyconsommateurs de substances psychoactives, notamment héroïne ou autres opioïdes, et les sujets initiant la prégabaline en contexte thérapeutique mais utilisant des doses supérieures aux doses maximales thérapeutiques (parfois jusqu’à 900 mg par jour). Les effets recherchés sont de type euphorisants, sédatifs ou de « défonce ». Dans plus de la moitié des cas d’usage problématique, la substance est obtenue de manière illégale. Un trafic de rue est observé dans toutes les régions. Les ordonnances falsifiées sont légion, associant pour la plupart la prégabaline à du tramadol, de la codéine, du baclofène voire du clonazépam.
Le phénomène n’est pas uniquement français. Plusieurs pays tels la Norvège, la Suède ou la Turquie ont régulé les modalités de prescription et de délivrance de la prégabaline en 2015. La Grande-Bretagne a, quant à elle, classé la prégabaline et la gabapentine au même niveau que les benzodiazépines en avril. « L’état actuel des connaissances concernant les risques liés à l’interaction entre la prégabaline (comme la gabapentine) et les opioïdes sur la dépression respiratoire incite à la précaution chez les patients traités pour des douleurs et exposés à ces 2 médicaments, ainsi que chez les sujets présentant une dépendance aux opioïdes », estime l’Association des centres d’addictovigilance. Le comité technique des centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) envisage plusieurs actions. Une prescription sur ordonnance sécurisée limitée à 12 semaines a été évoquée. Il faudra également surveiller les reports de consommation vers la gabapentine, pour l’instant moins utilisée en raison d’une vitesse d’absorption plus lente et d’un effet plateau.§
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