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La cocaïne

Publié le 18 janvier 2020
Par Adeline Rojon
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La cocaïne est le deuxième produit illicite le plus consommé après le cannabis. Autrefois cantonnée aux classes sociales aisées, sa consommation en France touche désormais des milieux très diversifiés.

De quoi s’agit-il ?

Alcaloïde principal de la feuille du cocaïer (arbuste d’Amérique du Sud), ce produit se présente sous deux formes : – La forme poudre cristalline blanche (chlorhydrate de cocaïne) : souvent coupée avec d’autres substances, c’est la plus consommée. Elle s’administre par voie nasale (par « sniff ») mais peut également être injectée ou ingérée. – La forme « crack » ou «   free base   » : en forme de cailloux, elle peut être plus concentrée avec des produits de coupe actifs. Elle s’obtient par précipitation à chaud dans de l’ammoniac ou du bicarbonate. Sa stabilité à la chaleur permet la voie inhalée. Les usagers de cette forme peuvent être plus marginalisés.

Quels sont les effets recherchés ?

Du fait de son action de blocage de la recapture de neuromédiateurs (dopamine, sérotonine, noradrénaline), la cocaïne est utilisée pour ses effets psychostimulants et énergisants : diminution de la sensation de fatigue, exaltation de l’humeur, sensation de toute puissance intellectuelle et physique et désinhibition sociale. Les effets varient en fonction de la dose et de la voie d’administration.

Quels sont les principaux effets secondaires et risques ?

La cocaïne présente essentiellement des complications cardiaques et neuropsychiatriques. L’effet vasoconstricteur est à l’origine d’une accélération du rythme cardiaque, de douleurs thoraciques voire de complications cardiovasculaires ou neurologiques plus graves (troubles du rythme, infarctus, AVC, convulsions). Lorsque la cocaïne est associée à l’alcool, le risque cardiovasculaire est d’autant plus important du fait de la formation du cocaéthylène, métabolite toxique.

Une phase de « descente » psychique (fatigue, abattement, anxiété, irritabilité) succède aux effets recherchés. Cette phase contribue à l’installation d’une forte dépendance psychologique avec un désir irrépressible d’en consommer à nouveau, c’est le craving. Dans ce cadre, le crack est une substance au potentiel addictif plus important du fait de la voie d’administration (pic de concentration et effet plus fugace). Lors d’usages répétés, ou en cas de forte dose, des troubles cognitifs et psychiatriques peuvent apparaître tels que des troubles de la mémoire, une paranoïa, des tendances suicidaires et des hallucinations.

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Les modes de consommation sont également pourvoyeurs de complications. Une consommation régulière par « sniff » est à l’origine de perforations, d’infections de la cloison nasale et d’épistaxis.

Le partage du matériel (pailles, supports de consommation, matériels d’injection) augmente le risque d’infections virales graves (VHB, VHC et VIH).

Comment traiter l’addiction ?

En combinant des psychothérapies, une prise en charge psychosociale et, éventuellement, des traitements pharmacologiques actuellement hors AMM. La N-acétylcystéine présente par exemple un intérêt dans les symptômes du sevrage. Le topiramate ou le disulfirame sont utilisés dans la prévention des rechutes. 

Sources : Le dico des drogues : cocaïne, Drogues info service ; Cocaïne, données essentielles, Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), mars   2012 ; Karila L., L’addiction à la cocaïne : de nombreuses conséquences, La Revue du praticien , n°   59 et n°   780-781 ; Prise en charge des consommateurs de cocaïne, Recommandations de bonne pratique de la HAS, 2010 ; Bulletin d’addictovigilance, n°   10, mai   2019.

CONSEILS PRÉVENTIFS À DONNER AUX USAGERS

• En cas de « sniff », rincer le nez quinze minutes après, enduire les narines d’huile d’amande douce et se brosser les dents une heure après

• Ne pas conduire et éviter les mélanges avec l’alcool ou d’autres drogues, boire de l’eau pour éviter la déshydratation

• Utiliser du matériel propre et ne pas le partager : proposer un kit stéribox (si voie injectable)

• Avant de consommer, faire analyser son produit dans un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) ou dans un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA)
➜ En cas de perte de contrôle des consommations : solliciter les structures de prise en charge en addictologie à proximité (CAARUD, CSAPA)