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Anne-Marie Clausse, pharmacienne sans frontières

Publié le 10 janvier 2020
Par Marianne Maugez
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Anne-Marie Clausse a la fibre humanitaire depuis bien longtemps. Désormais jeune retraitée, elle part régulièrement à l’autre bout du monde à la rencontre de populations qui n’ont pas accès aux services de soins.

Anne-Marie Clausse est infatigable. C’est en tout cas ce que laisse penser son agenda. A peine rentrée du Zanskar (Inde), une région reculée de l’Himalaya où elle accompagnait l’association la Montagne du bonheur, la voilà partie à Madagascar. Il faut dire qu’Anne-Marie a toujours voulu tenter l’aventure. En 1987, quand elle s’installe à Pontault-Combault (Seine-et-Marne), la pharmacienne rêve de partir au Bénin avec l’antenne locale de Pharmaciens sans frontières (PSF) située non loin de son officine. Son emploi du temps de titulaire débutante ne le lui permet pas, mais elle aide en collectant les médicaments non utilisés par les patients. Quand l’association est dissoute, elle garde en tête l’idée de s’engager : « J’avais envie d’aider les autres différemment, loin des contraintes commerciales. Je savais que ce n’était que partie remise. »

En 2015, Anne-Marie suit des amis à Madagascar avec l’association Ar Mada pour une première mission et rencontre Philippe Morvan, président de la Montagne du bonheur. « Je me suis portée volontaire avec d’autres professionnels de santé [médecins, pharmaciens, infirmiers et opticiens] pour aller dans des zones isolées de l’Himalaya. » Elle a depuis participé à deux missions avec lui. « Les médicaments sont achetés sur place par l’association dans des coopératives qui fournissent les hôpitaux. A moi de jongler ensuite entre ce que j’ai et ce dont j’ai besoin pour répondre aux prescriptions des médecins de l’équipe. »

Pas les mêmes noms et formes de médicaments !

Car il faut se familiariser avec des molécules non commercialisées en Europe et trouver leur équivalence. Sans oublier les molécules dosées différemment ou présentées dans des associations inédites et les dosages pédiatriques quasi inexistants. « J’ai dû me replonger dans mes livres de pharmacologie et revoir certaines pathologies. Les climats sont différents, les conditions de vie aussi, donc les pathologies ne sont pas les mêmes que chez nous. » Une remise en question facilitée par l’esprit d’équipe qui règne au sein de l’association. Les échanges entre les membres sont essentiels et contribuent à la réussite des missions. « Les conditions de voyage et de vie sont compliquées mais c’est aussi ça qui soude notre équipe ! Nous vivons les uns avec les autres pendant deux à trois semaines non-stop. Nous apprenons à nous connaître et découvrons ensemble des cultures différentes. » Le partage avec les populations locales est aussi primordial. « C’est pour elles que nous sommes là. La culture de la santé n’est pas la même mais c’est le contact humain qui prime. Il faut prendre en compte les questions de religion, les croyances, des critères qui parfois nous dépassent. »

Depuis la vente de son officine en 2017, Anne-Marie s’investit totalement dans ces missions humanitaires et a de nouveaux projets en tête. « En plus d’Ar Mada et de la Montagne du bonheur, je prévois une mission au Sénégal au sein d’un dispensaire pour développer l’orthopédie et une autre au Laos où je devrai planifier l’organisation de la pharmacie locale pour toute une année. » Des paysages et des objectifs différents mais toujours le même enthousiasme qui ne faiblit pas.

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PHARMACIEN HUMANITAIRE

•  Disponibilité, diplomatie, tolérance et sens de l’éthique professionnelle sont des qualités requises.

•  A l’international, la maîtrise de l’anglais est fortement conseillée.

•  Pour un engagement à temps plein, l’obtention du DU pharmacien et aide humanitaire est recommandée.