Matisse souffre d’une balanite

Ce que je dois savoir

Législation

L’ordonnance est conforme. Le permanganate de potassium n’est pas remboursé.

Contexte

C’est quoi ?

Cette ordonnance prend en charge une balanite aiguë associée à un phimosis.

• La balanite est une inflammation du gland, le plus souvent liée à une inflammation du prépuce ou posthite. Sa forme aiguë (moins de 6 semaines) est d’origine fongique (Candida albicans), bactérienne, virale (herpès, etc.), allergique ou irritative (produit de toilette, latex, etc.), dermatologique (psoriasis, etc.), traumatique avec décalottage forcé… ou sans cause identifiée. Elle est moins fréquente chez le circoncis.

→ Chez l’enfant, elle est souvent due à la macération dans les couches, un défaut de décalottage ou la manipulation du sexe par le jeune.

→ Un facteur de risque majeur est un prépuce long qui réalise avec le gland un pli cutanéomuqueux. Ce pli favorise l’accumulation du smegma, dépôt blanchâtre des desquamations épithéliales à l’origine d’une irritation, voire d’une colonisation microbienne pathogène.

• Le phimosis est un rétrécissement de l’extrémité du prépuce qui empêche de découvrir le gland. Il est normal chez l’enfant jeune dont le prépuce est souvent long, serré, avec un orifice étroit et des adhérences entre gland et prépuce. Ce phimosis congénital disparaît le plus souvent les premières années avec l’assouplissement du prépuce, la manipulation du pénis par l’enfant, puis les premières érections.

Quels signes cliniques ?

• La balanite combine au niveau du gland et du prépuce des rougeurs, quelquefois en plaques, des douleurs y compris à la miction, un œdème, parfois des sécrétions purulentes. Des pustules, un enduit blanchâtre, un diabète ou la prise d’antibiotiques orientent vers une candidose, les vésicules vers un herpès. En l’absence de traitement, la balanite peut entraîner un phimosis, une sténose du méat urinaire associée à une rétention urinaire.

• Un phimosis persistant peut entraîner des difficultés à uriner et une balanite récidivante.

Quelle prise en charge ?

• Le traitement de la balanite inclut des soins locaux d’hygiène, antiseptiques et étiologiques : antimicrobiens, anti-inflammatoires, etc.

• Un dermocorticoïde est efficace lors de certains phimosis persistants. Si l’enfant l’accepte, il est combiné à des manœuvres de décalottage non forcées. En cas d’inefficacité ou de récidive, après l’âge de 5 à 6 ans, le traitement peut être chirurgical. La plastie préputiale (posthoplastie) incise l’extrémité très serrée du prépuce. La circoncision (posthectomie) enlève le prépuce, le gland restant découvert définitivement.

Objectifs

Le traitement vise à nettoyer et désinfecter pour prévenir les surinfections, soulager, limiter l’œdème, assécher pour éviter la macération et réparer la peau, enfin réduire le phimosis.

Médicaments

Permanganate de potassium

Le sel inorganique de KMnO4, composé d’un cation potassium et d’un anion permanganate, associe manganèse et oxygène sous la forme de cristaux violets en paillettes solubles dans l’eau. Puissant oxydant, il a, en solution diluée, des propriétés antiseptiques et désinfectantes.

Cicalfate Lotion

Lotion asséchante avec silicates de type hectorite, réparatrice (sucralfate), assainissante grâce aux sulfates de cuivre et de zinc qui limitent le risque de prolifération bactérienne, et apaisante (eau thermale). Elle traite les irritations et les macérations cutanées superficielles de la peau et des muqueuses.

Bétaméthasone crème

Dermocorticoïde à la forte activité anti-inflammatoire et antiprurigineuse, il est utilisé lors de phimosis pour son effet secondaire antifibrotique. Il inhibe le développement des fibres de collagène cutanées, amincit la peau locale et assouplit le prépuce, facilitant son glissement.

Repérer les difficultés

• Préparer la solution de KMnO₄ extemporanément, car elle ne se conserve pas, et avec précaution pour éviter toute irritation.

• Surveiller. Le diagnostic clinique n’exclut pas une cause infectieuse, voire urinaire. Rétention urinaire, fièvre nécessitent des soins en urgence.

• Rappeler les bons gestes et les produits utiles pour guérir et prévenir les récidives.

Commencer la cortisone après la guérison, car elle peut aggraver une balanite infectieuse.

• Indiquer les manœuvres douces de décalottage avec le corticoïde à pratiquer quotidiennement, par les parents ou l’enfant selon son désir.

