La stratégie et le coup d’avance portent la réussite !

→ Agé de 40 ans, et tout jeune papa d’un petit Joseph-Ali, Brahim Asloum est un boxeur français. Il devient champion olympique à Sydney en 2000 et champion du monde WBA en décembre 2007. Il annonce sa retraite sportive en septembre 2009, faute de pouvoir trouver un diffuseur à son prochain combat. Il débute, comme acteur, au cinéma en 2013, dans un film sur la vie du boxeur Young Perez. Parallèlement, il propose des prestations de conférences, de formations et d’événements en entreprise.

« Pharmacien Manager ». Lorsque vous intervenez pour des séminaires d’entreprise, en quoi consiste votre rôle ?

Brahim Asloum. Mon objectif est de fédérer, engager et motiver autour des messages clefs des entreprises. Ce rôle de catalyseur d’énergie s’opère par une certaine “notoriété”, mais surtout par la pertinence de mon propos au regard des vraies problématiques d’entreprise.

P.M. En quoi votre expérience de sportif de haut niveau peut-elle servir à des managers ?

B.A. Du quartier de Bourgoin-Jallieu (38) où j’ai grandi, en passant par un titre olympique à Sydney en 2000 et pour finir la consécration mondiale en 2007, ce sont des aventures et des anecdotes que j’aime partager aujourd’hui. C’est surtout une forte propension à l’adaptation que je mets en avant. Dans le monde de l’entreprise, comme ailleurs, les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Mike Tyson disait : « tout le monde a un plan jusqu’au moment où vous vous prenez le premier coup de poing ». Objectifs, adaptation et réactivité sont les plus grands enseignements que j’ai tirés de ma carrière sportive.

P.M. Vous sentez-vous un leader d’opinion ?

B.A. Leader d’opinion je ne sais pas, mais un homme d’opinion c’est certain ! J’ai toujours pris seul mes décisions et j’ai toujours défendu mes convictions tant dans ma carrière sportive que dans ma vie de famille ou dans mes choix professionnels. Je suis ravi d’inspirer certaines personnes qui restent souvent en contact avec moi après mes conférences, mais je cultive le libre arbitre et l’esprit critique de chacun.

P.M. Quelle est votre définition de la motivation ?

B.A. La motivation est le moteur de notre existence. C’est ce qui donne du sens à nos journées. Elle peut être de multiples origines. Pour certains, “pas besoin d’appuyer sur le bouton”, pour d’autres elle se construit, se travaille et se renouvelle. Ce sont ces modes opératoires que je décris dans mes conférences et séminaires.

P.M. Faut-il se prendre des coups pour réussir ?

B.A. L’allégorie de mon sport repose sur “l’art de savoir toucher, sans se faire toucher”. La boxe comme la vie professionnelle est un jeu d’échec. C’est la stratégie et le coup d’avance qui portent la réussite. Anticiper, c’est durer !

P.M. Peut-on concevoir une carrière sans échec ?

B.A. Ce sont nos échecs qui nous construisent. Si ma carrière jusqu’à mon titre olympique en 2000 fut fulgurante, je n’ai jamais autant appris que lors de mes deux tentatives échouées dans ma quête mondiale. Sans ces deux revers, je n’aurais jamais connu la consécration en devenant champion du monde de boxe professionnelle en 2007.

P.M. Quelles sont les similitudes entre un sportif de haut niveau et un entrepreneur ?

B.A. Monter sur un ring pour en découdre avec un autre demande le même courage qu’une personne qui ose sortir de sa zone de confort pour devenir un chef d’entreprise. La capacité à se fixer des objectifs (un final et plusieurs intermédiaires) et la détermination à les atteindre sont aussi des facteurs où sportifs de haut niveau et entrepreneurs se rejoignent.

P.M. Le management par le sport, est-ce une méthode efficace ?

B.A. Bien évidement. Le sport est un incroyable vecteur d’énergie, de solidarité, de confiance et de nivèlement vers le haut. Le sport fait appel à ce qu’il y a de plus naturel et instinctif en nous et tout le monde est en quête de sens. Pour autant, il ne faut pas oublier les qualités humaines des managers et le management par la bienveillance.

P.M. Quelle est, d’après vous, la qualité essentielle d’un manager ?

B.A. Sa capacité à “aimer les gens” et à les encourager à se dépasser. J’ajouterai la capacité à “tenir la distance”. “12 rounds”, c’est très long. A la fin, il faut être celui qui est encore debout !

P.M. Quelles ont été vos motivations pour vous reconvertir ?

B.A. Je suis curieux de nature et je souhaitais me reconvertir dans un domaine qui me passionnait autant que la boxe : les métiers de la communication et l’entreprenariat. Dans ces nouveaux challenges, j’étais certain que je devais, d’une manière ou d’une autre, partager ce que j’avais vécu et, ainsi, rendre à la boxe un peu de ce qu’elle m’avait apporté.

P.M. Vous animez des conférences depuis plusieurs années. Votre discours a-t-il évolué ?

B.A. Je suis salarié d’un grand groupe et j’ai parallèlement créé plusieurs sociétés. En expérimentant moimême le monde professionnel et le monde de l’entreprise, il m’est plus facile d’étayer mes propos d’exemples concrets. Je me suis également entouré de spécialistes sur diverses problématiques de l’entreprise et qui viennent d’horizons très éloignés du mien. Cette ouverture est une force qui me permet de faire évoluer mon discours en permanence.

P.M. Si vous deviez intervenir devant des pharmaciens, quels messages feriez-vous passer ?

B.A. Intéressez-vous sincèrement à vos collaborateurs, à leurs attentes et à leurs préoccupations, pour vous adapter et tirer le meilleur d’eux-mêmes. Soyez exemplaire et à l’écoute et vous serez respecté !

ANCIEN BOXEUR PROFESSIONNEL, ACTEUR ET INTERVENANT EN ENTREPRISE