Métier Réservé aux abonnés

De fil en aiguille

Publié le 25 octobre 2019
Par Marianne Maugez
Mettre en favori

Point de salut sans évolution professionnelle, tel est le credo de Laetitia. Elle l’a concrétisé en devenant orthopédiste, orthésiste, podologiste en cabinet et en officine dans le Gard.

Voilà un an que Laetitia a obtenu son diplôme d’orthopédiste, orthésiste, podologiste à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Avignon (84). Après 13 mois de formation, elle est retournée dans sa pharmacie à Roquemaure (30) où elle gère d’une main experte le pôle orthopédie : « Je m’occupe de passer les commandes, de la gestion des stocks, des réassorts, de la mise en avant et des prises de mesures. » À 34 ans, Laetitia Quaglino sait ce qu’elle veut. Elle l’a su dès son diplôme de préparatrice en poche, en 2005. « Après mon BP, je ne voulais pas entrer dans une routine qui m’aurait lassée, mais adorant le contact avec les clients et le cadre de travail, j’ai choisi de faire des remplacements. » Pour voir des « manières de travailler différentes » et se « construire une expérience solide ».

Des ambitions à revendre

Elle sent que le BP sera insuffisant pour étancher sa soif d’évoluer professionnellement. La clé réside dans l’obtention de compétences supplémentaires. Ce sera le certificat d’orthopédiste-orthésiste qui se prépare près de chez elle, à la CCI d’Avignon. Elle a déjà « goûté » à la compression et aux orthèses de série. Grâce à cette formation, elle espère « accompagner au plus près les patients, de l’essayage jusqu’au soulagement ». Ses enfants étant encore petits, elle attend avant de s’inscrire, et d’en parler à ses titulaires de Roquemaure où elle s’est posée, en 2016. « Ils ont su écouter mes arguments et compris que ce projet me tenait à cœur. » Elle se lance en 2017.

Jeux de mains et de touret

Laetitia se sait « peu manuelle ». Quand elle comprend qu’elle fera de la couture, « ce fut un grand moment, mais je me suis découvert une passion ». L’initiation au touret, pour confectionner les semelles, est aussi un moment fort. « Cette machine tourne, fait de la poussière. Mieux vaut oublier son côté féminin et s’attacher les cheveux ! » Après sa réussite, de retour à l’officine, elle attaque par les semelles or thopédiques, mais sous-traite la fabrication car ses titulaires n’achètent pas la machine. Le hic, c’est que les délais de livraison sont très longs, 3 à 4 semaines. Laetitia prend alors les choses en main : « Quand ça ne va pas, il faut agir ! » C’est elle qui achète la machine, et les matières premières, autour de 2 000 €. Elle devient auto-entrepreneure et sous-traitante pour sa pharmacie. « Fini les intermédiaires, je fabrique moi-même les semelles. » Elle appelle son entreprise Gaba orthopédie (1), en référence à ses fils, Gabriel et Bastien.

Du comptoir au cabinet

En janvier 2019, elle crée une SCI avec son mari, aussi à son compte, et trouve des locaux. Laetitia partage son temps entre ses 19 heures à l’officine et son cabinet : « J’ai des clients à la pharmacie et d’autres à mon cabinet. La distinction est claire. C’est une petite ville. Le moindre faux pas nuirait à ma réputation auprès des autres professionnels. » Elle a hâte de voir si son travail a des retombées sur le chiffre d’affaires de la pharmacie, car Laetitia garde le regret de voir son métier de préparatrice peu récompensé. « Je suis payée selon la grille, sans revalorisation. Les chiffres me permettront de prouver ma valeur ajoutée. » Aller plus haut, plus loin, pourrait être la devise de Laetitia qui regorge d’idées. Sous-traiter pour d’autres officines, travailler la compression à son cabinet, développer ses collaborations avec les Ehpad, etc.

Publicité

(1) gabaorthopedie@gmail.com ; 06 76 57 94 24, Gard et Vaucluse.

Laetitia Quaglino

Âge : 34 ans.

Formation : BEP carrières sanitaires et sociales, BP de préparateur, titre professionnel d’orthopédiste, orthésiste, podologiste.

Lieu d’exercice : Roquemaure (30).

Ce qui la motive : le sourire des patients quand ils repar tent de la pharmacie.

Si vous étiez une titulaire ?

Je donnerais de l’importance à mon personnel.

Si vous étiez une cliente ?

Je souhaiterais être conseillée selon mes besoins réels, en fonction de mon ordonnance ou de mes demandes, et pas parce qu’il y a du chiffre à faire.

Si vous étiez un médicament ?

Un anticancéreux sans effets indésirables.