Ce que je dis à la maman

J’ouvre le dialogue

« La balanite est fréquente et douloureuse, mais le traitement soulage rapidement. Le médecin vous a-t-il indiqué les signes à surveiller ? » évalue les connaissances. « La crème ne sera appliquée qu’après la guérison » évite le mésusage de la cortisone. « Connaissez-vous l’exercice à réaliser avec la crème ? Vous pouvez le faire, ou l’apprendre à Matisse, mais sans forcer » est à rappeler. « Matisse se lave-t-il seul ? Comment et avec quoi ? » oriente le conseil.

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

En plus de la toilette locale, l’antiseptique et la lotion vont vite soulager, éviter les surinfections et favoriser la réparation de la peau irritée. Les durées de traitement sont à respecter même si les signes s’améliorent en 24 à 48 heures. En cas de fièvre ou de difficulté à uriner, consulter immédiatement. Commencer la crème après le premier traitement, quand l’inflammation est guérie. Elle va assouplir la peau du prépuce et, associée aux exercices, faciliter le décalottage. Le traitement sera efficace s’il est progressif, sur un mois complet et effectué quotidiennement.

Mode d’administration

• Solution de KMnO₄. Diluer un sachet de 0,25 g dans un litre d’eau en utilisant des gants pour éviter une irritation cutanée. Bien agiter et attendre une dilution totale des cristaux. Faire des bains de siège ou du pénis pendant cinq à dix minutes matin et soir, rincer puis laisser sécher à l’air libre. Préparer la solution au moment de l’emploi et ne pas la conserver.

• Cicalfate Lotion. Appliquer sur le pénis séché une fois par jour avec une compresse stérile après lavage et bain antiseptique. Laisser sécher avant de mettre un sous-vêtement.

• Bétaméthasone crème. Après le bain, sur une peau propre et sèche, appliquer une petite noisette une fois par jour sur la face externe de la peau serrée du prépuce, de préférence avec des gants pour éviter un passage cutané au niveau des doigts. Bien étaler, puis effectuer des tractions douces dans le sens du décalottage, sans forcer. Recommencer ce geste si possible plusieurs fois dans la journée, par exemple quand l’enfant urine.

Effets indésirables

• KMnO₄. Si les cristaux irritent la peau et les muqueuses par contact ou inhalation, c’est rarement le cas pour la solution diluée qui colore légèrement en brun la peau et la literie.

• Diprosone crème. Le principal effet secondaire, est l’amincissement, recherché lors de phimosis. Très rares cas d’eczéma et de télangiectasie.

J’accompagne

• La toilette du pénis doit être quotidienne, biquotidienne au maximum car un excès d’hygiène est aussi un facteur de risque de balanite.

• Pendant et après l’inflammation, utiliser de préférence un produit sans savon, si possible sans parfum. Éviter shampooing et savon avec tensio-actifs agressifs, antiseptiques, talc, etc.

• Après la douche, tapoter le pénis doucement pour éliminer l’excès d’eau, laisser sécher à l’air.

• Porter un sous-vêtement de préférence en coton pour éviter les frottements et les irritations.

• Apprendre à Matisse à se sécher le pénis sans frotter, mais en tapotant après avoir uriné. Le laisser manipuler son pénis, mais lui apprendre à garder les mains propres.

Vente associée

Gants, flacon pour reconstituer la solution de KMnO₄, syndet, etc.

Prescription

Dr D., médecin généraliste

Enfant Matisse R., 6 ans, 20 kg, 1,15 m.

Ordonnance

• Permanganate de potassium 0,25 g Pratiquer matin et soir des bains de siège avec une solution diluée à raison d’un sachet par litre d’eau.

• Cicalfate Lotion 1 application par jour pendant 3 semaines.

• Bétaméthasone crème 0,05 % 1 application deux fois par jour pendant 4 semaines après la guérison.

Info +

→ Les premières érections surviennent chez plus de 50 % des enfants à l’âge de 3 ans, et chez 99 % des adolescents.

→ Un phimosis persistant est un facteur de risque connu du cancer de la verge à l’âge adulte.

Dico +

→ Gland : extrémité du pénis.

→ Prépuce : repli de peau mobile qui recouvre le gland et y est attaché par une membrane appelée frein.

→ Décalottage : manipulation consistant à découvrir le gland en coulissant doucement le prépuce. Le décalottage complet n’est possible que chez 5 % des nouveau-nés.

→ Circoncision : ablation du prépuce.

La maman me demande

« Si on forçait un peu pour décalotter, Matisse serait tranquille après… »

Non, il ne faut jamais forcer pour décalotter au risque de provoquer des douleurs, mais aussi des lésions, voire un paraphimosis lorsque le prépuce reste bloqué en position décalottée sans possibilité de le remettre en place. C’est alors très douloureux et il faudrait consulter en urgence.